Dans l’émission « Opinion » sur Walf, l’ancien ministre des Finances, Moussa Touré, n’est pas passé par quatre chemins pour critiquer sévèrement le choix que le président Macky Sall a porté sur le PNUD pour la mise en oeuvre du Programme d’Urgence de Développement Communautaire (PUDC).
Selon Moussa Touré : « C’est un grand mal. C’est notre argent à nous. Le Pnud administre et gère des projets qui sont des projets du Pnud lui-même. C’est des projets dans lesquels il met son argent. Mais un projet sénégalo-sénégalais, laisser de côté nos administrations, nos agences et nos fonctionnaires qui peuvent valablement faire ce travail sous une coordination sérieuse, expérimentée et professionnelle, c’est grave. Regardez la géographie des directeurs de services et d’agences, qui ont été nommés depuis l’avènement du président Macky Sall. Les 3/4 ont une connotation politique forte, et pour les 3/4, les gens doutent de leur diplôme, de leur compétence et de leur expérience. Même les administrations qui étaient sauvegardées dans le temps, de ces problèmes politiciens, comme au ministère des Finances, c’est à dire la Douane, les Impôts et Domaines, aujourd’hui toutes ces administrations là sont touchées. Alors comment voulez-vous que les administrations marchent si vous êtes le plus compétent dans une structure, on vous laisse de côté et on va prendre le plus minable et le plus tocard et on le met au dessus de vous. C’est ça véritablement le problème. Il faut donner les postes et le travail aux gens qu’il faut et qui le méritent. Il faut qu’on arrête de faire de la politique politicienne à tout bout de champ. A tel point que dès que quelqu’un pointe le nez, on lui confie un poste de ministre conseiller ou de conseiller spécial. Il y en a plus 100 aujourd’hui alors qu’ils ne servent à rien.
Pour revenir avec cette affaire de Pnud, c’est un accord cadre qui date d’avant même l’alternance. Prendre un projet de plus de 400 milliards et le confier au Pnud, ça c’est grave malgré l’accord cadre. D’abord c’est déshonorant pour nos administrations et nos agences qui sont compétentes à le faire. Ensuite, on va les mettre sous la coupe du Pnud qui va être leur patron dans leur propre pays, c’est pas bon, c’est pas sérieux et c’est honteux! Enfin, le travail que va faire le Pnud n’est pas gratuit, il se fera payer. On l’a vécu en Guinée-Bissau. Il prend 10% du coup global. Alors pourquoi payer le Pnud, alors que notre administration peut gérer. Cette affaire je la trouve grave. Elle est grave moralement, politiquement, financièrement et économiquement. »
Sur la lourdeur du code des marchés, Moussa Touré se veut clair : le code des marchés, les fonctionnaires qui sont inefficaces, paresseux ou corrompus, tout ça c’est l’Etat du Sénégal. Et l’Etat du Sénégal a un chef, c’est le président Macky Sall. Si c’est arrivé, c’est par sa faute ou comme disait La Fontaine, c’est la faute de ses prédécesseurs.
C’est à lui de corriger ça, parce que c’est sa mission principale d’ailleurs. S’il ne le corrige pas, rien ne pourra se faire. Même les projets du PSE dont on parle ne pourront pas se faire. D’ailleurs, ils ne veulent pas le dire mais nous sommes très en retard dans la programmation et l’exécution des programmes du PSE. Il faut se méfier des statistiques qu’on vous donne. Moi je préfère regarder ce qui se passe sur le terrain, ce qui se fait de manière concrète au lieu de perdre mon temps avec des statistiques.
Surtout au Sénégal où on nous habitue maintenant à des statistiques qui ne sont pas réalistes. Nous ne sommes même pas capables de savoir combien de sénégalais nous sommes, on vient juste nous parler de 13 millions dans des documents. Ce que je peux vous dire sans entrer dans les détails c’est que des retards très importants ont été notés dans le PSE…
Source : Presse