L’UE tente de trouver un compromis sur le glyphosate

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Des militants de "Stop Glyphosate" manifestent à Bruelles, le 25 octobre 207 Photo JOHN THYS. AFP
Des militants de « Stop Glyphosate » manifestent à Bruelles, le 25 octobre 207 Photo JOHN THYS. AFP

Une période d’utilisation réduite entre cinq et sept ans: c’est la solution avancée par la Commission européenne pour faire accepter mercredi une nouvelle autorisation pour le glyphosate, herbicide controversé que le Parlement européen veut éliminer progressivement des sols de l’UE.

L’exécutif européen voudrait enfin obtenir une décision claire des Etats membres lors d’un vote attendu au sein du comité d’experts réuni à Bruxelles à huis clos depuis le début de la matinée.

Une dizaine de manifestants de l’initiative européenne citoyenne «Stop Glyphosate» étaient réunis devant le bâtiment, brandissant des panneaux contre cet herbicide.

Le sujet devient de plus en plus pressant, la licence du glyphosate expirant en décembre.

Alors qu’elle proposait jusqu’à présent un renouvellement pour dix ans, la Commission a décidé mardi, à la veille du vote prévu, de «donner de la marge» à son propre mandataire au sein du comité d’experts.

«Nous voulons que toute décision soit prise autour d’une majorité de nos Etats membres la plus grande possible», a expliqué le porte-parole de la Commission, Margaritis Schinas.

Plusieurs pays membres –France, Italie, Autriche– ont publiquement annoncé qu’ils s’opposeraient à un renouvellement pour dix ans. Mais Paris a aussi exprimé sa préférence pour une durée réduite.

Il faut une majorité qualifiée –55% des Etats membres représentant 65% de la population– pour accepter ou rejeter la proposition de la Commission, difficile à atteindre sans les poids lourds démographiques de l’UE.

Cette saga du renouvellement de la licence du glyphosate dure depuis plus de deux ans dans l’UE. Agacée de voir les Etats membres se défiler, la Commission répète inlassablement depuis l’été que la décision doit être une affaire de «responsabilité partagée».

De discussion technique entre spécialistes des produits phytosanitaires, le glyphosate est devenu un enjeu politique du fait des interrogations sur son impact sanitaire.

Des ONG, Greenpeace en tête, mènent depuis de longs mois une campagne intensive à Bruxelles contre la substance, et une pétition paneuropéenne a obtenu plus de 1,3 million de signatures, un des plus gros succès pour ce type d’initiative citoyenne dans l’UE.

Mardi, c’est le Parlement européen qui a exigé que la Commission revoit sa copie. Un avis sans valeur contraignante, mais la décision de la Commission est tombée seulement quelques heures plus tard.

– ‘Esquive’ –

Plus qu’un renouvellement limité dans le temps, les eurodéputés se sont exprimés avec une large majorité en faveur d’une disparition progressive du glyphosate dans l’UE d’ici fin 2022. «Un signal fort aux gouvernements nationaux», ont affirmé les eurodéputés socialistes Eric Andrieu et Marc Tarabella.

«Ce qui importe, c’est la quantité de glyphosate utilisé et comment il est utilisé, pas la durée de la licence. Le Parlement et les Européens veulent une interdiction, pas une manoeuvre d’esquive qui ne change rien» au risque pour la population et l’environnement, a déploré Franziska Achterberg, de Greenpeace.

Le texte du Parlement fait notamment référence à l’étude du Centre international de recherche sur le cancer, un organe de l’OMS, qui a classé la substance «cancérogène probable» en 2015, contrairement aux agences européennes, l’Efsa (sécurité des aliments) et l’Echa (produits chimiques). Depuis, la controverse scientifique ne s’éteint pas.

Dans leur résolution, les eurodéputés appellent aussi à aider les cultivateurs pour trouver une alternative viable au glyphosate, herbicide le plus utilisé dans l’UE, plébiscité pour son efficacité et son faible coût.

Le principal syndicat européen d’agriculteurs, le Copa-Cogeca, a d’ailleurs fait part de sa «déception».

«Cela donne le mauvais signal au public concernant la sécurité de cet herbicide bien connu», a regretté son secrétaire-général, Pekka Pesonen qui, comme la Commission, s’appuie sur l’avis de l’Efsa.

L’exécutif européen a plusieurs fois expliqué que d’autres autorités nationales de régulation sont allées dans le même sens, ainsi qu’un comité commun de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation) et l’OMS.

Le vote du Parlement n’a pas manqué de faire grincer les dents de l’industrie des pesticides en Europe (ECPA), pour qui cette position reflète «l’hostilité contre l’industrie, et de façon plus inquiétante, contre la science».

Les eurodéputés eux estiment que des courriels et des documents internes du géant de l’agrochimie Monsanto, attaqué aux Etats-Unis par des victimes de cancers, jettent «le doute» sur la «crédibilité» d’études scientifiques publiées ou sponsorisées par l’Américain.

 

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