La Smart Buildings Alliance veut un label pour la connectivité des bâtiments

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La Smart Buildings Alliance veut un label pour la connectivité des bâtiments
WiFi smartphone © Fotolia

Après avoir mis sur pied son référentiel R2S (« Ready to Services ») la Smart Buildings Alliance veut aller plus loin en développant un label dédié en travaillant avec Certivea, HQE et Cerqual Qualitel. Le but : distinguer les bâtiments connectés et communicants avec leur environnement, gage de qualité d’usage pour les occupants. Explications avec Emmanuel François, président et co-fondateur de l’association SBA.

La numérisation touche tous les domaines de la vie quotidienne et tous les secteurs de l’économie. Même s’il est encore le moins numérisé de tous, le monde de la construction s’y met, notamment par le biais de la maquette numérique (BIM) ou du carnet de santé du logement. Emmanuel François, président et co-fondateur de l’association Smart Buildings Alliance for Smart Cities (SBA), résume : « Le bâtiment n’échappe pas à Internet. Les usagers sont connectés en permanence, grâce à leur smartphone. Mais c’est le secteur qui investit le moins dans les technologies de l’information-communication (TIC), avec moins de 1 % par an. Pourtant, la numérisation a un impact sur la productivité et l’efficience de tous les autres secteurs industriels. Et le bâtiment intéresse aujourd’hui de nouveaux acteurs comme Google ou Apple« . Les bâtiments sont donc soumis aux lois qui régissent l’Internet, à savoir la mutualisation et le partage des ressources ou l’accélération des cycles. Des principes peu compatibles avec la logique de la construction.

La connectivité, une valeur clef

« Les bâtiments doivent être flexibles, modulaires, sécurisés… Et d’ici trois ans, toutes les nouvelles constructions seront connectées. Elles devront être ‘Ready to Services’ (R2S) sous peine de perdre de leur valeur, car tout le monde souhaitera qu’ils rendent ces services« , assure le spécialiste. De la même façon qu’une valeur verte est apparue, valorisant les immeubles à impact environnemental réduit, une valeur « connective » pourrait surgir. Et dévaloriser de -20 à -30 % les bâtiments en retard dans le domaine du numérique. Alain Kergoat, membre de SBA, précise : « Un bâtiment connecté et disposant de réseaux n’est évidemment pas suffisant. C’est seulement un prérequis. Il faut de l’interopérabilité, de la sécurité, une politique de gestion des données et une offre de services« . Le bâtiment deviendrait donc une plateforme de services, un objet actif de la ville intelligente.

Pour y parvenir, les deux spécialistes recommandent que les trois couches, matérielle, infrastructure et services, soient indépendantes et évolutives, grâce à l’interopérabilité des systèmes. Ils estiment donc que le standard IP s’appliquera à l’ensemble de la construction : « L’Internet sera le quatrième fluide du bâtiment, après l’eau, l’air et le gaz« . Les données recueillies par le BIM en phase d’exploitation alimenteront d’ailleurs cet écosystème : « La data, c’est l’or noir du 21e siècle ! Cependant, comme le pétrole, il faut la raffiner pour l’utiliser« , déclare Alain Kergoat. Autre impératif selon les membres de SBA : placer l’usager au centre des démarches, et non les systèmes. « L’usager notera les bâtiments, les quartiers et les villes, comme il le déjà fait pour les restaurants ou les autres services« , prévient Emmanuel François. Et gare à ceux qui négligeraient cette évolution des usages.

Améliorer la productivité par le confort d’usage

« Les enjeux économiques sont importants : un gain de 10 % en productivité pourrait entraîner un bénéfice de 12,5 Mrds €/an. Une réduction des consommations par une meilleure gestion amènerait 4,5 Mrds € supplémentaires. L’optimisation de l’utilisation des espaces dans les immeubles tertiaires dégagerait 8 Mrds € de plus. La réduction de l’absentéisme : 4,5 Mrds €…« , énumèrent-ils. Le « R2S » ne serait donc pas trop cher, au regard des gains attendus. Emmanuel François espère même que la rénovation des bâtiments s’accélèrera dans les 10 ans, pour qu’elle génère 100 Mrds € de bénéfices pour toute l’économie française, seulement grâce à une meilleure efficience. « L’investissement trouvera sa rentabilité sur l’ensemble de la durée de vie. Quant à la prétendue complexité, ce sont en fait des technologies éprouvées, maîtrisées. Des professionnels intégrateurs de réseaux sont parfaitement en capacité de l’accompagner« , rajoute Alain Kergoat.

Le label R2S est en cours d’élaboration par l’association avec le concours des certificateurs Certivéa, Alliance HQE et Cerqual (ce dernier, pour les bâtiments de logement). Il devrait être présenté à l’automne prochain. « Au-delà de R2S, il faudra aussi du Ready2Grids, c’est-à-dire que le bâtiment soit capable de s’ouvrir vers l’extérieur et de communiquer avec son environnement, qu’il devienne un maillon actif des réseaux intelligents« , anticipent déjà les deux experts. Ils plaident donc pour l’intégration dans les futurs cahiers des charges d’un lot « smart » distinct, s’appuyant sur le cadre de référence Ready2Services. Ils estiment également nécessaire de développer un bail numérique ou de penser en amont la continuité des services au-delà du seul bâtiment. Se projetant encore plus dans l’avenir, ils envisagent que tout un bouquet de technologies de pointe entreront dans les constructions, comme la reconnaissance vocale ou faciale, la récolte d’énergie, le LiFi, les blockchains, la réalité augmentée ou le power over Ethernet… Autant de solutions qui répondront aux grandes tendances de la demande, comme l’information en temps réel, l’autonomie accrue des salariés ou la mobilité durable.

source : Bati Actu

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