Dakar est sale et il suffit de quelques gouttes de pluie pour s’en rendre désagréablement compte. Eaux de ruissellement non évacuées, canalisations obstruées, eaux des fosses septiques usées et nauséabondes qui remontent à la surface etc . Tout y passe entrainant des embouteillages à n’en plus finir, des voies impraticables avec leur lot de sauve-qui-peut des automobilistes ; chacun cherche sa propre solution pour se dégager et s’ensuivent disputes et accrochages.
Comment on est en arrivé là ? Qui est responsable ?
La réponse est par négligence et tout le monde est responsable ; de l’illettré au plus grand intellectuel qui se vante d’être civilisé mais qui ne manque pas d’apporter sa touche coupable infime qu’elle soit en jetant dans la rue, un gobelet, un sachet usé, une capsule de café ou même le plus petit film recouvrant une carte de crédit téléphonique. En effet, chacun oublie que si tout le monde fait comme lui et considère le geste comme anodin, ce sont des millions d’ordures plastiques qui vont grossir, dans les canalisations, les tonnes de déchets solides qui empêchent toute évacuation des eaux. Ces déchets solides, tels que les pagnes et/ou serpillières usées ou encore les mèches de cheveux etc. introduits depuis les habitations dans les canalisations domestiques, les matériaux de construction stockés sur la voirie dont une bonne partie s’infiltre dans les égouts et dont les résidus, à la fin des travaux ne sont pas évacués mais laissés sur place et drainés par le eaux de ruissellements jusque dans la canalisations, sont la cause des nombreuses petites et grandes inondations pour lesquels nous subissons tous les conséquences de manière directe ou indirecte.
Les autorités étatiques et municipales ne sont pas en reste, elles y ont une très grande part de responsabilité. Les autorisations d’installation de cantines et de tabliers sont données à l’aveuglette, les vendeurs s’installent n’importe où et n’importe comment, n’ont pas de point d’eau ni poubelle, ils font leurs besoins sur la place publique et ne s’en gênent nullement. Ces points de vente qui attirent consommateurs et badauds sont en train d’étouffer les quartiers avec des nuisances sonores et environnementales insupportables. Les citoyens ne savent plus à quel saint se vouer tellement que leurs appels à l’autorité restent inaudibles et de guerre lasse, ils abdiquent et, stoïquement, supportent cette douleur morale anormale pourtant ils ne demandent que la normalité. Ces autorités se limitent à un curage à deux (2) ou trois (3) mois de l’hivernage et encore, et le reste de l’année elles restent impassibles aux raisons du remplissage, aucune mesure conservatoire n’est prise, le sable et les ordures excavés sont laissés à la périphérie ou sont enlevés bien après qu’une bonne partie soit réintroduite dans les canaux. Les efforts faits pour couvrir les canaux avec des dalles, assez solides pour supporter le poids des piétons, sont immédiatement anéantis par l’inconscience des automobilistes qui viennent s’y garer et personne ne dit rien. Je passe sur les travaux publics faits sans avertir le citoyen lambda qui se réveille un bon jour pour se rendre compte que la devanture de sa maison est cassée pour des raisons d’utilité publique et rencontre des difficultés pour sortir ou accéder à son domicile. Je passe sur la lenteur et l’amateurisme de la remise en état des sites concernés après les travaux. L’exemple patent est mon quartier Mermoz où les gravas, roches et sable excavés depuis la veille des élections locales pour des raisons d’électrification publique, ne sont toujours pas enlevés en dépit des maints messages envoyés à la Mairie de la Ville. Je me rappelle encore que les branches et feuilles des arbres élagués en partie juste pour laisser passer la lumière, n’ont été enlevés qu’une trentaine de jours après qu’ils soient devenus secs et greffés d’ordures (mouchoirs usés, sachets, gobelets etc.) et après qu’une bonne partie, emportée par le vent, se soit propagée sur la voie publique laissant un cadre de vie désolant.
Pour anticiper sur certains commentaires, je dirai que le citoyen n’est pas là pour se substituer à l’autorité, les prestataires qui gagnent les marchés doivent faire le travail proprement et l’autorité, donneur d’ordre, a l’obligation d’y veiller.
Le développement est le palier supérieur d’une série d’escaliers et chaque citoyen doit participer à la construction belle et solide de la marche qui correspond à sa période de vie afin qu’un autre puisse y poser les pieds avec assurance pour construire la marche suivante. Ainsi atteindrons-nous l’émergence qui ne doit pas être uniquement un slogan mais une série d’actions à forte valeur ajoutée, dans un esprit constructif et patriotique pour une amélioration continue de notre existence.
TOUS RESPONSABLES, TOUS CONCERNES
Demba Makalou