IDRISSA SECK DEMANDE DE DECHIRER ET REECRIRE LES APE : « Le Président Macky Sall les a signés et il a tort… »

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Idrissa SECK demande que les APE soient déchirer et réécrits
Idrissa SECK © Malick MBOW

Les Accords de Partenariat Économique UE/ACP détruiront tout espoir de développement endogène de nos pays s’ils venaient à être signés puis ratifiés en l’état. Le Président Macky Sall les a signés et il a tort. Son erreur devra être corrigée par la résistance des non encore signataires de notre sous-région, Buhari, Président du Nigéria en tête. Et plus fondamentalement par la résistance de nos parlementaires qui doivent refuser de les ratifier.
Jacques Attali donne un conseil utile à tous les leaders du monde : « Pour préparer vos trois prochaines décennies, méditez les enseignements des trois millénaires d’histoire ».  Nous africains devons en retenir ceci :
1. C’est chez nous que l’humanité a vu le jour. Nous avons vu naître Adam et Ève, même si nos cousins arabes réclament d’avoir abrité leur première rencontre sur le mont Arafat
2. C’est l’Afrique Noire qui a éduqué l’Egypte qui elle-même a éduqué la Crête, éducatrice à son tour de la Grèce dont les enseignements se sont ensuite universalisés grâce au macédonien Alexandre le Grand, formé par Aristote. La puissance militaire de Rome sous Jules César dont l’héritier dans cette lignée fut le Français Napoléon Bonaparte fera le reste.
3. Depuis cette première globalisation par Alexandre Le Grand, l’histoire de l’Europe a consisté à s’enrichir sur le dos du reste du monde. Portugais, Espagnol, Hollandais, Anglais, Français, Allemands ont abrité les cœurs économiques successifs du monde, lieux d’accumulation des ressources amassées en Afrique (esclavage, colonisation), en Inde, en Amérique…
4. Ce sont ces ressources qui ont permis à l’Europe de se doter de ses infrastructures, de ses réserves monétaires gigantesques, de ses centres de recherches qui ont produit ses armes et instruments de surveillance du monde, sa domination scientifique, surtout lorsque nos cousins arabes, délaissant l’enseignement de l’immense Ibn Rushd (Averroès) ont cru que la science était incompatible avec l’islam. Grave hérésie comme l’établit Ibn Rushd : « La vérité ne saurait contredire la vérité, elle s’accorde avec elle et témoigne en sa faveur ». « N’ayez pas peur de chercher la vérité par la science, car elle ne saurait contredire la parole divine, source de toute vérité « . « Osez la Science car Dieu n’a rien à en craindre ». La bêtise d’ignorer cela se lit aujourd’hui dans le nom et les agissements hideux de « Boko Haram » qui en langue haoussa signifie « l’éducation occidentale est un péché.  « BOKO », de « book », « livre » en anglais, et « HARAM », « interdit » en arabe —, soit le rejet d’un enseignement à leurs yeux perverti par l’occidentalisation mais en réalité, leur propre condamnation à l’asservissement perpétuel aux maîtres du Savoir scientifique.

