Un baobab est tombé. Le lead vocal du mythique groupe Baobab a rendu l’âme dans la nuit du mercredi à jeudi à l’âge de 71 ans à l’hôpital Principal de Dakar. El Hadji Ndiouga Dieng plonge le Sénégal dans la tristesse. Aussi bien les fans que les artistes pleurent tous la perte d’un talent.
[quote]Je vous annonce une mauvaise nouvelle : notre ami et camarade Ndiouga Dieng est décédé cette nuit (mercredi).[/quote]Cette phrase de Balla Sidibé, membre de l’Orchestra Baobab, à l’Agence de presse sénégalaise (Aps), a rapidement fait le tour du Sénégal. Ainsi, l’auteur du tube culte On verra ça a rendu l’âme à l’âge de 71 ans, dans la nuit de mercredi à jeudi, des suites d’une maladie qui l’a cloué au lit pendant un certain temps. Il laisse ainsi le Sénégal orphelin d’un «musicien talentueux», selon Youssou Ndour. Le lead vocal du Super Etoile a confié hier sur les ondes de la Rfm que «Ndiouga Dieng était un artiste au professionnalisme exemplaire». «Un homme très reconnaissant», a-t-il ajouté. Avec le groupe Baobab, ils ont fait 4 fois le tour du monde en portant les couleurs du Sénégal. «Un jour, il m’a vu dans un spectacle et aussitôt, il a interrompu son concert et me fit monter sur scène. Il a pris son temps pour me remercier d’avoir contribué à la reconstruction de Baobab. Son décès est une triste nouvelle pour le Sénégal. Je présente mes condoléances à sa famille, au monde de la culture ainsi qu’à tous le Sénégal», a affirmé le roi du mbalax.
Même son de cloche chez Guissé Pène. L’ancien secrétaire général de l’Ams, sous le choc, a reconnu qu’«il s’agit là d’une grande perte pour le Sénégal». «Je suis triste parce que nous avons perdu l’un de nos plus grands chanteurs découvert dans les années 70. Membre de Baobab, il a fait le tour du monde pour représenter dignement le Sénégal. Le Sénégal est plongé dans un grand vide. Il nous a laissé un héritage. Il s’agit de Alpha et Momo Dieng, ses deux fils. J’espère qu’ils vont assurer la relève», a dit Guissé Pène. Il regrette toutefois qu’au Sénégal l’on ne mesure pas souvent l’importance du devoir de mémoire et de reconnaissance envers nos artistes. «Ce décès doit introduire une réflexion sur notre obligation de rappel de nos grands artistes. Il faut arrêter les discours sur la prise en charge des artistes. On en parle depuis, mais jusqu’à présent rien n’est fait. La culture est une division de la société. Elle permet le rayonnement du Sénégal à l’extérieur. Et on doit s’occuper de ses acteurs», a plaidé M. Pène.
«Il est irremplaçable», selon Assane Mboup
Si certains acteurs à l’instar de Guissé Pène et Youssou, bien qu’attristés, ont été prompts à dire un mot sur le décès de l’illustre disparu, Assane Mboup, ex-membre de Baobab, joint par téléphone, a difficilement trouvé ses mots pour confier sa profonde tristesse. Réagir au décès de celui qu’il considère comme son «père» a été un exercice douloureux. «Je suis abattu. Je ne sais quoi dire. J’ai appris la nouvelle et j’ai du mal à le réaliser. Que Dieu l’accueille dans son paradis ! Durant les 10 ans que j’ai cheminé à ses côtés, je retiens de lui un homme pieux, dévoué et jamais avare en conseil. Il m’a toujours prêté une oreille attentive. Il est irremplaçable aussi bien dans Baobab que dans la société. Je suis sous le choc, je ne peux pas en dire plus», relève-t-il, la voix étreinte d’émotion. Il est à noter que El Hadji Ndiouga Dieng, bien que connu sous la casquette de musicien, était un conseiller municipal à Bargny. Il était électricien de formation et a intégré le Baobab en 1970. On lui doit le titre Dee mo woor. Un morceau qui résume parfaitement l’homme. Dans cette chanson, il rappelle que «peu importe la notoriété, l’argent et le pouvoir, il faut s’armer de courage et vivre dans le droit chemin, car on est appelé à mourir». Il a donné l’exemple jusqu’à son dernier souffle dans la nuit du mercredi dernier. La levée du corps est prévue ce matin à 10 heures, à l’hôpital Principal de Dakar.