Recteur Souleymane Niang : Autorité et aura scientifique

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Professeur-Souleymane-Niang© Malick MBOW
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Recteur Souleymane Niang : Autorité et aura scientifique
L’homme jouissait d’une autorité académique et d’une aura scientifique internationale. Pr Souleymane Niang, l’ancien Recteur emblématique de l’UCAD, est le parrain du Concours général 2021 et de la future Université de Matam.
 
Son nom restera à jamais gravé en lettres d’or dans les annales de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Le Recteur Souleymane Niang a marqué l’institution de son empreinte. De 1986 à 1998, soit 12 ans, il a présidé aux destinées de cette communauté. Professeur titulaire de classe exceptionnelle de Mathématiques-Mécanique, cet éminent scientifique, parrain du Concours général 2021, reste jusqu’à ce jour l’un des recteurs le plus emblématiques de l’histoire de l’université de Dakar.
 
Ce n’est pas un hasard si le 26 septembre 2006, il lui a été conféré le titre de Recteur Honoraire de l’UCAD par le Décret n°2006-965. « C’est le Recteur le plus puissant de l’université. Il exerçait une autorité sur bon nombre d’enseignants », se souvient Abdou Salam Sall, lui aussi ancien Recteur de l’UCAD.
 
Secrétaire général du SAES du temps de Niang, Abdou Salam Sall s’est frotté à l’ancien Recteur. Mais l’homme était tellement sûr de sa stature, que lors de la grève des enseignants en 1989, il s’est présenté à l’Assemblée générale du SAES, ce qu’aucun autre n’aurait pensé faire. Le syndicat a pourtant accepté de le laisser parler, faire son plaidoyer avant de continuer ses travaux après son départ. « Il avait de l’autorité, parce que c’était lui », reconnaît Abdou Salam Sall.
 
Aujourd’hui encore, Abdou Salam Sall retient de lui un homme totalement dévoué à l’université, quelqu’un qui a l’audace de prendre certaines décisions parfois difficiles. Des années blanche ou invalide (88 et 94) n’ont pas empêché Souleymane Niang d’ aller jusqu’au bout. « Il avait une grande ambition, il a eu le courage d’engager certaines transformations », se souvient Abdou Salam Sall. La réforme de 1994 par exemple porte son empreinte, la Bibliothèque Universitaire également, c’est lui, de même que la formation payante à l’UCAD.
 
Aura scientifique international
 
Si Souleymane Niang a pu bénéficier d’un tel respect, c’est parce qu’il pèse très lourd sur le plan scientifique. L’autorité académique de l’ancien et premier Doyen de la Faculté des Sciences et Techniques (jusqu’en 1985) ne souffre d’aucune contestation. « Quand il entrait en salle, on se levait. Il était très brillant », témoigne Abdou Salam Sall qui était son étudiant en mécanique.
 
En fait, Niang était un scientifique de niveau international. Les universités africaines se l’arrachaient, il était sollicité par des institutions comme la Banque mondiale. « Il avait de l’autorité dans toute l’Afrique, mais aussi beaucoup d’autorité auprès des Européens ». Membre fondateur de l’Académie nationale des Sciences et techniques du Sénégal (Ansts), il était présent dans presque toutes les instances scientifiques en Afrique et dans le monde.
 
« Pr Souleymane Niang fut le père fondateur de l’Union africaine de mathématiques et un militant convaincu pour la reconnaissance de la science comme levier incontournable pour le développement durable d’un pays », affirmait il y a quelques années le Professeur Doudou Bâ, président de l’Ansts. En un mot comme en mille, il était un scientifique de renommée internationale dans une discipline très difficile : la mécanique.
 
Sa vision de l’Université
 
Mais Niang était aussi un scientifique qui taquinait les humanités. D’où son esprit d’ouverture, sa vision du rôle de l’enseignement supérieur. En fait, Pr Souleymane Niang considérait l’Université Cheikh Anta Diop comme un pôle régional de coopération africaine. « Ce pôle a été un vivier de cadres nationaux et internationaux pour le développement. Il a permis l’émergence d’autres pôles de compétences africaines, au Bénin, au Burkina Faso et dans d’autres Universités », dit-il dans un discours repris par Interface, le journal de l’UCAD (Mai 2008.
 
Homme de son temps, Souleymane Niang a compris rapidement les défis auxquels sont confrontées les universités face à des mutations liées à la mondialisation. Dans ce discours susmentionné, il appelait à repenser l’enseignement supérieur, à intégrer deux composantes essentielles de la marche des universités : « la coopération et le développement global par une redéfinition de leurs stratégies d’éducation et de formation des hommes, par un réexamen de leurs missions ». En d’autres termes, disait-il, l’université doit être un foyer international de rencontres et d’échanges scientifiques et de coopération, tout en étant attentive « à son environnement ».
 
Ce digne fils du Sénégal, ambassadeur scientifique de l’UCAD, a quitté ce bas monde en août 2010 en France. Pour que son œuvre reste à jamais et que son parcours serve d’exemple aux générations futures, l’Ansts a lancé, en 2016, le prix Souleymane Niang pour les Mathématiques. En plus de faire de lui le parrain du Concours général 2021, le président Macky Sall a décidé que la future Université de Matam, en construction, portera son nom. Autant de signes qui confirment ainsi les propos de Birago Diop : « les morts ne sont pas morts »… Et ceux qui ont accompli un grand œuvre restent à jamais dans les esprits.

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