L’Assemblée nationale ivoirienne a adopté, mardi 11 octobre, le projet de nouvelle Constitution voulue par le président Alassane Ouattara, la quasi-totalité des votants se prononçant en faveur du texte qui doit être soumis à un référendum fin octobre.
Avec 239 voix « pour » sur un total de 249 votants, 8 « contre », 2 abstentions et un absent, le vote a, sans surprise dans une Assemblée presque monochrome (l’opposition avait boycotté les législatives de 2011 et 90 % des 250 députés sont dans la mouvance présidentielle), largement dépassé les deux tiers des voix (167) nécessaires à l’adoption de « l’avant-projet de Constitution ».
Pour le président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, ancien chef de rébellion, les députés ont « écrit une page d’histoire de notre pays ».
Avec cette nouvelle Constitution, c’est « la stabilité de la Côte d’Ivoire que le président Ouattara recherche », a affirmé M. Soro, soulignant que le pays « a souffert vingt-cinq ans durant de l’instabilité de l’Etat ».
Il a rappelé que « seul le peuple souverain en dernier ressort décidera du sort de cette Constitution » lors du référendum qui doit avoir lieu le 30 octobre, date encore non officielle.
« Faire échec à cette initiative anti-démocratique »
Le projet veut en finir avec l’« ivoirité » et « tourner définitivement la page des crises successives » qui ont secoué ce pays, selon le président Ouattara.
Pour en finir avec le concept d’« ivoirité », qui a empoisonné la vie de ce pays d’Afrique de l’Ouest pendant plus d’une décennie et manqué de le plonger dans la guerre civile, le projet clarifie notamment les conditions d’éligibilité à la présidence de la République.
En outre, le texte prévoit la création d’un poste de vice-président « élu en même temps » que le président et d’un Sénat, dont un tiers des membres seront nommés par le président. Il prévoit aussi l’institutionnalisation de la Chambre des rois et chefs traditionnels ou une extension des compétences du Conseil économique et social en matières culturelle et environnementale.
Vingt-trois partis d’opposition, dont le Front populaire ivoirien (FPI) fondé par l’ancien président Laurent Gbagbo, ont dénoncé le projet la semaine dernière. « Craignant que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets », l’opposition appelle les « Ivoiriens à faire échec à cette initiative anti-démocratique et qui menace très gravement la paix et la stabilité ».
« Comment voulez-vous que les Ivoiriens aillent voter dans moins de trois semaines une Constitution de 57 pages qu’ils n’ont même pas eu le temps de lire ? C’est une première mondiale », a déclaré Moriféré Bamba, porte-parole de la Coalition.