Nommé tout récemment à la tête de l’Agence sénégalaise de la reforestation et de la grande muraille verte, le militant écologiste et ancien ministre sénégalais, Haïdar El Ali, nous parle de sa stratégie.
L’ancien ministre Haïdar El Ali mène régulièrement de campagne de reboisement. En 2009, c’est lui qui avait insufflé une dynamique qui a permis de replanter près de 39 millions de palétuviers en Casamance. Il a aujourd’hui, une nouvelle mission : reverdir la partie sénégalaise de la grande muraille verte qui s’étend sur 535 km. Il a bien voulu nous rencontrer.
La grande muraille verte, un projet panafricain
La grande muraille verte est un projet panafricain qui vise à ralentir l’avancée du désert en Afrique, en édifiant une ceinture verte de Dakar à Djibouti. Elle doit relier sur 7 600 km l’Ouest à l’Est de l’Afrique, en passant par la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Soudan, l’Erythrée et l’Ethiopie. Ce projet a été lancé en 2007 par les chefs d’États lors du 8e sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba en Ethiopie. L’instabilité politique de certains pays, les a empêchés de faire leur part de travail, mais au Sénégal c’est l’action qui a prévalu.
Replanter des éspèces adaptées et utiles
La partie sénégalaise du projet couvre une superficie de 80 000 hectares. Depuis son lancement en 2008, entre 1,7 et 2 millions de plants sont mis à terre chaque année pour une superficie moyenne de 5 000 hectares de reboisement annuel.
Les espèces sont sélectionnées en fonction de leur résistance au milieu aride sahélien, comme le prosopis, L’Acacia senegalensis (gommier), le Balanites ægyptiaca (soump ) le moringua (nebeday) très bon pour la santé, le dimb (ditakh ), l’Acacia albida (kadd), etc.
« Nous favorisons des espèces spécifiquement adaptés au climat sahélien mais qui ont aussi une utilité a la population, explique Monsieur Haidar El Ali. La grande muraille verte ce n’est pas qu’un projet de reboisement. Des jardins polyvalents (maraîchages, arbres fruitiers et légumes) sont aussi aménagés pour permettre aux éleveurs de diversifier leurs activités, et à long terme, limiter les effets du surpâturage.
« Nous allons créer des pépinières scolaires et des pépinières villageoises chez les groupements de femmes qui ont un périmètre maraîcher. Notre objectif c’est de faire 20 opérations de reboisement par jour. Ensuite, nous comptons mettre en place un grand réseau de collecte de semences pour récolter la graine à la bonne période ».
La question de l’eau
Toutefois, la grande problématique de la grande muraille verte au Sénégal reste la question de l’eau. Dans certaines zones, l’eau est le facteur limitant. Ces dernières années, les précipitations sont très faibles alors que les plantations sont très exigeantes.
« Nous allons amener de l’eau en créant sur la partie extrême nord, celle qui longe le fleuve Sénégal, des oasis, qui vont être ravitaillés par le fleuve. Dans les zones où les forages sont très profonds, nous allons y installer des forages de type solaire pour alimenter nos oasis et nos surfaces cultivées » a déclaré l’ancien ministre.
Vers un Sénégal vert
Pour les autorités de ce pays, la grande muraille verte doit être une sorte de laboratoire qui doit réunir toutes les populations locales, les scientifiques, bref, tous les acteurs concernés pour obtenir les résultats escomptés.
« Nous voulons qu’en 2022, lorsque le monde entier aura l’œil braqué sur le Sénégal à cause des Jeux olympiques, que l’on puisse vendre un Sénégal vert. Nous voulons à travailler avec un large éventail de partenaires pour mieux répondre aux besoins des populations. Certaines entreprises sont intéressées, comme les groupes Mimran, Eiffage et Kirène, mais nous comptons travailler avec le plus de partenaires possible. Chaque Sénégalais doit se sentir concerné par cette agence. »
Le premier partenaire de ce projet titanesque est sans doute le chef de l’État qui affiche une volonté claire de bâtir un « Sénégal vert » avec son fameux programme « PSE vert ».
« L’impact attendu, c’est que dans tous les villages il ait des arbres fruitiers. Que dans tous les champs, les populations acceptent d’y planter des espèces qui favorisent la remontée d’azote. Le reboisement que nous faisons n’est que le début d’un long processus. Que nos comptons bien mener au bout. » conclut monsieur El Ali.