Le directeur du musée Van Gogh d’Amsterdam, Axel Rüger, est venu à Naples, en Italie, le 30 septembre 2016 pour récupérer ces deux toiles du célèbre peintre néerlandais
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Deux tableaux de Vincent Van Gogh, volés en 2002 dans un musée d’Amsterdam, ont été retrouvés près de Naples, dans une maison appartenant à un trafiquant de drogues notoire affilié à un clan mafieux.
Depuis janvier, les policiers italiens étaient sur la trace de Raffaele Imperiale, un proche du clan Amato-Paganà de la camorra, la mafia napolitaine, qui se trouve actuellement en fuite, peut-être à Dubaï, où il possède une entreprise de bâtiment.
Dans une habitation anonyme lui appartenant à Castellammare di Stabia, près de Naples, ils ont retrouvé, grâce à l’aide d’un repenti selon la presse napolitaine, deux toiles inestimables, bien dissimulées et enveloppées dans des tissus de coton.
« Sortie de l’église de Nuenen » (1884) et « Vue de la mer de Scheveningen (tempête) » (1882) avaient été volées le 7 décembre 2002 au musée Van Gogh à Amsterdam. La presse italienne, citant des sources proches de l’enquête, assure que leur valeur avoisine les 100 millions de dollars.
« Ce sont bien les véritables peintures », a déclaré, dans un communiqué du musée vendredi, le conservateur qui a authentifié les tableaux à la demande du parquet italien.
Après 14 ans d’errance, les deux toiles, qui appartiennent à la première période de l’artiste, « semblent en assez bonne condition » malgré quelques détériorations, probablement en raison de « conditions de transport inappropriées », a précisé le musée.
« Merci à la police financière d’avoir récupéré les oeuvres de Van Gogh. Je suis fier de nos forces de l’ordre », a salué sur Twitter le chef du gouvernement italien, Matteo Renzi.
Pour le ministre italien de la Culture, Dario Franceschini, « cette enquête confirme que les organisations criminelles s’intéressent aux oeuvres d’art qui sont utilisées aussi bien comme forme d’investissement que comme source de financement ».
Lors d’une conférence de presse, un officier de la police financière a confirmé que le groupe dirigé par Raffaele Imperiale semblait avoir de nombreuses ramifications internationales et oeuvrait « comme une vraie multinationale, en diversifiant dans de nombreuses activités » les revenus provenant du trafic de cocaïne.
– ‘Valeur historique’ –
Outre les tableaux, la police a saisi des biens d’une valeur de plus de 20 millions d’euros dans le cadre de cette enquête, dont un petit avion biplace.
« C’est une journée émouvante. Nous sommes plus que contents que les toiles aient été retrouvées », a salué devant la presse le directeur du musée Van Gogh, Axel Rüger, présent à Naples. « Pour nous c’est un rêve de les avoir retrouvées et de pouvoir les ramener à la maison ».
Lors du vol, les cambrioleurs avaient grimpé sur le toit du musée et brisé une vitre pour s’emparer des deux toiles avant de prendre la fuite en descendant le long d’une corde.
« La valeur historique de ces deux toiles pour la collection est immense », a souligné le musée.
« Vue de la mer de Scheveningen (tempête) » est la seule peinture de la collection du musée issue de la période de Van Gogh à La Haye (1881-1883).
« C’est l’une des deux seules vues de la mer qu’il a peintes durant ses années néerlandaises et un exemple important du style précoce de sa peinture », a précisé le musée.
« Sortie de l’église de Nuenen », où officiait son père pasteur, est une petite toile que Van Gogh a peinte pour sa mère. « En 1885, après la mort de son père, Van Gogh a repris la toile et a ajouté les paroissiens au premier plan, dont des femmes avec un châle qui est porté en période de deuil », détaille le communiqué.
Le musée Van Gogh, ouvert en 1973, rassemble des centaines de tableaux, dessins et esquisses du peintre, depuis sa première période néerlandaise jusqu’à sa fin tragique à Auvers-sur-Oise en 1890.
Né en 1853 à Zundert (centre) dans une famille de pasteurs et de marchands d’art, Vincent Van Gogh a peint plus de 800 oeuvres. Il n’a réussi à vendre qu’un seul tableau de son vivant, mais ses toiles se négocient aujourd’hui à prix d’or.