HOLLANDE inaugure le plus grand mémorial sur l’esclavage au monde

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Mémoriale ACTe - Inauguration par François HOLLANDE
François Hollande a abordé frontalement la question de la réparation envers les descendants d’esclaves estimant qu’elle était morale et non financière, dimanche en inaugurant en Guadeloupe le plus grand centre au monde de mémoire sur la traite et l’esclavage.

«La seule dette qui doit être réglée, c’est de faire avancer l’humanité. C’est ce que ce Mémorial ACTe nous rappelle», a déclaré le président de la République devant une trentaine de dirigeants africains et caribéens, empruntant à Aimé Césaire la formule sur «la nature irréparable du crime».
S’adressant directement à Michel Martelly, président d’Haïti, ancienne colonie qui a payé son indépendance en espèces sonnantes et trébuchantes jusqu’en 1946, François Hollande a surpris l’auditoire avec une formule prêtant à confusion : «Quand je viendrai à Haïti, j’acquitterai à mon tour la dette que nous avons».
Son entourage a dû préciser à la presse nationale et internationale, venue en grand nombre de la Caraïbe, qu’il s’agissait uniquement d’une «dette morale» et non pas financière comme certains l’avaient compris. Les réseaux sociaux se sont d’ailleurs enflammés sur ce qui aurait été une annonce fracassante.
François Hollande sera en Haïti mardi, dernière étape après Cuba lundi, d’une vaste tournée dans la Caraïbe qui avait débuté vendredi par toutes les îles françaises des Antilles.
Tout comme le «MACTe» qui aborde l’esclavage depuis les Amérindiens, en passant par la traite, les abolitions et l’esclavage moderne, François Hollande a balayé dans son discours les racines et prolongements contemporains de ce mal à l’instar des «nouveaux négriers» tels ceux qui œuvrent en Méditerranée pour faire passer des migrants.
Il s’est aussi longuement attardé sur l’histoire souvent occultée des actes de créativité, des révoltes, des rébellions des esclaves qui ont finalement pris«leur part dans leur libération». La construction d’une image positive des esclaves fait partie de l’oeuvre de «réconciliation des mémoires» sur ce sujet encore douloureux dans la Caraïbe.
Le Mémorial ACTe a vocation, «en évoquant le passé, de prévenir les fléaux qui menacent» et notamment «le poison du racisme», a insisté le chef de l’Etat.
Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta a qualifié ce jour de «moment très important pour le mode entier, un jour de mémoire d’une tragédie comme l’espèce humaine en a rarement connue» qui se «traduit ici de manière intelligente dans une oeuvre».
«PRENDRE UN NOUVEAU DÉPART»

Son homologue du Sénégal a fait part de ses sentiments mêlés de «bonheur, de recueillement et de prise de conscience que ce devoir de mémoire est important mais on ne doit pas être enfermé dans le passé». «Nous devons prendre un nouveau départ. Le Mémorial doit être mis dans une dynamique d’évolution positive vers l’avenir», a dit aussi Macky Sall.
Pour l’ancien footballeur Lilian Thuram, présent à la cérémonie, «c’est un jour très fort : 167 ans après l’abolition de l’esclavage il y a enfin un lieu en France où discuter du discours qu’a produit l’esclavage niant l’humanité de gens en fonction de leur couleur de peau».
Au milieu de ces voix unanimes, le syndicaliste guadeloupéen Elie Domota, qui a boycotté la cérémonie dimanche, dénote. Il a vivement reproché à Hollande de refuser des réparations et de n’avoir pas amélioré une«situation très grave» sur le plan social, dans un département frappé par un chômage à 25%.
François Hollande a chargé Victorin Lurel, président de la région Guadeloupe, porteur du Mémorial et ancien ministre des Outre-mer, d’une mission parlementaire pour dessiner les contours d’une loi pour une «égalité réelle» entre les outre-mer et l’Hexagone.
Hors la Caraïbe, la France a aussi commémoré ce 10 mai à Paris, traditionnellement au jardin du Luxembourg où le Premier ministre Manuel Valls a officié et dans plusieurs villes symboliques, comme d’anciens ports négriers.
A Nantes, le premier d’entre eux, la commémoration a été célébrée en présence d’Angela Davis, figure du mouvement noir américain et de la lutte pour les droits civiques dans les années 70, sur le parvis du Mémorial de l’abolition de l’esclavage érigé en 2011.
A Brest, une sculpture de dix mètres de haut baptisée «Mémoires» a été inaugurée sur le port à l’initiative de l’association finistérienne Mémoires des esclavages. Dans la ville FN de Villers-Cotterêts (Aisne), où mourut le général Dumas, né esclave à Saint-Domingue, 200 personnes se sont rassemblées, en l’absence de leur maire.

Source : Libération

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