L’erreur de François Hollande

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Portrait de François Hollande © Malick MBOW
Portrait de François Hollande © Malick MBOW

Il faut parfois résister à la tentation du bon, du trait d’esprit qui fait sourire la salle. Surtout quand on est président. Hier, pour l’anniversaire des 20 ans de la fondation Jacques Delors, François Hollande dit : “quel que soit le vainqueur de l’élection présidentielle américaine, et nous espérons plutôt l’une que l’autre, sans prendre parti, mais il n’y a même pas de choix (rires dans la salle). Mais au-delà de ça (il sourit), quelle que soit la présidente [sic] qui sera élue, les Etats-Unis ne sont plus dans la même conception de la Défense […]”.

Il n’aurait pas dû le dire. Cette phrase est celle d’un premier secrétaire du PS, pas celle d’un président.

  1. Parce que c’est se mêler d’une élection dans un autre pays, ce qui n’est pas l’usage.
  2. Parce que cette élection est extrêmement tendue, que les USA sont à vif. Débouler comme un chien dans un jeu de quille n’est pas habile.
  3. Parce que c’est insulter la moitié des électeurs américains. Des gens qui même s’ils nous semblent inquiétants parfois vivent dans un pays qui n’est pas une dictature, et où les contre-pouvoirs existent. Hollande parle-t-il avec une telle désinvolture des Hongrois qui ont voté Orban ? Des Italiens qui ont voté Berlusconi ? Des Français qui votent Le Pen ? Non.
  4. Parce que mis à part le plaisir de la bonne formule, cela n’aura aucun impact. Cette sortie n’aidera pas Clinton à être élue. Les américains se moquent de l’avis des Français, même quand il s’agit de de leur président. Au contraire même.
  5. Mais surtout parce que c’est insulter inutilement l’avenir. Si Trump est élu, que fera Hollande en janvier ? Il lui présentera ses excuses ? Il fera une blague ? Avec un Trump, pas évident que cela fonctionne. Vu la qualité de nos relations avec la Russie (sic) il n’est vraiment pas nécessaire de compliquer le travail avec les USA.

Et si Clinton est élue ? Hollande ne sera pas d’un coup le “best friend” de la présidence américaine, qui sait que de toute manière que la France, dans sa majorité, aura votée silencieusement pour elle. C’est donc perdant perdant comme aurait dit Ségolène. C’est surtout une erreur diplomatique. A la question que direz-vous à Trump si vous deviez le rencontrer en tant que président, Alain Juppé a répondu “je lui dirais bonjour Donald”. C’est mieux.

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