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PRESIDENTIELLE 2017. Sortie de l’Euro, barrières douanières, retraite à 60 ans… des dirigeants d’entreprises, comme des organisations, prennent la parole pour dire leur préoccupation face aux propositions notamment économiques, de la candidate FN, Marine Le Pen. Découvrez leurs tribunes et lettres ouvertes.
Les prises de position se multiplient au cours de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle. Frédéric Coirier, le président du directoire du groupe Poujoulat s’était déjà fendu d’une missive auprès de ses 1.500 employés pour les inciter à ne pas voter pour les extrêmes lors de ce scrutin. D’autres dirigeants, du monde industriel ou d’organisations professionnelles, prennent aujourd’hui la parole pour alarmer les électeurs notamment sur le programme économique proposé par le Front National.
La sortie de l’Euro, une catastrophe pour Veolia autant que pour une PME
Parmi eux par exemple, Antoine Frérot, le président-directeur général de Veolia, s’est exprimé dans les colonnes des Echos. Il écrit : « L’analyse attentive du programme de Marine Le Pen permet d’en déceler les conséquences sur les activités d’une entreprise telle que Veolia« . Puis passe sur les aspects économiques : « Mises à part les TPE et les PME, le Front National affiche une vision de grande défiance vis-à-vis des entreprises, alors que ce sont elles qui créent des richesses et des emplois. Comme s’il n’était pas possible à une entreprise de croître sans être antisociale ! Comme si les grandes entreprises n’avaient pas d’abord été des PME qui ont réussi ! Comme si la France devait regretter d’avoir donné naissance à de nombreux leaders mondiaux« . Le p-dg souligne « les risques » que fait peser l’application de ce programme sur la « stabilité politique » du pays « indispensable aux échanges commerciaux » et aux investissements qui financeront la modernisation des infrastructures, la recherche et la relance de l’industrie, selon lui. Sur la monnaie unique, il enfonce le clou : « Quant à la sortie de l’Euro, ce serait une catastrophe pour les entreprises françaises et les habitants« . La mesure phare de Marine Le Pen « se traduirait par la hausse du prix des matières premières et des biens importés, ainsi que le renchérissement de beaucoup d’investissements industriels« . Antoine Frérot conclut : « Fermer les frontières et s’isoler ne m’a jamais paru être une solution (…) Que pèseraient, seuls, 65 millions de Français, face à 7 milliards d’humains ? Mieux vaut revoir le fonctionnement de l’Europe plutôt que la quitter« . Toujours dans Les Echos, Martin Bouygues, p-dg du groupe de BTP, déclare laconiquement : « Le choix de Marine Le Pen, je ne l’envisage pas. Les catastrophes économiques, très peu pour moi. Le monde est déjà assez dur comme ça« .
Même constat pour Marie-Hélène Radigon, vice-présidente d’ESP Groupe, une PME spécialisée dans la fabrication de pompes et systèmes pour le transport des eaux industrielles. Une entreprise d’une toute autre taille que les mastodontes précédents, qui réalise 3 M€ de chiffre d’affaires annuel et exporte un quart de sa production vers la Chine. La dirigeante livre cette tribune : « La sortie de l’Euro serait une véritable catastrophe pour une entreprise comme la mienne. La monnaie s’écroulerait, les taux d’intérêt grimperaient, il ne serait plus possible d’investir. Dans un tel scénario, je mets la clef sous la porte et je vais ailleurs« . Elle insiste sur les difficultés que poseraient également les taxes sur les importations : « Nous sommes distributeurs en France de produits italiens spécifiques sur notre marché. Si ces produits sont taxés, je ne pourrai plus les vendre à un prix compétitif à mes clients« . Selon elle, « toutes les PME un peu internationales ont des fournisseurs européens« . Une sortie de la monnaie unique entraînerait également des complications administratives et bancaires pour effectuer des virements. Marie-Hélène Radigon martèle : « Revenir en arrière, ce serait une perte de temps et d’argent considérable« .
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Associations, syndicats et fédérations : « Oui mais… » pour Macron
De nombreuses organisations et associations, syndicales ou non, ont également fait part de leur inquiétude ou de leur engagement contre le FN. L’Association des Maires Ruraux de France adresse une lettre ouverte à Emmanuel Macron. Ceux qui revendiquent d’être « en première ligne pour recueillir et comprendre les motivations de leurs concitoyens » se disent fatigués de « se battre pour conserver l’essentiel des services publics« . Ils souhaitent que la France sorte – non pas de l’Europe – mais « de l’idéologie portée par les funestes lois territoriales des derniers temps » et fustigent la tendance à la centralisation : « La France rurale souffre d’être maintenue à la marge et ignorée par les pouvoirs publics qui n’ont que le mot ‘métropolisation’ à la bouche« . Mais ils annoncent : « Le vote Frontiste est un symptôme et non une solution » puis dénoncent « des propos démagogiques« . Le courrier fait valoir : « Les Maires ruraux chérissent la démocratie et la République et pour cela, sans tergiverser, appellent à voter pour le seul candidat qui incarne ces valeurs, M. Emmanuel Macron« . Pour autant, ils ne donnent pas un blanc-seing au leader du mouvement En Marche ! et précisent qu’il s’agit d’un « OUI MAIS« , en souhaitant voir adopter les 150 propositions concrètes qu’ils ont formulé lors de leurs Etats GénérEux de la Ruralité.
Autre prise de position, plus radicale, celle de la CFDT Construction et Bois, qui, à l’issue de son conseil fédéral de la fin du mois d’avril, déclare : « Le Front National est un parti autoritaire, antidémocratique, xénophobe et de régression sociale. Il se nourrit des peurs et porte dans sa matrice la recherche permanente de boucs émissaires et la stigmatisation de catégories de la population pour opposer les Français et les citoyens les uns aux autres« . Le communiqué annonce : « En conscience et responsabilité, le dimanche 7 mai 2017, nous appelons nos adhérent(e)s et nos sympathisant(e)s à participer massivement au scrutin et à voter pour faire battre le Front National« . Mais il tempère également : « Le vote pour Emmanuel Macron n’est pas un vote d’adhésion à son programme, pour lequel la CFDT a déjà porté un regard critique« . Il s’agit donc uniquement de faire barrage au FN.
La Fédération Française du Bâtiment, pour sa part, se félicite qu’Emmanuel Marcon ait « imposé dans les débats le thème essentiel de la fracture territoriale » qui se dessine entre métropoles riches et villes en déclin. Elle se déclare prête, avec ses adhérents, à relever le défi « en accompagnant toute mesure permettant d’irriguer d’activité et d’emploi l’ensemble du territoire » afin de lutter contre la désertification des centres villes et l’inadaptation de l’offre de logements. Et la fédération plaide pour une action concertée de l’ensemble des parties prenantes : Etat, élus, bailleurs sociaux et entreprises. De son côté, la Fédération Syntec avait appelé plus clairement, dès le 26 avril, à voter « contre Marine Le Pen, et donc, en faveur d’Emmanuel Macron« .
source : Bati Actu