Le vote interne des socialistes, jeudi, a conforté la ligne du gouvernement, et le chef de l’Etat se prépare déjà à être candidat à sa succession. Même si les Français ne souhaitent pas qu’il se représente selon notre sondage.
François Hollande a des fourmis dans les jambes. Le chef de l’Etat a déminé le congrès du PS, mais la route vers l’élection présidentielle de 2017 est encore longue, et la course d’obstacles loin d’être terminée. Selon le sondage Odoxa réalisé pour notre journal et i télé, 77 % des Français ne souhaitent pas qu’il se présente à nouveau dans deux ans.
Certes, l’horizon se dégage à gauche avec la cinglante défaite, jeudi soir lors du vote interne sur les motions, des frondeurs du PS. « L’idée d’organiser des primaires à gauche pour 2017 est désormais définitivement enterrée », claironne un conseiller présidentiel. Après trois années de cauchemars électoraux, l’essentiel était d’éviter d’être sanctionné par les socialistes eux-mêmes. « La première condition, c’était de stabiliser. C’est fait », se satisfait ainsi le secrétaire d’Etat Thierry Mandon. « Désormais, il n’y a plus de doute possible », renchérit Jean-Marie Le Guen, chargé des Relations avec le Parlement. Mais la modération avec laquelle François Hollande et Manuel Valls ont pris le résultat en dit long sur la fragilité de l’édifice. Moins d’un socialiste sur deux s’est en effet déplacé. « C’est un vote de légitimité, pas un blanc-seing », reconnaît-on dans l’entourage du chef de l’Etat. Ce que notre sondage vient d’ailleurs conforter. Seulement 44 % des sympathisants de gauche souhaitent que François Hollande brigue un second mandat. C’est 16 points de plus qu’en octobre 2014 (28%), mais cela reste minoritaire.
Raison de plus pour ne pas traîner en route alors que Nicolas Sarkozy, le week-end prochain, s’apprête à transformer le congrès de l’UMP en véritable show. Les Français l’ont bien vu. Pour 58 % d’entre eux, François Hollande est entré en campagne. Qu’il est loin, le temps où, un soir de février 2012 devant 10 000 supporteurs survoltés au Grand-Quevilly (Seine-Maritime), le candidat Hollande moquait Nicolas Sarkozy : « Le président candidat est désormais candidat président. Quel bouleversement ! » Après sa tournée aux Antilles et son discours de Carcassonne (Aude) mardi, Hollande est dans le viseur de Sarkozy, qui dénonce « la confusion des genres ».
L’entourage présidentiel a beau souligner que le chef de l’Etat ne fait qu’expliquer son action en rencontrant sur le terrain les Français, Hollande est bel et bien parti à la reconquête des déçus. Par petites touches. « Il installe la tonalité, le fond de scène de sa campagne », souffle un vieux compagnon de route. D’abord, il a déterré le discours du Bourget dans lequel il avait déclaré que la finance était son ennemie. Mercredi, le président a même invité ses ministres à le relire…
Ensuite, il lâche du lest. « J’ai considéré que le temps d’une forme de redistribution était venu », a-t-il lancé mardi dans l’Aude. Mercredi, c’était donc à 38 000 chômeurs seniors de se voir offrir une prime de 300 € par mois. Hollande ne se déplace d’ailleurs plus les poches vides. Le 28 mai, à Limoges (comme en Alsace ou en Midi-Pyrénées récemment), c’est lui qui apportera les 400 millions du contrat de plan entre l’Etat et la région. Sans oublier, enfin, la stature. Mercredi prochain, l’entrée au Panthéon de Pierre Brossolette, Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Jean Zay permettra à Hollande d’insister de nouveau sur la République, le rassemblement des Français, etc. En père de la nation, bien sûr, et en candidat.
Source : Le Parisien