Leïla Slimani: un Goncourt qui ira loin

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Alors que son roman Chanson douce se vendait déjà très bien, Gallimard a décidé de réimprimer 160.000 nouveaux exemplaires. Un marathon médiatique l’attend. Et elle a deux livres à paraître dès début 2017.


Portrait de Leïla Slimani © Malick MBOW
Portrait de Leïla Slimani © Malick MBOW

«Ce sera un Goncourt grand public», affirmait Antoine Gallimard, quelques minutes après la proclamation du prix décerné à Leïla Slimani, pour Chanson douce(Gallimard). La jeune romancière figurait déjà en bonne place dans le palmarès des meilleures ventes avec plus de 80.000 exemplaires imprimés. La maison d’édition a décidé de réimprimer 160.000 nouveaux exemplaires, ce qu’elle n’avait fait qu’en de très rares occasions.

Et, encore, ce tirage ne devrait pas suffire d’après les rumeurs. Il faudra à nouveau réimprimer. Il y a fort à parier que Leïla Slimani figurera en tête des ventes. Décidément, l’année 2016 s’avère un très bon cru pour la maison installée rue Gaston-Gallimard, dans le VIIe arrondissement parisien. Elle a non seulement décroché le Goncourt, mais elle se retrouve en rupture de stocks avec deux autres titres Lettres à Anne, de François Mitterrand et le nouvel Opus Harry Potter et L’Enfant maudit (pourtant 600.000 exemplaires ont été imprimés).

Pour la lauréate du plus prestigieux prix littéraire français, le marathon ne fait que commencer. Elle a été l’invitée surprise de La Grande Librairie le soir du Goncourt; et ce vendredi matin, elle était reçue par France Inter. Comme souvent, les lauréats du Goncourt effectuent une sorte de tournée de star médiatique et dans les librairies. «Ménagez-vous», lui a conseillé un membre du Goncourt, sachant, par ailleurs, qu’elle attendait un heureux événement.

Son roman Chanson douce, dont onze pays avaient déjà acheté les droits de traduction, a connu un nouveau pic après l’annonce de l’académie Goncourt: quatre nouveaux pays se sont manifestés. Et là, aussi, cela ne devrait pas s’arrêter là.

Sa carrière d’écrivain ne fait que commencer

Bernard Pivot, président de l’académie Goncourt, prédit même une carrière cinématographique au livre. «Le cinéma va sans doute s’en emparer, le travail scénaristique est quasiment fait», affirme-t-il, louant également la «dramatisation» du sujet. Cette histoire d’une nounou qui tue les deux enfants dont elle a la garde est un sujet grand public, d’après les jurés.

«Le sujet est né du fait que moi-même j’ai eu des nounous dans mon enfance, j’ai été très sensible à leur place dans la maison, où elles sont à la fois comme des mères et des étrangères. J’ai découvert qu’elles pouvaient être des personnages très romanesques», expliquait la jeune romancière de trente-cinq ans, qui avait, à un moment, voulu embrasser une carrière de comédienne.

Son éditeur, Jean-Marie Laclavetine est heureux, lui qui a travaillé avec elle dès son premier roman Dans le jardin de l’ogre publié en 2014. Il se faisait discret lors de la remise du Goncourt à sa jeune romancière. «C’est une expérience particulièrement émouvante, j’ai lu ses premières pages. Il y a eu énormément de dialogues. C’est incroyable que cela aille aussi vite. Elle ne fait que commencer une grande carrière d’écrivain.»

Sexe et mensonges au Maroc

Et cela démarrera dès le début de l’année 2017 avec un recueil de nouvelles d’abord parues dans l’hebdomadaire Le 1Le Diable est dans les détails (éditions de l’Aube, le 6 janvier) et un essai dont on va sans doute beaucoup parler: Sexe et mensonges: être jeune au Maroc (parution aux Arènes, en mars 2017).

Une enquête sur la sexualité des jeunes au Maroc et le malaise d’une société écartelée entre le sexe dans le mariage accepté socialement et les pratiques sexuelles hors mariage ou hors la loi niées notamment la prostitution, l’homosexualité, le tourisme sexuel. D’après son éditeur, Leïla Slimani dévoile la volonté des jeunes Marocaines de libérer leur corps de cette soumission sociale et de sortir des tabous.

La romancière ne sera pas seule dans ce marathon qui l’attend. Sa mère qui vit au Maroc a eu une «intuition» ce jeudi 3 novembre au matin, à 4h00. Elle décidait de prendre l’avion Rabat-Paris pour être près de sa fille dans l’après-midi. Elle n’a pas fait le voyage pour rien.

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