Colorée et fantaisiste, cette maison de famille arbore un look atypique. Un design affirmé et une décoration entièrement pensée par André Wogenscky pour une famille qui rêvait de nouvelles formes et d’avant-garde. Côté Ouest vous ouvre les portes de cette surprenante maison d’inspiration Le Corbusier…
La maison de vacances réalisée en 1960 à Saint-Brévin en Loire-Atlantique par l’architecte André Wogenscky est une leçon d’architecture moderne, d’espace ouvert, un éloge de la simplicité qui s’inscrit en douce harmonie avec la Pinède. Visite en photos de cette maison d’inspiration Le Corbusier…
Lorsqu’en 1959 Louis Chupin, « toujours attiré par les formes nouvelles et l’avant-garde », demande à André Wogenscky de concevoir la maison de vacances de sa famille à Saint-Brévin-l’Océan, l’architecte, disciple et ancien collaborateur de Le Corbusier, vient de fonder sa propre agence. La commande du chef d’entreprise est précise : la maison doit être grande par le nombre de chambres et doit pouvoir accueillir une trentaine d’invités lors des réunions de famille, un défi en quelque sorte, un exercice de construction des espaces « pour ne pas être perdus à deux, ne pas être oppressé à trente ».
À 41 ans, ce protestant resté fidèle à la pensée de Le Corbusier répond de manière radicale : « Ce sera ce plan ou rien ! » Entre la famille Chupin et l’architecte, l’évidence du projet s’installe, « une distinction moderniste entre zone diurne et nocturne » : à l’étage, toutes les chambres, cinq cabines équipées chacune d’une zone d’eau ; au rez-de-chaussée, un mur de béton courbe, en face des lignes droites de verre disposées en oblique par rapport à la façade de la maison de rêve, le tout rythmé de cinq poteaux faisant alliance avec les pins. Le programme est simple, le budget raisonnable.
Au-delà de son esthétique, la maison Chupin relève d’une véritable réflexion avant-gardiste sur l’inscription d’une architecture dans un environnement : Wogenscky a souhaité relier l’architecture à la nature, créer le contact direct entre extérieur et intérieur. De ce principe, la villa livrée en juillet 1960 « dans une suffocante odeur de ciment mouillé » est en tout point emblématique. « Trois murs aveugles aux rues qui la contournent, constituant ainsi une enveloppe intimiste, et une priorité : la transparence sur la pinède qui semble entrer dans l’espace de vie. » En 1963, les époux Székely se chargeront de l’aménagement décoratif de la villa et habilleront la maison de pièces emblématiques du courant moderne.
Cette architecture unique et dynamique, admirée par les passionnés et méconnue du grand public, est en cours de classement ISMH. Un écho à la pensée d’André Malraux : « Puissent plus tard nos bétons se révéler si rudes, que sous eux nos sensibilités soient fines ! »