L’interview publiée par A4 pose une problématique très importante illustrée ces dernières semaines par l’effondrement de parties importantes de bâtiments ayant occasionné la mort ou des blessures sérieuses de quelques compatriotes. Les pistes de réflexion que vous ouvrez sont intéressantes. Elles mériteraient d’être parfois plus précises.
Ci-contre : le portrait de Jean Charles TALL par Malick MBOW
Sur le coût des honoraires d’architecte, il est important de préciser que le barême minimal de l’Ordre est également fonction de la difficulté du projet, ceux-ci étant classés dans une catégorie, selon leur complexité.
Le minimum prévu par le barême de l’Ordre pour un projet B1 est de 3,5% (catgorie B1 pour des projets d’un montant supérieur à 2560000000 FCFA) et non 2% pour une mission complète. Il serait également important d’expliquer aux sénégalais que la mission complète pour un projet de plus de 2560000000 FCFA va durer plusieurs années et que cette mission comprend un ensemble d’actes qui sont nécessaires aux différentes étapes du projet pour arriver à une certaine cohérence. La plupart des sénégalais s’imaginent que nous sommes payés des fortunes pour faire « un petit dessin » et ne mettent pas en relation les honoraires avec le contenu réel de notre mission et l’étendue de notre responsabilité.
S’il est vrai que les projets menaçant vétusté n’ont pas été conçus par des architectes, cela ne nous absout pas de certaines responsabilités criantes. Beaucoup d’architectes, par manque de respect de la déontologie, violent les règles d’éthique et peuvent porter préjudice à leurs clients. Il nous faut mettre de l’ordre à cela, tout comme il nous faut communiquer et agir vis-à-vis des nombreuses personnes exerçant dans notre pays sans en avoir le droit.
Enfin, je ne peux pas être d’accord avec la présentation que vous faites des écoles privées d’architecture dans notre pays. Je suis moi-même promoteur d’une de ces écoles.
Il est facile d’affirmer que « il n’y plus d’école qualifiée dans la formation dans cette discipline au Sénégal » sans en donner la moindre démonstration. L’argument aurait d’ailleurs été plus fort si vous aviez connaissance du programme pédagogique et des méthodes d’enseignement de ces écoles, ce qui n’est absolument pas le cas. L’UEMOA ne conseille pas 7 années d’études, mais 05 (pour la délivrance d’un Master2 conformément au système LMD) suivies d’un stage en cabinet de deux ans. Le Master 2 donne droit au titre d’architecte qui sera inscrit comme stagiaire sur le tableau de l’Ordre.
Vous omettez également de préciser que si l’Ordre des Architectes du Sénégal n’a « reçu d’aucune école un programme académique du 2éme cycle ou de master pouvant conduire conformément à la dite directive et par conséquent à l’obtention d’un diplôme d’architecte » cela est dû à son refus de recevoir les dirigeants de ces écoles qui ont demandé à plusieurs reprises – et depuis 06 ans- une rencontre leur permettant d’exposer devant le Conseil de l’Ordre, leur programme et démarche pédagogiques.
Effectivement nous avons besoin de formation de base comme de formation continue. Nous avons besoin aussi que l’Etat et l’ordre des architectes jouent chacun leur partition pour permettre de faire connaître la profession et d’améliorer l’environnement architectural et urbain.
Votre revue participe de ce mouvement et je voudrais vous en féliciter malgré les réserves que je peux soulever sur le contenu de certains articles.
Confraternellement,
Mamadou Jean-Charles TALL