Le père de la révolution cubaine, Fidel Castro, est mort vendredi à l’âge de 90 ans. C’est son frère, Raul, qui l’a annoncé à la télévision cubaine. Selon ses dernières volontés, Fidel Castro devrait être incinéré dans la journée. Ses funérailles auront lieu le 4 décembre prochain. A partir d’aujourd’hui, un deuil national de 9 jours a été décrété.
“Ce soir, à 10h29, le commandant en chef de la révolution cubaine, Fidel Castro Ruz, est mort”, a déclaré Raul Castro, vêtu de l’uniforme vert-olive popularisé par son frère lorsqu’il dirigeait l’île communiste.
“Jusqu’à la victoire, toujours”, a-t-il conclu, reprenant les morts si souvent prononcés par Fidel Castro.
Les hommages des pays alliés et amis de Cuba se sont multipliés samedi, de New Delhi à Moscou, en passant par Caracas ou Johannesburg.
Proche du régime cubain depuis le rapprochement opéré par son ancien dirigeant Hugo Chavez, le Venezuela a salué la mémoire de Fidel Castro et invité “les révolutionnaires du monde entier à suivre son héritage”, par la voix de son président Nicolas Maduro.
Arrivé au pouvoir en 1959, l’ancien avocat a dirigé Cuba d’une main de fer pendant près de cinq décennies et a pris une place centrale au cours de la Guerre froide.
A La Havane, les rues sont restées calmes en raison de l’heure tardive de l’annonce de la mort de Fidel Castro. Plusieurs habitants ont toutefois exprimé un chagrin qui contrastait avec les scènes de liesse observées à Miami, capitale officieuse de la diaspora anticastriste.
“Je suis bouleversée. On peut dire ce que l’on veut, il s’agit d’une figure que tout le monde respectait et aimait”, a déclaré Sariel Valdespino, étudiant à La Havane.
A Miami des exilés cubains se sont réunis dans les rues, brandissant des drapeaux, dansant et tambourinant sur des poêles et des casseroles. “C’est le plus beau jour de ma vie, les Cubains sont enfin libres”, se réjouissait Orlidia Montells, âgée de 84 ans.
Représentante républicaine au Congrès et membre de la communauté américano-cubaine de Miami, la parlementaire Illeana Ros-Lehtinen a de son côté salué la mort d’un “tyran”.
“Un tyran est mort et une nouvelle ère peut s’ouvrir sur le dernier bastion communiste de l’hémisphère occidental”
Diabolisé par les Etats-Unis et leurs alliés, Fidel Castro n’en a pas moins suscité l’admiration de millions de militants et dirigeants de gauche, en Afrique et en Amérique latine, notamment, où plusieurs dirigeants se revendiquent de son héritage.
Considéré comme une menace pour le monde libre, le régime communiste cubain a nargué des années durant les Etats-Unis, symboles du capitalisme occidental et distants d’à peine 150 kilomètres. Au total, dix présidents américains ont occupé la Maison blanche au cours du règne de Fidel Castro.
Malgré les efforts déployés par les Etats-Unis, la CIA et les anticastristes, c’est la maladie qui a fini par vaincre “El Comandante”, qui a passé le relais du pouvoir à son frère, Raul, à titre provisoire en 2006, définitivement en 2008.
En avril, lors d’une de ses rares apparitions publiques, Fidel Castro a stupéfait le parterre de caciques du Parti communiste devant lesquels il s’exprimait, en évoquant sa mort qu’il disait imminente.
“Mon tour viendra bientôt. Notre tour viendra, mais les idées des communistes cubains resteront”, avait-il déclaré.
Si Raul a toujours glorifié son frère et son oeuvre, il a parallèlement oeuvré pour ouvrir l’île communiste par une politique de petits pas, introduisant des réformes économiques et surtout, en rétablissant les relations diplomatiques avec Washington en 2014.
Fidel Castro est resté discret sur le rapprochement opéré par son frère et il n’a pas rencontré Barack Obama lorsque ce dernier s’est rendu à Cuba en mars dernier, une première pour un président américain depuis 1928.
Il a en revanche dénoncé quelques semaines plus tard l’attitude “mielleuse” de Barack Obama, rappelant aux Cubains les efforts déployés des décennies durant par les Etats-Unis pour renverser le régime de La Havane.
Reclus, Fidel Castro n’exerçait ces dernières années plus aucune fonction, se contentant de publier dans la presse des commentaires évoquant les affaires du monde ou de rencontrer des dirigeants étrangers.
Sa mort, qui aurait autrefois provoqué d’intenses interrogations sur l’avenir de l’île, ne devrait pas susciter la moindre difficulté dans l’immédiat, tant l’assise de son frère Raul semble solide.
Âgé de 85 ans, ce dernier a promis de se retirer au terme de son mandat, en 2018, et le Parti communiste cubain a promu au Politburo une nouvelle génération de dirigeants, dont Miguel Diaz-Canel, premier vice-président en poste et héritier présumé.
“Je ne pense pas que la mort de Fidel soit un véritable test. Le vrai test sera la transmission du témoin à la génération suivante et ce qui se passera quand Raul se retirera”, estimait Phil Peters, du Lexington Institute, en Virginie, avant la mort de Fidel Castro.
source : M6 Info