La start-up française NewWind R&D a mis au point un système éolien en forme d’arbre accueillant des turbines à axe vertical. Coup de cœur 2015 de la Fondation Nicolas Hulot, cet « Arbre à Vent » sera commercialisé dès l’année prochaine.
La façade alliant bardages blancs et vitres réfléchissantes de l’immeuble Ampère, implanté sur le boulevard circulaire du quartier de La Défense, fleure bon les années 80. Destiné à devenir le nouveau siège du promoteur immobilier Sogeprom, filiale de la Société Générale, le bâtiment va subir une lourde opération de rénovation qui devrait le faire passer à l’ère des bâtiments à énergie positive.
Rebaptisé E+, il est destiné à devenir une vitrine des dernières innovations en matière de construction durable. Les ascenseurs devraient être équipés du système Gen2 switch développé par Otis, qui, à la manière des voitures hybrides, récupère l’énergie cinétique de la cage et la stocke sur des batteries. Et les paramètres de confort des bureaux (température, hygrométrie et qualité de l’air) seront transmis en temps réel aux futurs occupants via une application pour smartphone développée par Schneider Electric.
Mais c’est l’arbre implanté sur à l’entrée de l’immeuble qui devrait nourrir les conversations des employés de Sogeprom lors de leur arrivée dans leurs nouveaux bureaux. Plutôt que des fruits, il produira des watts.
Pas de fleurs au printemps, mais des watts toute l’année
Baptisé Arbre à Vent® – le nom est déposé – cet arbre est constitué d’une structure d’acier et de plastique, faite d’un tronc et de branches. Aucune chance de le voir fleurir au printemps, ces feuilles sont des turbines fonctionnant à la force du vent. Conçue par la start-up française NewWind R&D, la structure accueille des dizaines de micro-générateurs Nommées « aeroleafs », ils fonctionnent avec des vents soufflant à une vitesse de seulement 2m/s et des flux d’air non nécessairement laminaires. Egalement destinées à être fixés sur nos toits et les garde-corps de nos balcons, ces aeroleafs sont des turbines synchrones à aimant permanent et entraînement direct. Autrement dit, il n’y a ni transmission, ni entraînement par courroie. Ainsi, les vents qui s’engouffrent dans nos villes se transforment en watts en silence.
La somme des courants produits par toutes les feuilles d’un arbre permet d’atteindre une puissance de 4kW . Nous sommes très loin des MW que peuvent délivrer des pales montées sur un mat de 100m. Mais le président-fondateur de NewWind R&D Jérôme Michaud-Larivière ne voit pas son arbre à vent comme un moyen de gonfler la part de l’éolien dans le mix énergétique français. Interrogé par LeMoniteur, il indique qu’il s’agit d’ « une solution de production d’électricité de proximité au cœur de la ville ». Son invention est plus proche de Pavagen, revêtement permettant d’alimenter des éclairages à LED grâce à nos pas, « que d’une grande éolienne éloignée des lieux de consommation ».
Un arbre à planter au bord des routes et aux pieds des immeubles
Plus qu’une nouvelle solution de production d’énergie renouvelable, cet Arbre à Vent s’inscrit dans le courant dit des « Energy Harvesting », terme recoupant les moyens de récupérer toute l’énergie disponible sur site en vue de l’utiliser sur place. Ainsi, en partenariat avec le pôle de compétitivité Images & Réseaux, NewWind R&D va également implanter ces Aeroleafs sur le bord d’une route de manière à démontrer que l’énergie cinétique des véhicules peut être « récoltée » pour faire fonctionner les panneaux lumineux diffusant des messages d’information sur la sécurité routière.
Afin de valider les performances visées et, si besoin, d’apporter les corrections nécessaires, Newwind R&D a lancé la production d’une présérie. Ces premiers Arbres à Vents seront plantés cet automne dans plusieurs communes, afin d’assurer le fonctionnement de leur éclairage public, et sur le site de sièges sociaux d’entreprises pour envoyer un surplus de watts vers le tableau électrique.
La commercialisation en France est prévue pour début 2016. Le prix, qui sera de l’ordre de quelques dizaines de milliers d’euros, « dépendra des partenariats industriels en cours » précise Jérôme Michaud-Larivière. Ce dernier souligne que dans les pays où le prix du kWh est nettement plus élevé qu’en France, de nombreux acteurs se montrent déjà intéressés. Singapour, Japon, Corée, Chine ou encore USA, il dit recevoir des demandes des quatre coins du monde….
Source : Le Moniteur