Exposition: Vital Congo

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Depuis trente ans, André Magnin parcourt l’Afrique, et le Congo en particulier. Défricheur infatigable, il est constamment à la recherche de nouveaux artistes qu’il promeut à travers le monde. Commissaire de l’exposition Beauté Congo à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, il expose 350 oeuvres de quarante et un artistes. Point de Vue a rencontré trois d’entre eux.

Chéri Samba

« Quand j’étais petit, je disais à mon père: ‘Plus tard, je serai un grand dessinateur!’ Depuis toujours, j’aime voir le monde en couleurs. L’univers n’est que couleurs. J’ai même intitulé un tableau J’aime la couleur. Mon travail est une représentation du monde tel que nous le voyons, en aucun cas une invention. Les artistes congolais fonctionnent un peu comme une famille dont une petite partie est présente actuellement à la Fondation Cartier. J’en suis très heureux. J’ai été exposé un peu partout dans le monde et je suis toujours agréablement surpris par la réception de mon oeuvre, où que j’aille. C’est moi qui ai donné à notre peinture le qualificatif de ‘populaire’. C’est toujours d’actualité. Je ne code pas mon oeuvre. Je peins des tableaux ouverts à tous, pour que le peuple s’y reconnaisse. Il n’y a aucune discrimination dans ce que je fais. Je ne critique pas l’académisme mais cet ‘art populaire’ se situe à côté, sans s’y confronter. J’ai un peu de mal à comprendre les oeuvres qui demandent une explication. Les peintres ne devraient pas avoir besoin de s’exprimer autrement que par la toile. On pense à tort que l’art populaire n’est pas bien travaillé, pas assez réfléchi. C’est évidemment faux. Mon travail donne cette impression parce que mes toiles sont simples, mais absolument pas simplistes.

Chéri Samba, La Vraie Carte du monde, 2011.  Courtesy of Florian Kleinefenn   Read more at http://www.lexpress.fr/styles/familles-royales/exposition-vital-congo_1701310.html#qVix4vzoMwCKbeBv.99
Chéri Samba, La Vraie Carte du monde, 2011.
Courtesy of Florian Kleinefenn

 » Chéri Samba est né en 1956 à Kinto-Mvuila en République démocratique du Congo.

JP Mika

« Je suis né artiste. C’était ma vocation. J’ai commencé enfant à dessiner sur les sols, puis à l’école je peignais sur les murs, les tableaux. J’ai ensuite travaillé dès 13 ans comme dessinateur de panneaux publicitaires avant d’entrer à l’Académie des beaux-arts de Kinshasa. Puis j’ai fréquenté l’Atelier de recherches en arts populaires (Arap) fondé par Chéri Chérin, que je considère comme mon maître. C’est lui qui m’a inspiré la peinture d’animaux, très présents dans mes toiles. J’ai rencontré Chéri Samba qui est très important pour nous, les jeunes artistes congolais. Nous sommes attachés à décrire notre société par l’art. Mon travail est ‘populaire’, et je le revendique. Il faut que l’art soit accessible au plus grand nombre. Je suis une personne très calme mais lorsque je peins, je suis dans ma bulle et je fais tout pour dépasser les autres. Je veux être le plus grand, je considère les autres peintres comme des amis mais aussi des rivaux. J’ai une ambition démesurée, mais je suis quelqu’un de bien! »

JP Mika, Kiese na Kiese, 2014.  Courtesy of Florian Kleinefenn
JP Mika, Kiese na Kiese, 2014.
Courtesy of Florian Kleinefenn

JP Mika est né en 1980 à Kinshasa (RDC)

Monsengwo Shula

« À l’âge de 15 ans, j’ai reçu un choc esthétique avec la peinture de mon cousin, Moké, un de nos grands artistes des années 1980 et 1990. Il disposait d’une palette de couleurs très riche. Au début, je faisais partie des artistes dits ‘populaires’ mais j’ai rapidement trouvé cela monotone. Je me suis dit que je devais faire autre chose. Même les sujets politiques, fréquents au Congo, n’avaient plus grâce à mes yeux. Aujourd’hui, je m’intéresse beaucoup à Internet et au rapprochement entre les hommes qu’il induit. On peut dire que nous sommes dans un village planétaire. La vitesse des télécommunications m’inspire. Je fais partie du collectif APPO (Association des peintres populaires), initié par Chéri Samba. C’est ma société que je décris à travers mon oeuvre. J’ai bon espoir que mes tableaux restent gravés dans la mémoire collective. Peindre est une nécessité et une joie à la fois. C’est pourquoi je mets souvent des paillettes sur mes toiles.

Monsengo Shula, Ata Ndele Mokili Ekobaluka (Tôt ou tard le monde changera), 2014  Courtesy of Antoine de Roux
Monsengo Shula, Ata Ndele Mokili Ekobaluka (Tôt ou tard le monde changera), 2014
Courtesy of Antoine de Roux

 » Monsengwo Shula est né en 1959 à Nioko (RDC)

Beauté Congo 1926-2015 Congo Kitoko, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, à Paris, jusqu’au 15 novembre 2015.

261, boulevard Raspail 75014.

Tous les jours sauf le lundi, de 11h à 20h. Nocturne le mardi jusqu’à 22h. Tous les jours à 18h, visite guidée de l’exposition avec le billet d’entrée.

Source : L’Express

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