Touba dans la trajectoire politique du Sénégal : Du Ndigueul à l’engagement militant des Mbacké-Mbacké

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Ayant fondé son ascension politique sur le vote rural, face à Me Lamine dont les Quatre Communes étaient la chasse-gardée, l’opposant, de confession chrétienne, Léopold Sédar Senghor doit une fière chandelle au soutien que lui a apporté le vénéré Serigne Fallou Mbacké à la veille des Législatives du 17 juin 1951 qu’il a remportées.

De cette date à sa regrettable disparition en 1968, le deuxième khalife général des Mourides a toujours joué le rôle du « sauveur » paternaliste aux côtés du président-poète.

Celui-ci, en retour, n’a ménagé aucun effort pour que la Grande Mosquée de Touba sorte de terre, conscient qu’était l’alors chef de l’Etat du prix que le marabout attachait à l’achèvement des travaux relatifs à cet édifice religieux.

C’est ainsi qu’on se rappelle que lors de la crise sociale et universitaire de Mai 68, Serigne Fallou avait prononcé une allocution, diffusée sur les ondes de Radio Sénégal, pour demander aux contestataires de mettre fin à la grève.

Ce qui se fit le 13 mai 1968. Son successeur au khalifat Serigne Abdou Lahat Mbacké était un confident très respecté du deuxième président de la République du Sénégal Abdou Diouf.

A quelques encablures de la présidentielle de 1988, Baye Lahat donna à tous les Mourides injonction ferme de voter pour le chef de l’Etat sortant.

Un soutien qui a été déterminant quant à l’issue du scrutin, car le contentieux post-électoral qui s’ensuivit indiqua que l’écart fut serré entre Wade et un Diouf alors éprouvé par les contrecoups néfastes de la sécheresse et de la vague de privatisations d’entreprises nationales et de suppressions d’emplois issue de l’application des Plans d’ajustement structurel qui induisit une Nouvelle politique agricole défavorable aux ruraux.

Quid du cinquième khalife général des Mourides Serigne Saliou Mbacké ?

Ce dernier observa une stricte neutralité à l’égard des différentes chapelles politiques, se gardant, le long de son khalifat, de donner des consignes de vote.

Suprême curiosité : Senghor et Diouf n’étaient pas encartés Mourides et ont, malgré cela, bénéficié des consignes de vote des différents khalifes généraux qui se sont succédé entre 1945 et 1989, alors que Abdoulaye Wade, en vrai disciple, n’a pas eu le privilège d’un Ndigueul vertical.

Pourtant, le Pape du Sopi, réputé génie politique, s’est positionné très tôt à l’endroit idéal pour s’attirer la sympathie des Mourides.

Quand il a fallu qu’il ajouta l’idéologie travailliste à l’armature théorique du Pds, il parla de travaillisme mouride, inspiré de l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba.

Qui plus est, il compta parmi les premiers bailleurs de son parti Serigne Cheikh Mbacké Gaïndé fatma, fils du premier khalife général, Serigne Moustapha Mbacké et premier dans la lignée des petits-fils de Serigne Touba.

En outre, il est le seul chef d’Etat sénégalais à s’être s’agenouillé devant la première autorité de Touba au point de provoquer un texte incendiaire d’un célèbre universitaire qui attaqua : « La République à genoux ».

Macky Sall peine à reconquérir l’électorat de Touba largement favorable au Parti démocratique sénégalais. Certes le porte-parole du Comité d’organisation du Grand Magal de Touba était la tête de liste de la coalition présidentielle aux dernières Législatives, mais jusqu’ici le khalife s’est gardé de donner aux disciples l’ordre de voter pour l’actuel chef de l’Etat ou pour sa coalition.

Pour renverser la tendance, le Plan Sénégal Emergent a consacré une attention particulière à la ville sainte avec, principalement, la construction, en cours, de l’autoroute Ila Touba (qui n’était pas inscrite dans le programme politique du candidat de « Macky 2012 »).

Le terrain cédé par le Ndigueul est présentement occupé par des Mbacké-Mbacké qui ne comptent plus observer les choses de loin. En 2 000, le candidat indépendant Serigne Ousseynou Fall a obtenu un résultat honorable devançant même Mademba Sock du FRAP, alors auréolé de son statut de martyr.

Quelque temps après, Serigne Modou Kara Mbacké fonde le Pvd, qui aura une latéralité à travers le MODEL, que dirige son neveu Ibrahima Sall, actuel directeur général de la SICAP, coordonnateur déchu de la Coalition « Macky 2012 », ancien bras droit du milliardaire El Hadj Djily Mbaye et premier parti allié de l’Apr.

Un fils du guide des Thiantacounes, Cheikh Béthio Thioune, a aussi créé un parti et s’est présenté aux législatives de 2012 pour obtenir un siège. Serigne Moustapha Mbacké Gaïndé Fatma était le principal allié de l’ex-Premier ministre Abdoul Mbaye aux élections du 30 juillet passé.

Les leaders locaux de la plupart des grands partis politiques du Sénégal sont des Mbacké-Mbacké. C’est dire, pour finir, qu’il y a une mutation qui s’opère dans le landernau politique à Touba.

Toutefois, la transition du Ndigueul à l’engagement ouvert sera-t-il aussi facile qu’on le pense ?

source : Dakar Actu

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