Le prix Nobel de la paix 2023 attribué à Narges Mohammadi « pour son combat contre l’oppression des femmes en Iran »

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Narges Mohammadi© Malick MBOW

L’Iranienne de 51 ans est actuellement en détention à Téhéran. Elle a été condamnée en mai 2016 à seize ans de prison pour son activisme, peine allongée en août.

Le Monde

Publié aujourd’hui à 11h11, modifié
Une photo fournie par la Fondation Narges Mohammadi le 2 octobre 2023 non datée et non localisée de la militante iranienne des droits de l’homme Narges Mohammadi.

Le prix Nobel de la paix a été attribué, vendredi 6 octobre à Oslo, à la militante iranienne Narges Mohammadi, en détention depuis un an à Téhéran.

La militante et journaliste de 51 ans est récompensée « pour son combat contre l’oppression des femmes en Iran et sa lutte pour la promotion des droits humains et la liberté pour tous », a déclaré la présidente du comité Nobel norvégien, Berit Reiss-Andersen.

« Cela distingue vraiment le courage et la détermination des femmes en Iran, qui sont une source d’inspiration pour le monde entier », a déclaré la porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Elizabeth Throssell, à Genève, ajoutant : « Nous avons vu leur courage et leur détermination face aux représailles, aux intimidations, à la violence et aux détentions. »

L’ONU a, dans la foulée, demandé la libération de Narges Mohammadi, et « celle de tous les défenseurs des droits humains emprisonnés en Iran ».

La journaliste avait été condamnée en mai 2016 à seize ans de prison pour son activisme en faveur des droits humains, une peine allongée en août. Elle est vice-présidente de l’association Defenders of Human Rights Centre, dirigé par l’avocate Prix Nobel de la paix Shirin Ebadi.

Mouvement de contestation

Narges Mohammadi est récompensée alors que l’Iran a été traversé l’an dernier par un vaste mouvement de contestation déclenché par la mort d’une Kurde iranienne de 22 ans, Mahsa Amini, après son arrestation à Téhéran pour non-respect du strict code vestimentaire islamique.

Narges Mohammadi et trois codétenues ont brûlé leur voile dans la cour de la prison d’Evin à Téhéran pour marquer l’anniversaire de la mort de Mahsa Amini le 16 septembre. L’Iran se situe à la 143e place – sur 146 pays – du classement du Forum économique mondial (WEF) sur l’égalité des sexes.

Le soulèvement « femme, vie, liberté » – un slogan avec lequel la présidente du comité Nobel norvégien a entamé son annonce vendredi –, y a été violemment réprimé : 551 manifestants, dont 68 enfants et 49 femmes, ont été tués par les forces de sécurité, selon l’ONG Iran Human Rights (IHR), et des milliers d’autres arrêtés.

Si la contestation est désormais plus diffuse, elle se poursuit sous différentes formes, posant aux autorités iraniennes l’un des plus grands défis depuis la révolution de 1979. Scènes encore inimaginables il y a un an, des femmes sortent aujourd’hui dévoilées dans les lieux publics, malgré les risques encourus. En septembre, le Parlement iranien, majoritairement conservateur, a durci les sanctions visant les femmes qui refusent le voile.

« Détenue d’opinion »

« Le prix [Nobel] de la paix de cette année récompense également les centaines de milliers de personnes qui, au cours de l’année écoulée, ont manifesté contre les politiques des régimes théocratiques en matière de discrimination et d’oppression contre des femmes », a dit Mme Reiss-Andersen.

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De nouveau arrêtée en 2021, Narges Mohammadi, elle, n’a pas vu ses enfants – qui vivent en France avec son mari – depuis huit ans. Considérée comme une « détenue d’opinion » par Amnesty International, elle disait dans sa correspondance avec l’Agence France-Presse n’avoir « presque aucune perspective de liberté ».

L’attribution du prix Nobel de la Paix représente « un moment historique et important pour la lutte pour la liberté en Iran », a réagi vendredi sa famille dans un message écrit. « Nous dédions ce prix à l’ensemble des Iraniens et en particulier aux femmes et aux filles iraniennes qui ont inspiré le monde entier par leur courage et leur combat pour la liberté et l’égalité », a-t-elle ajouté.

Le Monde

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