PROSPECTIVE. D’après un rapport du cabinet Elioth réalisé pour la mairie de Paris, la capitale pourrait, d’ici 2050, devenir une ville neutre en termes d’émissions de carbone. Notamment en ayant recours à la massification de la rénovation énergétique et en favorisant les procédés de construction les plus écologiques.
En 2032, rénover 24.000 logements privés par an
Comme 70% des bâtiments parisiens sont classés entre E et G sur l’échelle du diagnostic de performance énergétique, la massification de la rénovation énergétique des logements est, pour Elioth, un des piliers du progrès. Il est ainsi envisagé, à l’horizon de 2032, d’atteindre un rythme de 5.500 rénovations de logements sociaux par an, et de 24.000 dans le parc privé. Pour déclencher et financer ces travaux, le RGE pourrait être ouvert à certains syndics de copropriétés, formés et certifiés sur ces sujets. La garantie de performance énergétique se systématiserait de manière à rassurer les maîtres d’ouvrage et les investisseurs.
Mais qui paierait ? « Le financement des projets se ferait grâce aux économies réalisées sur trente ans, à l’intervention éventuelle de tiers financeurs, et à la mobilisation des aides et prêts publics pour l’amélioration de l’habitat : Eco-PTZ collectif, CITE, certificats d’économies d’énergie, aides de l’Anah. » Pour les ménages les plus modestes, Elioth imagine un rapprochement entre la mairie de Paris et la Caisse des dépôts pour « proposer des offres de tiers financement attractives ».
Tripler l’usage du bois dans la construction
Dans cette logique « zéro carbone », la manière de construire et de rénover est totalement bouleversée. « Dès leur conception, les bâtiments neufs sont pensés dans une logique ‘zéro déchets' », écrivent les auteurs de l’étude. Les matériaux biosourcés, « puits de carbone », sont largement privilégiés (bois, liège, paille, chanvre, laine de mouton…). Pour diminuer le coût des travaux, sont privilégiées des méthodes d’intervention efficaces et rapides, faisant appel à la préfabrication. Elioth envisage également, en 2030, de tripler l’usage du bois dans la construction, et en 2050, à ce que 20% des toits parisiens soient équipés de panneaux photovoltaïques.
Enfin, le pilotage et le suivi des consommations et de production de l’énergie, ne se fera pas sans une « généralisation » de la domotique, du déploiement des compteurs communicants et de la démocratisation des technologies du big data.
« Il est donc possible de changer d’ère en moins de 40 ans, et il est rassurant de savoir que Paris a déjà vécu un cycle analogue de transformation, pour nous autoriser à penser que l’ampleur des changements annoncés dans ce rapport n’est pas tant ambitieuse, que rationnelle et raisonnable », concluent les auteurs de l’étude.