MÉDIAS – “Maintenant on va pas mourir ici. Cherchez une autre solution, qu’on parte, qu’on quitte ici, s’il vous plait”. Les images, tournées parmi les réfugiés de l’île de Lesbos en Grèce, sont déchirantes. Diffusées sur France5 ce samedi 19 septembre, elles ont ému aux larmes Christiane Taubira, qui n’a pas non plus caché sa colère face à un système qui encourage les injustices.
Dans la nuit du 8 au 9 septembre, un incendie a ravagé le camp de Moria, sur l’île de Lesbos où des dizaines de milliers de réfugiés arrivent dans l’espoir d’une vie meilleure sur le sol européen. Le sinistre n’a heureusement pas fait de victimes. En revanche, il a aggravé une situation déjà inhumaine pour les milliers de familles qui s’y trouvent en attendant l’autorisation de rejoindre l’Europe continentale.
Devant les caméras de “C l’hebdo”, plusieurs mères de famille et leurs enfants, ont ainsi témoigné de leurs conditions de vie “horribles” sur place. “Nous sommes des mamans, nous sommes des hommes, on voulait vivre une vie normale”, témoigne l’une d’elle. “Cherchez une autre solution (…) qu’on reparte même là-bas”, lance, en larmes un petit garçon.
Face à ces témoignages poignants, l’ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira est restée silencieuse un long moment, submergée par l’émotion. “Lorsqu’on parle d’injustice, on parle de ça… Ces personnes sont à la fois des victimes et des combattants. Ce sont des victimes du désordre du monde et nous avons notre part dans les désordres du monde”, a-t-elle accusé, dénonçant le système actuel qui autorise à “spéculer sur les denrées alimentaires, (…) le prix du riz, sur le prix du mil, sur le prix du maïs.”
“Lorsqu’on parle d’injustices et d’inégalités, ce sont des choses tangibles. On empêche de manger. Lorsqu’on parle de corruption ce sont des choses tangibles. On est complice de gens qui pillent des richesses ou permettent le pillage de richesses”, a-t-elle tancé.
“Nous ne pouvons pas nous exonérer de nos responsabilités”
Christiane Taubira s’est ensuite lancée dans un réquisitoire vibrant pour défendre une politique d’hospitalité à l’échelle planétaire, trop souvent oubliée au profit d’intérêts personnels ou nationaux.
“Est-ce que le pillage fonde une politique? Est-ce que la connivence avec la corruption fonde une politique? Est-ce que l’économique qui dévaste la Terre, qui fait que les changements climatiques sont tels que des littoraux se réduisent, que des territoires entiers sont submergés, et que de toute façon les gens vont mettre un pied devant l’autre pour aller ailleurs? (…) Ça fait une politique ça? Mais l’hospitalité oui, ça fait partie d’une politique. Ça fait partie du choix de se dire que oui, nous partageons une planète et que nous ne pouvons pas nous exonérer de nos responsabilités”, a-t-elle conclu avec force.
L’incendie de Moria a mis près de 13.000 personnes dans une situation encore plus dramatique qu’auparavant. Environ 9000 d’entre elles ont pu être relogées sur un camp provisoire construit à la hâte, mais la situation humanitaire n’en reste pas moins très inquiétante, notamment en pleine pandémie de coronavirus.
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