Affaire du prix Nobel, brouilles et perquisition : un an de tempête à l’Académie française 

Date:

Les secrets de l’Académie française (1/5)
Portrait de SEM Léopold Sédar SENGHOR - Président de la République du Sénégal ( 1960 - 1980)© Malick MBOW
Portrait de SEM Léopold Sédar SENGHOR – Président de la République du Sénégal ( 1960 – 1980)© Malick MBOW

Quai Conti, la mort de Jean d’Ormesson a laissé un vide encombrant. De nouveaux clans s’affrontent, malgré les efforts d’Hélène Carrère d’Encausse, la patronne nonagénaire.

 DANS L’HEBDO DU 21 JUILLET Durée : 11 min

Stéphane Humbert

La vieille Académie française est morte, vive la nouvelle ! Vraiment ? Enquête sur une crise de sens et de génération parmi les habits verts du quai Conti. Dans le premier épisode de notre série d’été, L’Express raconte un an de tempête chez les académiciens et les affrontements entre de nouveaux clans.

Dans la bibliothèque des académiciens, Hélène Carrère d’Encausse, le secrétaire perpétuel, jette un regard consterné aux nu-pieds de la philosophe Barbara Cassin. Décidément, les usages se perdent, semble se dire l’élégante nonagénaire, déjà saisie par le choix de la dernière recrue, la romancière Chantal Thomas, de remplacer la traditionnelle épée par un éventail japonais. Ce jeudi 16 juin 2022, c’est jour de fête, cette dernière devient officiellement membre de la compagnie. L’écrivaine à frange pose justement avec son accessoire, en cet instant, dans son costume dessiné par Chanel, pendant qu’à ses côtés une vingtaine d’habits verts bavarde joyeusement. On prend des nouvelles de ceux qu’on voit peu, l’historien Pierre Nora, Pierre Rosenberg, l’ancien patron du Louvre. On s’enquiert de l’absence de l’écrivain-ambassadeur-médecin Jean-Christophe Rufin, qui s’est trompé de semaine – il est resté à Chypre. L’écrivain Dany Laferrière apparaît un peu moins décontracté que d’habitude : il doit prononcer le discours de réception de l’arrivante, sous la coupole du Quai Conti, superbe édifice à l’entrée de la rive gauche parisienne en venant du pont des Arts, inspiré de la basilique Saint-Pierre de Rome. Lors de la répétition générale, la semaine passée, on lui a reproché de trop filer la métaphore entre sa consoeur et Alice au pays des merveilles. Il réduira légèrement les occurrences. Chantal Thomas doit elle aussi prononcer un discours, l’éloge de son prédécesseur au fauteuil 12, sur les 40 que compte l’institution depuis sa fondation, en 1635, par le cardinal de Richelieu, afin de promouvoir la langue française. Ils ne se transmettent qu’après la mort. L’exercice marquera l’adieu à une époque de l’Académie française. Le prédécesseur s’appelle Jean d’Ormesson.

« C’étaient les années heureuses », soupire souvent Dominique Bona, fauteuil 33, quand elle repense à ces dimanches chez le commissaire-priseur Maurice Rheims, rue du faubourg Saint-Honoré, à deux minutes de l’Elysée, où Jean d’O et ses copains académiciens passaient la soirée à dresser des listes d’académisables, entre deux éclats de rire, sous un Picasso. La mort du célèbre écrivain, le 5 décembre 2017, quarante-quatre ans après son entrée sous la Coupole, a laissé un vide encombrant à la « Française », soudain privée de son ambassadeur, de son DRH et d’un pacificateur interne hors pair.

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