L’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye a officiellement lancé ce samedi son parti politique, l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT). Une formation qui se réclame de la social-démocratie, dont la devise est « Travail-Éthique-Espoir », les couleurs le rouge et le bleu et qui promet d’ériger en dogme le respect de la parole donnée (Saxal Jëf). C’est pourquoi il demande aux Sénégalais de le juger uniquement sur ses actes.
Devant un pupitre dressé au fond d’une salle comble, le premier chef du gouvernement de Macky Sall désigne d’entrée son adversaire : « les professionnels de la politique ». Ces femmes et ces hommes qui ont fait de la politique leur métier, leur tremplin pour jouir des délices du pouvoir. « Le Sénégal va mal », s’exclame-t-il en dressant un tableau sombre de la situation du pays : « démocratie abimée », « Assemblée nationale aux ordres », « Jeunesse désespérée », un système de santé bancal, une économie faible…
Pour freiner le cycle, l’ancien Premier ministre promet de restaurer la « politique-sacerdoce » avec « un nouveau type de dirigeant, pour un nouveau type de citoyen ». Et dans cette perspective, il invite les Sénégalais à cultiver quatre types d’amour : l’amour de la patrie, l’amour des lois, l’amour du travail et l’amour de ses semblables.
Au bout d’un discours d’une trentaine de minutes, résumé en wolof et traduit sur papier en arabe, Abdoul Mbaye se met à la disposition de la presse pour la séance de questions-réponses. S’il se montre très à l’aise dans l’exercice, avec par moments un humour tranchant et une répartie souvent foudroyante, il donne quelques fois l’impression de cafouiller sur certaines questions : à propos de son terrain sur le littoral qu’il aurait acquis dans des conditions nébuleuses, l’ancien banquier se contente d’affirmer devant un auditoire qui n’a aucun moyen de vérifier dans l’instant ses dires, que la procédure d’acquisition s’est passée dans les règles de l’art. Sur la question de sa double nationalité franco-sénégalaise, qui risque de constituer un blocage en vue d’une candidature à la présidentielle, il assume avant de déclarer qu’il avisera le jour où cela devrait constituer un problème.
« Je ne reconnaissais plus mon Macky Sall »
Sur les autres questions, Abdoul Mbaye surfe à merveille : est-il comptable du bilan de Macky Sall ? Bien sûr, acquiesce-t-il tout en s’empressant de délimiter le champ de cette responsabilité : seulement au début de l’aventure avec le chef de l’État, lorsque le « mot rupture avait un sens ». « Je ne reconnaissais plus mon Macky Sall », confesse-t-il pour dire qu’à un moment donné il a perdu le Nord au sommet de l’exécutif.
Son programme ? Il déclare que celui-ci est à l’étude avec les membres de son parti. Des alliances futures avec des partis politiques comme le PDS et Rewmi ? « Possible, s’ils adhèrent à nos valeurs », nuance-t-il. Est-il candidat à la présidentielle de 2019 ? « C’est prématuré, 2019 c’est encore loin », tempère-t-il. Chaque chose en son temps, donc.
Justement, confie l’ancien Premier ministre, l’idée de descendre dans l’arène politique avait effleuré son esprit il y a une dizaine d’années lorsque certains de ses amis lui ont demandé de sauter le pas. Mais puisqu’il n’était pas sûr d’être entendu par les Sénégalais, il préféra se boucher les oreilles et rester un « spectateur-analyste » de la scène politique. « Aujourd’hui les Sénégalais ont une grande maturité », relève-t-il comme pour dire que le moment est venu de s’adresser à eux, de les mobiliser et de leur indiquer le chemin.
Le suivront-ils ? C’est toute la question.
Source : SenewebNews