Réponse de Thierry MELOT sur l’architecture dite « moderne » et l’architecture dite « traditionnelle »

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Portrait de Thierry MELOT par Malick MBOW
Portrait de Thierry MELOT par Malick MBOW

Bravo pour la création de votre i-revue d’architecture africaine, que je découvre! Lisant que je suis abondamment cité (et partiellement détourné…) j’aimerai apporter quelques commentaires amicaux et critiques:
L’article de Malick Mbow du N° 1 est une tentative intéressante d’identifier l’existence d’un fil conducteur d’une recherche architecturale en Afrique de l’Ouest, mais la réflexion tourne court, et à mon avis faute de matériau et d’exemples…
Qui sont les personnalités de l’architecture africaine, et où sont leurs œuvres que l’on pourrait admirer? les gens ne le savent tout simplement plus!
Or l’important ce sont les œuvres , pas la couleur ni l’origine des auteurs. L’architecture est un art social… il s’adresse à tous, et forge lentement la personnalité d’un territoire et le génie d’un lieu. Les auteurs s’effacent derrière leurs œuvres, et nul n’a besoin de savoir si les maîtres d’œuvres de Saint Louis et de Gorée étaient noirs, métisses ou blancs, portugais français où sénégalais. Ce n’est d’ailleurs pas prises isolément que leurs réalisations sont exemplaires: leur caractère remarquable, qui leur vaut un classement au patrimoine mondial, prend sa source dans la cohérence de l’ensemble urbain dans son site et son époque, de la justesse d’un système constructif économe et climatique, de l’identification d’une collectivité avec sa cité.
Très étrangement, il faut aller en Suisse, à Bâle, pour découvrir une exposition d’architecture africaine sur les années post-indépendance correctement documentée et illustrée d’œuvres marquantes!

Vous pouvez lire aussi l’article sur La parenthèse entre l’architecture dite « moderne » et l’architecture dite « traditionnelle »

Pour aller plus loin , je m’étonne que M. M’bow illustre son article de projets d’auteurs aussi éloignés de l’Afrique que Zaha Hadid, Aymeric Zublena et Groupe 6, qui n’ont jamais eu à se confronter à l’aventure d’y construire!
Quant au regretté Patrick Dujarric, il n’a laissé qu’un bâtiment remarquable , et a consacré sa vie à l’enseignement et la recherche. Cela ne fait pas de lui un auteur, malgré toute l’estime que l’on peut accorder à sa personnalité brillante mais marginale.
Je crois qu’il est temps que la génération en exercice accepte de reconnaître ses vraies filiations et se confronte avec courage à un exercice de lucidité sur le travail à faire pour reconstruire un savoir faire collectif de niveau international. Ce n’est pas en vantant des ouvrages faciles et des signatures sans rigueur ni création que ce renouveau salutaire verra le jour….
Bravo encore pour vos efforts!

Thierry MELOT

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