C’est l’Europe qui a choisi de découper les ACP en sous-groupe pour négocier (le vieux « diviser pour mieux régner »).
Des accords commerciaux, il en faut. Mais l’Afrique ne doit pas signer les APE en l’état et voici pourquoi :
1. Les 75% de taux d’ouverture de nos économies qu’impose l’Europe menacent notre économie nationale et ruinent tout espoir d’émergence. En l’état actuel des APE, les 25% de nos produits et secteurs exclus de la libéralisation ne peuvent nous permettre d’ajuster nos économies et d’impulser l’émergence.
2. Même si les accords établissent le délai de réalisation de l’ouverture de nos économies à 20 ans, tous les domaines où l’Europe voulait son accès facilité aux marchés ACP sont libéralisés dans les 5 premières années, délai beaucoup trop court pour l’ajustement de nos économies. En l’état actuel des APE, 95% des échanges seront libéralisés à la fin de la quinzième année de mise en œuvre ; et nous ne disposerons plus que de marges minimales dans l’élaboration de nos politiques publiques.
3. La Clause de la nation la plus favorisée, version APE, en contradiction avec celle de l’OMC doit être rejetée. La diversification de nos partenariats commerciaux est définitivement étouffée par l’exigence des européens de bénéficier de tout avantage commercial accordé par les ACP à un pays pesant 1.5%, même s’il est un pays en développement, ou à un groupe de pays pesant 2% des échanges mondiaux, en violation flagrante des règles de l’OMC. Ce qui soustrait à notre stratégie de diversification commerciale 19 pays dont ceux vers qui nous avons avantage à diversifier (Inde, Chine, Mexique, Brésil, Malaisie, Thaïlande, Arabie Saoudite) ou groupes de pays (Asean, Mercosur). Accepter la clause NPF telle qu’elle figure dans l’APE actuel est un frein à la diversification de notre partenariat commercial et constitue une hypothèque irresponsable pour les générations futures africaines.
4. L’aide à la mise à niveau de nos économies est simplement ridicule. Que représentent les 15 milliards d’euros supposés nous aider à mettre à niveau nos économies pour supporter la féroce concurrence qu’induira l’ouverture de nos économies à 75% ? Surtout qu’il ne s’agit pas là de fonds nouveaux mais d’aide recyclée dont seuls 6,5 milliards seront décaissés après ratification des APE. Traité de corrompu par le britannique Cameron, le cousin Nigérian Buhari dit ne pas attendre de lui des excuses mais plutôt le rapatriement vers l’Afrique de l’Argent volé par Londres depuis des siècles. Intéressantes querelles…d’où sortiront peut-être les « London Papers » et les « Lagos Papers »… L’aide proposée dans les APE est un mécanisme compensatoire qui atteste les pertes économiques à venir pour nos pays. En plus, comme toute aide, elle n’est pas contractuelle et reste tributaire des humeurs de son auteur.
5. L’Europe se donne  le droit d’instaurer des barrières non tarifaires plus élevées que les standards internationaux. Ce qui exige, selon les règles OMC, des preuves scientifiques que l’Europe se dispense pourtant de fournir. Notre accès au marché européen ne sera jamais garanti dans ces conditions de protectionnisme déguisé en voie de légalisation.
6. Sur les subventions à ses produits agricoles qui introduisent de graves distorsions dans la concurrence, au détriment de nos paysans, l’Europe s’accorde tous les droits sans tenir compte des boîtes vertes (subventions acceptées) et rouges (subventions interdites) de l’OMC, en s’installant confortablement dans la boîte bleue (celle qui n’est ni verte ni rouge) dont l’Afrique n’ose pas encore la déloger par une plainte à l’OMC. En l’état actuel de l’APE, rien n’interdit formellement les subventions européennes en faveur de ses produits d’exportation vers l’Afrique. Cette omission rajoute à la menace qui pèse sur nos produits agricoles et industriels à la compétitivité fragile.
Le seul point sur lequel les ACP ont eu gain de cause dans ces APE c’est la non-exécution (suspension des accords en cas d’atteinte grave des droits de l’homme ou émeutes). Ingérence ont dit les leaders africains. L’Europe accepte de fermer les yeux sur le massacre des droits humains des peuples africains par leurs dictateurs…
Tous les étalons du monde, Américain, Chinois, Européen, Russe, Indien sont en route vers le Boundou (La source en Pulaar) africain. Ils doivent y trouver Ndimangou (étalon en Pulaar), fier, fort, mais accueillant. Guéri de la servilité qui a rendu possible l’esclavage et la colonisation. Ndimangou doit rester le maître du Boundou africain. Il doit y puiser sa future modernité à la tête d’une puissante armée d’ingénieurs en informatique, télécom, biologie, d’artisans, d’artistes, de paysans, pêcheurs et éleveurs mieux formés.

Ma conclusion sera pour la jeunesse africaine.
Contre la servilité, Debout !
Contre la corruption, Debout !
Contre le pillage de nos économies, Debout !
Pour une Afrique forte, fière et accueillante, Debout !

Idrissa Seck

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