Sénégal, le printemps des juges ?

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Les juges de la Cour Suprême du Kenya qui viennent d’invalider l’élection présidentielle de leur pays, viennent de montrer à leurs pairs africains que l’indépendance de la Justice n’est pas un vain mot sous nos cieux. 

Les juges de la Cour Suprême du Kenya qui viennent d'invalider l’élection présidentielle de leur pays
Les juges de la Cour Suprême du Kenya qui viennent d’invalider l’élection présidentielle de leur pays

Pour éviter que le Kenya qui avait basculé dans une violence inouïe, ne s’y enlise, suite aux fraudes massives qui ont entaché la sincérité du scrutin du 8 août dernier, ils ont assumé l’entièreté de leurs responsabilités, en annulant purement et simplement cette élection très controversée. Tout en invitant les candidats à retourner dans les starting-blocks pour un nouveau départ.

Une première en Afrique où les chefs d’État se prennent pour des démiurges et se croient irremplaçables.  Ce geste courageux posé par les juges Kenyans, annonce un vent nouveau, qui est en train de souffler sur le continent. Un bel exemple pour les Africains, qui ne cessent de réclamer une Justice indépendante, au service exclusif de leur peuple.

Pour ne pas être en reste, au Sénégal ce problème se pose avec acuité et de nos jours, la Justice est souvent mise au banc des accusés, accusée à tort ou à raison d’être instrumentalisée par le pouvoir Exécutif. Aujourd’hui, l’immixtion réelle ou supposée, de l’Exécutif dans les affaires judiciaires, est devenue une réalité, de sorte que systématiquement, dès lors que des politiques ont maille à partir avec la Justice, on crie à l’acharnement ou à la tentative d’élimination d’un adversaire.

Le cas Khalifa Sall qui fait débat actuellement ou celui de Karim Wade hier, sont des exemples assez illustratifs de ce dialogue de sourds. Quant aux verdicts rendus par le Conseil Constitutionnel, ils continuent d’être contestés, aussi bien sous Diouf, Wade , hier, que sous Macky Sall aujourd’hui.

De sorte qu’à chaque fois que les 5 sages devenus 7, doivent rendre une décision, les populations ne se font pas tellement d’illusions, car toutes les décisions rendues sont en faveur du régime en place, comme si sagesse rimait avec accointances avec le pouvoir.

Ce fut le cas lors de la 3e candidature controversée de Me Wade que les 5 sages avaient validée, alors que tous les constitutionnalistes l’avaient jugée anticonstitutionnelle. Une décision qui avait failli plonger le pays dans le chaos, n’eut été la maturité du peuple grâce au vote duquel, le pire a été évité.

Aujourd’hui comme hier, alors que les conditions d’un scrutin équitable et apaisé, étaient loin d’être réunies -des millions de Sénégalais ne disposaient pas de cartes d’identité, le Conseil Constitutionnel a néanmoins donné son aval pour une modification majeure des conditions de vote. Comme pour cautionner les failles béantes- préméditées ?, observées dans l’organisation du scrutin.

Ce qui a d’ailleurs, donné lieu à de nombreux couacs et entraîné des vagues de contestations et de récriminations. Heureusement, qu’une fois de plus, le peuple a encore fait preuve de maturité. Et les politiques, eux, c’est pour quand la maturité ? Car tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse.

Et c’est là toute la leçon à retenir de l’exemple kényan, qui a vu la justice prendre la pleine mesure de ses responsabilités, pour sauver l’équilibre et la stabilité de tout un pays.

Un vent nouveau est en train de souffler sur la magistrature au Sénégal et certains frémissements fondateurs d’espoir, sont perceptibles avec des juges comme Ibrahima Hamidou Dème ou encore Souleymane Telicko, héraut, porte-étendard d’une nouvelle génération de jeunes magistrats comme quoi, aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années.

source : Leral

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