Jamais il n’avait tapé aussi fort sur ses rivaux potentiels. Pas ceux de gauche mais ceux de la droite, qui sont engagés dans la primaire. En meeting à Strasbourg pour la première de ses trois présentations de son diagnostic des problèmes de la France, Emmanuel Macron a très violemment attaqué François Fillon mais surtout Nicolas Sarkozy et Alain Juppé.
Lors d’un discours sur les « maux démocratiques » dont souffre le pays, l’ancien ministre de l’Economie a critiqué « le manque de responsabilité » des candidats potentiels de la droite en 2017.
« Sur les six candidats (sept en réalité, ndlr) il y a un ancien président de la République et deux anciens premiers ministres », a-t-il constaté, précisant que nulle part ailleurs qu’en France des battus revenaient aussi facilement et souvent dans le jeu. « Le retour en politique n’est pas un droit. Quand on a perdu, un minimum d’introspection est nécessaire », a ajouté Emmanuel Macron. Mais ces critiques n’étaient rien finalement comparées à celles qui ont suivi sur la probité de ces adversaires possibles à la présidentielle.
Juppé et sa condamnation pour prise illégale d’intérêts en 2004
Sans citer Alain Juppé ni Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron les a pourtant attaqués, évoquant la condamnation judiciaire du premier ou l’affaire Bygmalion à laquelle le second est mêlé. « Lorsqu’on est responsable politique, toutes les fautes ne se valent pas et certaines vous disqualifient définitivement », a-t-il estimé, faisant se lever une foule jusqu’alors sagement assise à l’écouter.
Parmi les fautes qui sont disqualifiantes, le leader « d’En marche » a évoqué très précisément le livre IV du code pénal qui réprime les crimes et délits contre la nation, l’Etat et la paix publique. Et l’ex-conseiller de François Hollande de citer notamment « la corruption » et surtout « la prise illégale d’intérêt ».
C’est comme par hasard pour ce motif que le maire de Bordeaux a été condamné à 14 mois de prison avec sursis et un an d’inéligibilité en 2004 dans l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. L’ancien premier ministre avait alors quitté sa mairie girondine pour partir en exil plusieurs mois au Québec
« Quand on a délibérément dépassé le plafond des dépenses… »
Après avoir ciblé le favori de la primaire à droite, il a attaqué son principal challenger de manière encore moins dissimulée.
« Peut-on imaginer se présenter au suffrage des Français alors qu’on a délibérément dépassé le plafond des dépenses autorisées pour sa campagne », s’est également demandé Emmanuel Macron. Impossible de savoir s’il faisait référence à l’invalidation par le Conseil constitutionnel des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2012 ou s’il évoquait l’affaire Bygmalion pour laquelle l’ancien Président est mis en examen.
Il pourrait d’ailleurs très prochainement être renvoyé devant un tribunal, même si un procès avant 2017 est fortement improbable. « Ce n’est plus possible que la classe politique s’arrange avec le droit! », a-t-il conclu.