CONTRIBUTION A LA REPLIQUE DE THIERRY MELOT
« Dans chaque domaine d’intervention au bout du chemin on rencontre toujours son maitre ! » Thierry Melot architecte de renom ayant longtemps évolué ici, a marqué de son empreinte l’architecture au Sénégal.
Ci-contre : Auto portrait de Malick MBOW – Architecte DPLG-F du cabinet ACI
Dans mon essai comparatif loin d’isoler l’architecture traditionnelle appelée le plus souvent l’architecture « africaine », je me permets d’établir un rapprochement entre cette architecture longtemps marginalisée et celle-là dite architecture moderne appelée architecture internationale.
Pour moi ces appellations me semblent révolues, aujourd’hui c’est plutôt non couleur « blanche » ou « noire » ! Mais une architecture en toute simplicité.
A la fin de mon essai vous lisez bien je dis ceci « une évidence serait la troisième voie de l’architecture.
Au-lieu de le définir comme l’architecture moderne et ou dite traditionnelle, nous nous limitons à l’appellation l’architecture « évolutive ». La troisième voie restera à l’évidence la solution de l’architecture, elle amènera à faire une architecture comme vous semblez le dire: architecture multidimensionnelle et multiculturelle, réglant définitivement les connotations souvent très limitatives au sens propre du mot parce que semblant s’arrêter sur la diversité culturelle dans la manière de concevoir.
C‘est comme si aujourd’hui l’architecture exige des frontières, alors que la plupart des architectes sénégalais, après la fermeture de l’école de Dakar, ont été formés en Europe plus particulièrement en France. Vous définissez ainsi l’architecture comme un art social : « or l’important ce sont les œuvres, pas la couleur ni l’origine des auteurs. L’architecture est un art social… il s’adresse à tous et forge lentement la personnalité d’un territoire et le génie d’un lieu ».
Je voudrais vous rassurer: ma tentative dans cette approche est loin de s’arrêter, comme vous me le faites comprendre aussi bref mais elle pose une base de début de réflexion qui peut susciter des réactions comme la sienne. En cela, je vous remercie en vous faisant comprendre qu’une suite se prépare et pour en venir j’aurais aimé que vous m’apportiez une précision sur le mot « détourné ».
Mon analyse s’appuie en partie sur les approches diverses de l’architecture « africaine ». Vous dites très exactement afin d’étayer mon argumentaire ce qui suit : Extrait de l’article la parenthèse – Le magazine A4perspectives – (Comme le rappelle Thierry Melo Architecte Français, l’un des fondateurs de l’Ecole d’Architecture de Dakar : «Le fait plastique nègre encore moins le mot nègre ne fait pas partie de mon vocabulaire mais je dois reconnaître qu’il entre dans les faits culturels ». Pour en revenir au mot « négritude » ou « l’art nègre », il relate la découverte du cubisme à partir de la sculpture africaine précisément le masque qui traduit la démarche de Picasso sur son œuvre les Demoiselles d’Avignon. Aussi bien la démarche des expressionnistes en Allemagne, les futuristes en Italie, il évoque la relation entre les peintres et les Architectes de leur temps. Cette relation a apporté un élan nouveau, un extraordinaire souffle de liberté. Ils ont pu se débarrasser d’un langage académique. Tout cet ensemble de mouvement de Peintres, d’Architectes y compris le Bauhaus ont su révolutionner l’Architecture européenne en y apportant cette plasticité tirée de la démarche des « artistes africains ». En y rajoutant le mouvement Gropius, Mies Vander Roche, Mendelsolin, Le Corbusier à travers leur plan libre, qui déboucha sur la création de cette Architecture dite contemporaine dont Nicolas Devsner appelle « l’expression de l’éternelle passion de l’occident pour le mouvement dans l’espace » et que conclut Thierry Melo en ces termes « l’éternelle passion de l’Afrique pour le rythme dans l’espace ». En ces termes, Thierry Melo dit : « l’art nègre » est d’abord conceptuel, qu’il exprime une interprétation de la réalité et non son apparence, qu’il use de symboles, la statue, l’objet, est un système de signes que Léopold Sédar Senghor définit comme « une image symbole et rythmée ».
Ce détour comporte dans sa manière de définir l’architecture comme un art universel et non un art d’appartenance.
C’est un ensemble de démarches, conceptuelles, intellectuelles, expressives qui s’imbriquent en parfaite harmonie entre elles afin d’aboutir à une concordance d’approches esthétiques et fonctionnelles.)
En tout état de cause, j’y adhère!
Pour Zublena AYMERIC bien qu’il soit très loin de chez nous, j’ai eu l’occasion et la chance d’évoluer auprès lui en tant que stagiaire puis salarié. La leçon que je peux en tirer c’est de dire que sa pratique de l’architecture bien que référencée comme une architecture d’envergure internationale, elle mérite d’être citée parmi les œuvres que l’on ne peut ignorer aujourd’hui en matière de production architecturale en France.
L’architecte Zaha HADID première femme à avoir reçu le Prix Pritzker (c’est le Prix Nobel de l’architecture), est née le 31 octobre 1950 à Bagdad en Irak, est une architecte irako-britannique, adepte du mouvement déconstructiviste (l’esprit du déconstructiviste sont des bâtiments considérés comme l’accomplissement et l’aboutissement de toute une démarche conceptuelle).
Vous pouvez aussi lire : Réponse de Thierry MELOT sur l’architecture dite « moderne » et l’architecture dite « traditionnelle ».
Je dirai aussi c’est la pensée libre comme le masque « Baoulé » ethnie habitant dans le centre et l’est de la Côte d’Ivoire. Les Baoulés sont arrivés du Ghana dans le premier tiers du XVIIIème siècle.
À titre de comparaison je prends l’œuvre du peintre-sculpteur Alberto GIACOMETTI, (né à Borgonovo dans le Val Bregaglia le 10 octobre 1901 et mort à Coire le 11 janvier 1966, il est un sculpteur et un peintre suisse). Son approche artistique offre une lecture du tracé entre le masque baoulé et l’œuvre de Zaha Hadid, bien qu’étant éloigné les uns des autres. Une similitude dans la représentation géométrique existe entre ces trois démarches conceptuelles (exemple la représentation « ovale et filiforme »). Aussi il faut le dire c’est grâce à l’architecture que cette femme a su s’imposer dans un milieu très austère, mais ouvert d’esprit « le monde des architectes ».
Une suite de réflexions de mon essai est en cours de rédaction, j’aurais l’occasion de corriger des manquements en revenant par exemple sur des ouvrages comme le Musée des civilisations des noires, l’ENAM à Dakar et autres œuvres existantes dont vous êtes parmi les auteurs.
Pour conclure je vous remercie d’avoir apporté ces critiques constructives et « amicales » qui me permettront d’améliorer mon essai « l’architecture de la troisième voie » et comme le disait Léopold Sédar Senghor l’avenir « c’est le métissage ».
Malick MBOW – Architecte