Tourisme en Afrique: l’essor des marchés intérieurs

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Une touriste prend en photo la place Djemaa el-Fna à Marrakech (Maroc). ABDELHAK SENNA / AFP
Une touriste prend en photo la place Djemaa el-Fna à Marrakech (Maroc).
ABDELHAK SENNA / AFP

Avec l’essor des classes moyennes, le tourisme en Afrique n’est plus seulement l’apanage des étrangers. Les Marocains partent en vacances au Maroc, les Dakarois s’échappent le week-end pour aller dans de petits hôtels ou campements sur la Petite Côte, tandis que les Sud-Africains des grandes villes émigrent chaque décembre, en plein été austral, sur les plages du Cap et de Durban, ou dans les lodges et réserves animalières du Mpumalanga et du Kwazulu-Natal.

Le Maroc est devenu le pays le plus touristique d’Afrique, avec l’Afrique du Sud, depuis la dégringolade de la Tunisie et de l’Egypte, touchées par des attentats et les soubresauts de leurs révolutions de 2011. Avec une particularité: au royaume chérifien, pas moins de 30 % des nuitées recensées dans les hôtels du pays sont achetées par des Marocains, selon les statistiques de l’Office du tourisme.

De plus en plus, les résidents nationaux – et pas seulement les émigrés marocains en Europe qui reviennent en vacances – profitent de la diversité de l’offre chez eux. Leurs préférences ne sont pas les mêmes que celles des étrangers. Plutôt que Marrakech, Essaouira ou Agadir, ils fréquentent surtout Meknès et Fès, deux villes de l’intérieur chargées d’un riche patrimoine architectural, ainsi que la ville balnéaire de Tétouan, qui donne sur la Méditerrannée.

Un tiers des recettes générées par le marché local au Sénégal

Au Sénégal, le tourisme international décline depuis de longues années, une baisse aggravée par l’instauration en 2013 d’un visa à 50 euros. Ce dernier a été supprimé en 2015, et les arrivées ont grimpé de 20% la même année, pour atteindre 1,6 millions de visiteurs selon le ministère du Tourisme. Le marché intérieur, désormais, est clairement visé par les opérateurs du pays, puisqu’il représente l’un des piliers du tourisme, en contribuant à 36% des recettes générées en 2015 par le secteur, selon les chiffres du ministère.

« Il faut développer une nouvelle forme de promotion du tourisme, car nous avons une classe moyenne qui représente un segment important de la demande », note Bocar Ly, le directeur de la Société d’aménagement et de promotion des côtes et zones d’intérêt touristique du Sénégal (Sapco). Cette société a lancé en 2016, à Saly, station balnéaire de la Petite Côte, la première Semaine du tourisme local, en présence du chanteur Youssou Ndour, ancien ministre du Tourisme entre 2012 et 2013.

Le Sénégal, qui repense sa stratégie, sollicite ses artistes pour faire sa promotion : le groupe Daara J a réalisé en 2016, avec l’Agence sénégalaise de promotion touristique, un clip léché et intelligent qui montre les meilleurs côtés du pays. Seul problème : le prix des nuitées reste hors de portée pour les bourses sénégalaises. Il est exorbitant à Dakar avec une facture moyenne de 42 000 francs CFA (64 euros), et une demande qui porte à 31% sur les hôtels deux étoiles et 42% trois étoiles, contre seulement 6% pour les cinq étoiles. La capitale reste la zone la plus fréquentée par les touristes étrangers comme locaux (41%) avant la Petite Côte (35%), la région de Saint-Louis (7%) et la Casamance (4%).

Les trois quarts des touristes en Afrique du Sud

En Afrique du Sud, principale destination sur le continent avec le Maroc, les deux pays comptant environ 10 millions de visiteurs par an, le gros des troupes de touristes étrangers vient de Grande-Bretagne, d’Allemagne, des Etats-Unis et de Chine. Mais les trois quarts des touristes sont issus du marché intérieur, selon le ministère du Tourisme. Le segment, où dominent les ménages blancs qui sont toujours les plus aisés, est visé par les autorités, qui souhaitent le démocratiser.

Seul problème : 48% des Sud-Africains n’ont pas les moyens de voyager, indique le ministère du Tourisme. En outre, une culture dominante parmi les Sud-Africains noirs fait qu’en dehors de visites à des amis ou des parents, il n’y a « pas de raison de voyager ».

Le gouvernement veut cependant persuader les ménages les moins aisés de passer ne serait-ce qu’un week-end par an dans un site touristique, afin de soutenir la création d’emplois. Une stratégie nationale de développement du marché intérieur sur la période 2012-2020 a été élaborée, visant à créer 225 000 emplois et à faire passer de 54% en 2009 à 60% en 2020 la part des recettes touristiques générée par le marché intérieur.

Autre phénomène corollaire de l’essor des classes moyennes africaines : l’intérêt croissant des Africains pour leur propre continent, qui fait par exemple du Maroc une destination en vogue pour les Sud-Africains, qui ne se contentent plus des plages du Mozambique et de l’île Maurice.

source : Rfi

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