SECURITE. Les effondrements d’échafaudages sont rares en France. Pourtant, c’est ce qui vient de se produire en plein cœur de Paris ce 10 mai. Rappel des règles à respecter pour l’installation et l’utilisation de ces structures avec Gabriel Staniul, responsable technique du Syndicat Français de l’Echafaudage du Coffrage et de l’Etaiement (SFECE).
Batiactu : Quelle est la première chose à faire avant de monter un échafaudage ?
Gabriel Staniul : La première démarche est de réaliser un projet d’implantation au sol. Lorsque la structure est ouverte et qu’elle nécessite de prendre en compte le passage du public, il faut faire une demande d’autorisation auprès de la voirie en présentant justement ce projet d’implantation.
Batiactu : Et ensuite ?
Gabriel Staniul : Ensuite, il y a le montage. Il doit se faire en respectant la notice et le plan d’exécution du fabricant. Au-delà de 24 mètres de hauteur (soit environ 8 étages), une note de calcul doit être faite par un bureau d’étude, en général réalisée par le fabricant mais ce n’est pas obligatoire. Lorsque l’échafaudage est attaché à un mur, les installateurs procèdent à la mise en place des ancrages et/ou amarrages. L’ancrage consiste à creuser une partie du mur avec une cheville pour y installer un piton. Pour l’amarrage, procédé un peu moins utilisé, il s’agit de créer une sorte de cadre autour d’une porte ou d’une fenêtre. Lors du montage, il est indispensable de vérifier ces ancrages et amarrages au fur et à mesure de l’installation pour s’adapter au mieux à la surface de l’immeuble.
Batiactu : Y a-t-il des contrôles une fois le montage fait ?
Gabriel Staniul : A la fin du montage bien entendu mais pas seulement. Tout d’abord, l’échafaudage doit être vérifié avant sa mise en service par l’utilisateur, c’est-à-dire par l’entreprise intervenant sur le chantier. Ensuite, l’utilisateur doit procéder à une vérification journalière. Tous les matins, l’entreprise doit s’assurer que rien a bougé, que personne ne soit monté dans la nuit et ait retiré ou abîmé la structure.
Batiactu : Les utilisateurs doivent donc être formés ?
Gabriel Staniul : Oui, ils ont l’obligation de suivre une formation donnée par un organisme agréé.
Batiactu : De plus en plus de travaux sur les façades concernent des ITE, pour lesquelles une épaisseur vient s’ajouter au mur d’origine. Dans ce cas, comment les échafaudages sont-ils installés ? Y a-t-il des règles particulières à respecter ?
Gabriel Staniul : La règle est claire. La limite de vide à ne pas dépasser est de 20 cm. Au-delà de cet espace, il y a l’obligation d’installer des garde-corps intérieurs. Ce qui est le cas pour les travaux d’isolation par l’extérieur, les entreprises ont en effet besoin d’un recul de 40 à 50 cm. Pour respecter les normes, il faut commencer par installer un garde-corps complet, par l’intérieur et l’extérieur. Une fois que l’isolation est posée, le garde-corps intérieur est retiré. Et c’est là que le risque est le plus grand. Aujourd’hui, il n’y a pas d’obligation pour l’utilisateur de suivre une formation pour démonter une partie de la structure. Or, le démontage est aussi important que le montage. Si la structure n’est pas démontée dans le bon ordre ou qu’un élément est retiré alors qu’il ne devrait pas l’être, la structure peut être fragilisée.
Gabriel Staniul :
-Faire installer l’échafaudage par une entreprise sérieuse avec une qualification reconnue du type Qualibat ou CCP (certificat de compétence professionnelle).
– Former son personnel à l’outil et à sa modification.
– Faire les vérifications obligatoires, avant mise en service mais aussi et surtout quotidiennement. J’attire aussi l’attention sur les cas où les entreprises procèdent au piochage de la façade. Pour ce type de travaux, il est indispensable de vérifier la solidité des amarrages.
Avec ces trois recommandations, on évite les problèmes.