LE CRI DE L’ARCHITECTE WOLETTE THIAM!

Date:

 

« Amélioration continue du cadre de vie des étudiants.
Sur instruction du Directeur du COUD docteur Ndéné MBODJI, le département de l’environnement a effectué une visite de terrain pour identifier les sites qui doivent être aménagés pour une meilleure prise en charge du cadre de vie des étudiants.
Il est aussi prévu une remise à neuf de la façade des pavillons aux couleurs de la nation. »

 

Wolette THIAM Architecte©Malick MBOW

Arrêtez le massacre architectural : Pourquoi ignorer les architectes nuit à notre environnement urbain

Une fois de plus, nous assistons à un mépris flagrant pour les compétences et les connaissances des architectes dans la prise de décision politique. Le récent projet de rénovation des façades des pavillons universitaires aux couleurs nationales en est un exemple frappant. Sous prétexte d’une amélioration du cadre de vie des étudiants, cette initiative semble davantage motivée par des considérations populistes que par un véritable souci esthétique et fonctionnel.

En tant qu’architecte et urbaniste, je suis profondément troublé par cette décision arbitraire qui, loin de valoriser notre patrimoine architectural, risque de le défigurer. La rénovation d’un bâtiment aussi emblématique que ceux de notre université Cheikh Anta Diop ne peut se réduire à un simple acte de peinture aux couleurs nationales. Cela nécessite une réflexion approfondie sur l’intégration harmonieuse dans l’environnement urbain existant, une étude des impacts psychologiques des couleurs et une analyse rigoureuse des normes esthétiques et fonctionnelles.

« Arrêtez le massacre architectural » : cette expression résonne avec force face à un projet qui semble ignorer totalement les principes fondamentaux de la planification urbaine et du design architectural. L’architecture ne peut être réduite à une question de couleurs politiquement chargées ; elle est une discipline complexe qui exige l’expertise des professionnels qualifiés pour garantir la durabilité, la fonctionnalité et l’esthétique des espaces urbains que nous partageons.

Le refus persistant de consulter et de respecter les recommandations des architectes dans les décisions politiques est non seulement préjudiciable à notre profession, mais aussi à la qualité de vie urbaine. En négligeant notre expertise, les décideurs prennent le risque de compromettre gravement l’identité architecturale de nos villes et leur attrait à long terme.

Il est impératif que les pouvoirs politiques reconnaissent enfin le rôle crucial des architectes et urbanistes dans la création et la préservation de nos environnements urbains. La consultation précoce et continue des experts est indispensable pour éviter les erreurs coûteuses et les dommages irréparables à notre patrimoine architectural.

Je lance un appel urgent à une prise de conscience et à une collaboration constructive entre les architectes et les décideurs politiques. Ensemble, nous pouvons œuvrer pour des solutions urbaines durables et esthétiquement enrichissantes, loin du « massacre architectural » que nous observons aujourd’hui.

Par Wolette thiam Architecte-Urbaniste

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