Drones : des acteurs français tournés vers les professionnels

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Drones : des acteurs français tournés vers les professionnels
Drone en carrière © Airware

TENDANCE. Airware a signé un partenariat commercial avec SenseFly, une filiale de Parrot, pour proposer aux grandes entreprises un service d’analyse de données recueillies par des drones. A l’autre extrémité du spectre, Parrot propose maintenant ses machines légères aux artisans, architectes et PME. Tour d’horizon des grandes tendances du marché des engins volants par Emmanuel de Maistre, fondateur de Redbird et vice-président d’Airware.

Le marché du drone commercial – c’est-à-dire non militaire et qui n’est pas de loisir – est en pleine évolution : les réglementations changent et s’adaptent, notamment outre-Atlantique où les choses se sont débloquées en 2016 (« Part 107« ), après des années de complications administratives. En Europe, l’harmonisation entre les différents pays n’est pas encore à l’ordre du jour mais elle pourrait aboutir en 2019 ou 2020. La situation favorable de la France, où des règles ont été fixées assez tôt (dès 2012), a permis de faire émerger un réel marché où 5.000 opérateurs sont aujourd’hui enregistrés auprès des autorités. « Le drone commercial représentera un marché de 500 millions de dollars en 2017 au niveau mondial« , précise Emmanuel de Maistre, co-fondateur de Redbird, une startup française fondée en 2013 et qui a fusionné en septembre 2016 avec Airware, son partenaire américain.

Développer une offre intégrée de services aux entreprises

Il analyse : « Les sociétés américaines ont des moyens bien plus importants que les sociétés européennes. Chacune d’entre elle a levé entre 20 et 40 M€, ce qui ne se voit pas en Europe. Airware, la championne, a même réussi à lever 90 M€« . Du côté des clients, la généralisation de l’usage des drones pose un défi : « Les grands acteurs internalisent aujourd’hui ces missions, comme Colas, Eiffage, la SNCF, Bouygues ou Vinci, qui disposent tous de filiales dédiées« . Cependant, le passage de la simple expérimentation, où quelques dizaines de personnes planchent sur le sujet, à un véritable déploiement opérationnel sur des milliers de sites, impose encore un large recours à la sous-traitance à des entités spécialisées. Emmanuel de Maistre cite l’exemple des constructeurs d’engins comme Komatsu, John Deere ou Caterpillar, qui signent des partenariats avec des acteurs du monde des drones. « Redbird a initié cette tendance en 2014, avec Bergerat Monnoyeur, le distributeur de Caterpillar en France« , raconte Emmanuel de Maistre. Un premier pas qui a mené, en 2016, à la signature d’un contrat avec Caterpillar, d’abord pour la région Europe-Moyen Orient-Afrique puis au niveau mondial. Et qui a débouché, au début de 2017, à une prise de participation minoritaire de Caterpillar dans Airware, le propriétaire de Redbird.

« Le fabricant d’engins ne veut pas rater sa transformation digitale« , poursuit le spécialiste. « Il y a un co-développement avec Caterpillar pour combiner données de drones et données terrestres captées par des objets au sol« . Les possibilités offertes sont quasi-infinies : « Ce n’est plus une simple cartographie mais une aide à l’optimisation de la productivité« . Car les drones travaillent plus rapidement et plus précisément que de l’imagerie satellitaire, dont les clichés exploités datent souvent d’un an ou plus. Un atout dans le domaine des mines et carrières notamment, où des relevés photogrammétriques sont réalisés en quelques heures puis directement traités par des logiciels ad hoc dans le Cloud, pour un résultat fourni en moins d’une journée, là où une semaine de travail était nécessaire à des géomètres-topographes. « Et le livrable n’est pas un simple fichier .pdf mais un véritable modèle 3D de la carrière« , argumente le vice-président d’Airware, qui montre les plans, coupes et statistiques qu’il est possible d’obtenir en quelques clics sur une tablette. Il est ainsi possible d’améliorer le profil des pistes afin d’économiser les pneus des tombereaux, réduire leur consommation de carburant ou accroître la sécurité en contrôlant la hauteur des bordures en moellons. « Le challenge est d’apporter au client minier une économie de fioul de l’ordre de 10 %« , fait-il valoir.

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Drones pour la construction : des machines de plus en plus sophistiquées

Drones : des acteurs français tournés vers les professionnels
Bebop 2 © Parrot

Les engins volants télé-opérés peuvent couvrir de grandes surfaces, comprises entre 50 et 80 hectares, grâce à leur autonomie importante, à l’image de la machine à voilure fixe SenseFly eBee (groupe Parrot). Des géants de l’aéronautique se penchent aujourd’hui sur la question, avec des machines de plus en plus grosses, de 10 à 50 kg, « mais la construction n’est pas encore leur marché« , assure Emmanuel de Maistre. Le marché potentiel français s’élève tout de même à 50.000 chantiers et 4.000 carrières, de quoi susciter l’intérêt de nombreuses entreprises. « Le taux d’adoption du drone reste encore faible, mais la bascule va se faire rapidement, dans les 15 à 18 mois« , estime-t-il.

A l’autre extrémité de l’éventail, Parrot, groupe français célèbre pour ses machines de loisir, annonce le développement d’une offre dédiée aux professionnels de l’immobilier et du bâtiment. Présent sur le marché du civil depuis 2012, il souhaite désormais proposer des solutions tout-en-un construites autour de machines déjà éprouvées par le grand public. Deux offres ont été lancées : le Parrot Bebop-Pro Thermal, pour l’inspection thermique des bâtiments, qui s’adressera aux couvreurs, plombiers et entreprises de la construction afin d’obtenir des données et des images en direct, et le Bebop-Pro 3D Modeling, plutôt destiné aux architectes, artisans et agents immobiliers, voire aux assureurs. Cette seconde solution permet de créer des modèles 3D interactifs, de suivre l’avancement d’un chantier ou de faire un relevé des dimensions du bâtiment. La machine, qui ne pèse que 500 grammes, se pilote sans formation ni qualification, à l’aide d’un smartphone ou d’une tablette. La marque détaille : « En une dizaine de minutes, le Parrot Bebop 2 survole la zone, recueille photos et données de façon autonome. Elles sont ensuite analysées et converties en un modèle 3D texturé réaliste par le logiciel de traitement d’images Pix4Dmodel, en seulement 30 minutes« .

Et les technologies convergent toutes vers l’automatisation des engins : « Le futur c’est l’UTM, Unmanned Trafic Management qui permettra aux drones d’être opérés par un logiciel de contrôle aérien automatisé. Les systèmes vont devenir autonomes, ce qui ouvrira encore plus le ciel aux drones« . Des mini-transpondeurs seront développés afin de localiser en permanence toutes les machines volantes, leur permettant de couvrir seules de grandes distances. Le fondateur de Redbird analyse : « Le marché de la surveillance des réseaux, comme ceux de RTE, de la SNCF ou d’oléoducs, n’est pas encore mature. Mais il fait partie de la prospective« . Le spécialiste, qui prévoit d’être présent sur Intermat en 2018 aux côté d’EPC, une société spécialisée dans les explosifs pour carrières, conclut : « Le machine learning, c’est-à-dire l’intelligence artificielle représente l’avenir« . L’industrie des drones – pourtant déjà très technologique – n’en est encore qu’à ses balbutiements…

source : Bati Actu

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