Le sélectionneur du Maroc Walid Regragui est convaincu qu’une équipe africaine gagnera le Mondial d’ici « quinze, vingt ans », à condition de travailler et de gagner en expérience, a-t-il assuré samedi à l’issue de la défaite lors du match pour la 3e place du Mondial-2022. Il a fixé pour objectif à son équipe de gagner la prochaine Coupe d’Afrique des Nations, prévue en 2024 en Côte d’Ivoire.
Sur quoi s’est joué ce match?
« Félicitations à la Croatie, c’est une très belle équipe, qui mérite sa troisième place. Ils ont beaucoup d’expérience, ils ont su gérer le match pour gagner cette troisième place. On n’a pas été au niveau qu’on voulait, surtout en première mi-temps. En deuxième mi-temps, c’était mieux, mais ils ont su garder le résultat. On est déçu mais demain, quand on se réveillera, on se rendra compte de ce qu’on a fait. La marche était un peu haute. Sur ces tournois, il faut tout le monde à 100%. Mais bravo aux garçons, ils ont tout donné. »
Quelle image garderez-vous de ce Mondial?
« Il y a plusieurs images. Chacune de nos victoires, le peuple marocain qui sort dans la rue, le fait que sa majesté soit sortie fêter les victoires dans la rue avec le peuple. Cela montre qu’on a eu un impact extraordinaire et qu’on a réussi à se réunir pendant un mois. »
Quel bilan tirez vous de votre parcours?
« Après la finale (Argentine-France dimanche), on fera le bilan et on se rendra compte que la campagne du Maroc était exceptionnelle. On n’a joué que contre des grandes équipes, on n’a eu que des gros matches. On a montré qu’en Afrique on travaille, qu’on a appris. L’objectif des Africains et du Maroc c’est de gagner la Coupe du monde un jour. Cela va nous mettre plus de pression et de l’émulation en Afrique, c’est très bien. Le Maroc a montré qu’on est capable et qu’on n’est pas loin. Les matches se sont joués sur des détails. »
Avec le recul, est-ce-que vous changeriez quelque chose?
« Au début de ce tournoi, on avait 0,001% de gagner la Coupe du monde… On est entré dans le dernier carré. On n’a joué que des grandes nations. On est dans les quatre meilleures équipes du monde… Si tu m’avais dit ça avant le Mondial, tout le monde aurait signé. Pour 2026, j’aurai plus d’expérience et je changerai peut-être des choses. Mais il faut respecter le football. La France est plus forte que nous, la Croatie est plus forte que nous. Pas de beaucoup mais elle est plus forte, donc il faut travailler. Si j’avais quelque chose à changer? Rien. »
Quel impact aura votre tournoi sur le football africain?
« On a réussi à faire rêver quelques gamins qui peuvent rêver de devenir footballeurs pros. Ca, ça n’a pas de prix. L’impact que ça va avoir, c’est d’abord que la barre est élevée désormais, il va y avoir beaucoup de pression… Mon travail, c’est de ramener les pieds sur terre et de dire que ce qu’on a fait, c’est extraordinaire. Avec ce genre de performances, un jour on pourra gagner la Coupe du monde. Mais Mourinho, il parle de l’ADN de la victoire. Et bien cet ADN existe aussi en équipe nationale. Pourquoi la Croatie arrive à nous battre, c’est qu’elle a cette expérience. Elle participe à chaque Mondial. Avec neuf participants (au prochain Mondial, NDLR), on va apprendre. Dans quinze, vingt ans, je suis persuadé qu’une équipe africaine gagnera la Coupe du monde parce qu’on aura appris. On a un palier à passer. Il faut bâtir sur ça. Avec du travail, avec de l’envie. Cet ADN on ne le construit pas que pour le Maroc, mais pour le continent. »
Votre équipe a-t-elle la meilleure génération pour une équipe africaine ?
« Non. On est une des meilleures générations africaines. Mais j’ai dit à mes joueurs dans le vestiaire: +Si vous voulez entrer dans l’histoire, il faut gagner une coupe d’Afrique des nations. Si cette équipe gagne une Coupe d’Afrique, alors ce sera la meilleure. Avant d’être le roi dans le monde, il faut être le roi chez soi. »
AFP