L’Arabie saoudite a accueilli samedi 11 novembre un sommet des pays arabes et musulmans sur la situation à Gaza. Les participants, dont l’Iran et la Syrie, ont unanimement condamné les actions “barbares” d’Israël dans l’enclave palestinienne mais ont échoué à s’entendre sur une réponse ou des sanctions communes.
Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), organisé à Ryad, a donné lieu à une rencontre historique entre le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, et le président iranien Ebrahim Raïssi – la première depuis que les deux pays ont rétabli leurs relations diplomatiques en mars dernier.
“Après des années d’hostilité”, il n’était pas certain que ce dégel diplomatique se traduise par “une détente durable entre la monarchie sunnite d’Arabie saoudite et le gouvernement chiite iranien”, remarque le New York Times.
Mais “le bombardement de Gaza par Israël semble avoir accéléré le réchauffement des relations” entre les deux pays, dont les accords – et désaccords – ont donné le ton du sommet, ajoute le quotidien américain.
En ouverture du sommet, Mohammed ben Salmane déploré la “catastrophe humanitaire” en cours à Gaza, témoignant de “l’échec du Conseil de sécurité [de l’ONU] et de la communauté internationale à mettre fin aux violations flagrantes par Israël des lois et normes internationales”, écrit Arab News.
“Massacres barbares et inhumains”
De son côté, Ebrahim Raïssi a réclamé “l’arrêt immédiat des combats à Gaza sans conditions préalables, la levée du siège du territoire, et l’ouverture complète du poste frontière de Rafah, à la frontière égyptienne”, pour permettre l’entrée de l’aide humanitaire, rapporte Ha’Aretz.
Sans surprise, le président iranien a également décoché quelques flèches à Washington : “Il ne fait aucun doute que les États-Unis sont aux commandes et sont partenaires dans cette guerre”, a-t-il déclaré.
“Ils apportent un soutien et une assistance sans précédent à Israël et portent l’entière responsabilité de ce crime”.
Les positions des deux poids lourds régionaux étaient résumées dans la déclaration finale du sommet, qui a condamné “l’agression israélienne contre la bande de Gaza, les crimes de guerre et les massacres barbares et inhumains perpétrés par le gouvernement d’occupation”, réclamé “l’entrée de l’aide humanitaire dans l’enclave”, et rejeté les arguments d’Israël, qui “justifie ses actions contre les Palestiniens par la légitime défense”, observe Al-Jazeera.
Mais si Riyad et Téhéran “sont tous deux opposés à la campagne de bombardements israélienne, ils restent en désaccord sur un certain nombre de questions, notamment le soutien de l’Iran au Hamas et à d’autres groupes armés dans la région”, note le Wall Street Journal.
“Semblant d’unité”
“Derrière les déclarations officielles, le sommet de Riyad éclaire une fois de plus les lignes de fracture qui divisent la Ligue arabe, en interne et vis-à-vis de Téhéran”, renchérit La Repubblica. “Sur un point surtout : la solution à deux États, que le président iranien Raïssi a rejetée, parlant plutôt d’un devoir historique des musulmans d’‘armer la résistance’” des Palestiniens.
Les participants n’ont pas non plus réussi à s’entendre sur d’éventuelles sanctions “pour faire pression sur l’État hébreu et le reste de la communauté internationale”, souligne El País.
“Un groupe de pays, parmi lesquels l’Algérie, était favorable à la rupture des liens diplomatiques avec Israël et à l’utilisation du pétrole et des liens économiques pour faire pression”.
Mais d’autres pays, “qui ont normalisé les relations avec Israël ces dernières années, comme les Émirats arabes unis, préféraient maintenir ouverts les canaux de communication”. Pour le quotidien madrilène, “ces différences ont affaibli les décisions de la déclaration finale”.
Un avis partagé par le journaliste d’Al-Jazeera Hashem Ahelbarra, qui parle d’“énormes différences et divisions entre les principaux acteurs” d’un sommet “qui avait juste pour but de présenter un semblant d’unité”. À la lecture du communiqué final, “vous avez l’impression que les dirigeants arabes et musulmans ne disposent pas des mécanismes nécessaires pour imposer un cessez-le-feu et un couloir humanitaire”, juge-t-il.