Le vainqueur de la primaire de la droite, François Fillon, s’était doté d’un logiciel pour cibler le plus finement possible ses électeurs potentiels.
Et si c’était son attrait pour les nouvelles technologies qui lui avait permis de faire la différence dans la dernière ligne droite? Comme ses rivaux à la primaire, le très technophile Fillon était équipé de l’incontournable NationBuilder, logiciel qui permet de gérer d’énormes bases de données militantes, d’occuper le terrain sur les réseaux sociaux ou de lever des fonds. Mais l’ex-Premier ministre avait dans sa manche une autre carte numérique. Son nom? Federavox.
Déjà utilisé par Valérie Pécresse pour sa campagne victorieuse aux régionales en Ile-de-France, ce programme applique les méthodes de marketing électoral en vogue aux Etats-Unis depuis plusieurs années. En croisant différents critères (résultats des élections passées, données de l’Insee, taux de participation), l’application permet de cibler les circonscriptions où les électeurs de droite potentiels sont les plus nombreux. Et de les «prioriser» pour les actions militantes, comme on dit dans le jargon managérial. Tractage, boîtage, réunion d’appartements ne se pratiquent plus de manière aléatoire mais selon une cartographie politique précise.
Un outil utilisé à droite comme à gauche
«Pour aller chercher plus de voix au second tour, par exemple, on a analysé les scores de Fillon mais aussi le pourcentage d’électeurs sarkozystes. On a pris plusieurs critères et on les a pondérés pour produire une nouvelle carte électorale», expose Alexandra Dublanche, cofondatrice de la société Federavox avec son mari Romain Dublanche et Gatien Bon. Comme ce dernier, la jeune femme a étudié à Harvard, où les élites américaines sont formées aux meilleurs outils de big data électoral et… de business.
Alexandra Dublanche réfute néanmoins toute intention lucrative, elle qui est par ailleurs conseillère régionale LR d’Ile-de-France et fille du député filloniste Philippe Goujon. «On a tous des activités professionnelles à côté. Ce projet, c’est juste pour aider des candidats dans lesquels on croit», assure celle qui se définit comme une «énorme fan» de François Fillon. Tout juste saura-t-on que le coût du logiciel s’élève à «environ 3000 euros pour un candidat aux législatives».
Selon Alexandra Dublanche, Federavox n’a qu’un concurrent made in France sur le marché : 50+1. François Hollande s’était doté pour sa campagne de 2012 de ce programme, conçu par trois militants de gauche passés par Harvard (décidément !). Il est désormais utilisé par un certain… Emmanuel Macron.
source : Paris Match | Ghislain de Violet