Des exercices navals massifs et sans précédent sont menés depuis ce week-end et jusqu’à ce mardi 14 novembre par les marines américaines et sud-coréennes, dans les eaux situées entre le Japon et la péninsule coréenne. Pas moins de trois porte-avions américains y participent. Cette démonstration de force vise la Corée du Nord, dont le programme nucléaire est au cœur de la tournée asiatique du président américain Donald Trump, qui se termine ce mardi.
De notre correspondant à Séoul,
Avec trois porte-avions, 11 navires de guerre américains et 7 destroyers sud-coréens, ces manœuvres constituent la plus importante démonstration de force des Etats-Unis depuis une décennie : la dernière fois que trois de ses porte-avions ont mené un tel exercice, c’était il y a dix ans, au large de l’île de Guam dans le Pacifique.
L’opération comprend des simulations d’attaques sur des infrastructures nord-coréennes, des exercices de surveillance maritime, de défense anti-aérienne et de ravitaillement en mer.
L’objectif est d’afficher les capacités de dissuasion des deux alliés, face à un régime de Pyongyang qui multiplie tirs de missiles et essais nucléaires. Ce sont aussi les premiers exercices conjoints depuis que Séoul et Washington ont annoncé fin octobre une hausse du déploiement d’armements américains stratégique sur la péninsule.
Les critiques de Pyongyang
Pyongyang a protesté lundi 13 novembre dans une lettre envoyée au secrétaire général de l’ONU. Le régime y qualifie ces manœuvres à proximité de ses côtes « d’exercices de guerre nucléaire » et accuse les Etats-Unis de vouloir « conduire l’humanité à la catastrophe. » Le Nord critique aussi les récents survols de la péninsule par des bombardiers nucléaires américains B-52 et promet de persévérer dans ses ambitions nucléaires.
Il faut noter que Pyongyang s’est abstenu de tout essai nucléaire ou balistique depuis deux mois. Mais cette retenue n’est pas nécessairement liée aux manœuvres en cours ou au renforcement des pressions : chaque année, le régime évite les tirs de missiles à l’approche de l’hiver.
Séoul joue les équilibristes
Ces exercices montrent aussi que l’unité souhaitée par Donald Trump face à la Corée du Nord n’est pas si simple à obtenir. Les Etats-Unis souhaitaient des exercices trilatéraux auxquels aurait aussi participé la marine japonaise. Tokyo était d’accord, mais des sources diplomatiques (1) affirment que Séoul a refusé.
La Corée du Sud cherche sans doute à ménager la Chine : les deux pays ont récemment décidé de normaliser leurs liens très dégradés par le récent déploiement sur le territoire sud-coréen d’un système américain d’interception de missiles.
Pékin a commencé à lever ses sanctions visant les entreprises sud-coréennes, et en contrepartie Séoul a promis que sa coopération militaire avec le Japon et les Etats-Unis ne se transformerait pas en alliance trilatérale. Coincée entre un Nord nucléarisé, un puissant voisin chinois et un allié américain de plus en plus vindicatif, la Corée du Sud est ainsi obligée de jouer les équilibristes.
source : Rfi