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CONSTRUCTION DURABLE. Avec trois lauréats différents dans le palmarès des Green Solutions Awards 2017, la Belgique devance la France (deux récompenses). Les gagnants de ce concours international, révélés à Bonn dans le cadre de la COP23, présentent un ensemble de solutions destinées à inspirer les professionnels de la construction durable dans le monde entier. Tour d’horizon.
Ça y est, les lauréats de la compétition internationale Green Solutions Awards 2017 sont connus. Ils ont été révélés à Bonn lors de la conférence sur le climat COP23. Christian Brodhag, le président de Construction 21, résume : « Avec ce concours, Construction 21 souhaite diffuser à travers le monde des solutions concrètes mises en œuvre par des pionniers, qui contribueront à limiter le réchauffement climatique en-deçà de 2 °C« .
Pour lui, le défi est de transformer radicalement les modes de vie pour atteindre rapidement la neutralité carbone. Une mobilisation générale, des collectivités et des entreprises sera donc nécessaire, au-delà de celle des seuls Etats.
Le credo des Green Solutions Awards est donc de faire connaître les solutions innovantes pour inspirer des professionnels du monde et les inciter à adopter massivement des pratiques vertueuses.
L’édition 2017 mêle bâtiments, quartiers et infrastructures de diverses régions du monde, Europe, Afrique, Asie et Amérique latine. Dans son édito, Christian Brodhag note : « Retenons notamment les bâtiments situés en zone tropicale, qui démontrent qu’il est possible de concilier confort thermique sous climat chaud et sobriété énergétique.
Saluons également l’entrée de la Chine dans le réseau Construction 21, avec une quinzaine de projets cette année. Ou l’élargissement du concours aux infrastructures, avec des projets de production d’énergies renouvelables, de mobilité durable ou de gestion d’eau« .
Ce sont donc 19 nations différentes qui ont soumis des candidats (Allemagne, Autriche, Belgique, Brésil, Burundi, Chine, Croatie, Emirats arabes unis, Espagne, Etats-Unis, France, Italie, Indonésie, Japon, Luxembourg, Maroc, Mexique, Sénégal, Tanzanie), et certains pays ont réussi à tirer leur épingle du jeu en démontrant tous leurs savoir-faire.
La France présentait cette année 12 dossiers différents, rendus publics à Paris au début du mois de septembre. Lesquels ont été retenus dans le palmarès final ?
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Grand Prix Ville Durable : Cité du Centenaire (Belgique)
La cité du Centenaire à Charleroi a fait l’objet d’une réhabilitation urbaine. Créé en 1959, le quartier est inspiré des cités jardins et s’est naturellement mué en écoquartier. Le projet de renouvellement a fait l’objet d’une démarche de conservation du patrimoine architectural.
L’intervention portait sur l’écomobilité et les modes de déplacement doux, sur la performance énergétique et la rénovation du bâti ainsi que la construction de bâtiments passifs, et sur la diminution de l’empreinte environnementale du quartier en encourageant les relations sociales en son sein.
Les produits de démolition ont été valorisés par réemploi et recyclage. Les enfants des écoles ont été sollicités pour participer à l’habillage artistique du pignon d’un des immeubles, où des panneaux de laine minérale ont été posés.
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Grand Prix Infrastructure durable : Filtering gardens (Brésil)
Le système de dépollution Filtering gardens a été déployé à Rio de Janeiro. Cette biotechnologie développée par Phytorestore utilise un écosystème humide pour dépolluer les eaux et les rendre réutilisables tout en recréant des espaces verts.
Des jardins filtrants qui prennent la forme de bassins remplis de substrats spéciaux plantés de végétaux locaux soigneusement sélectionnés. Au niveau des racines, des interactions permettent un traitement de l’eau sans ajout de produits chimiques ou bactériologiques.
L’efficacité repose entièrement sur des propriétés naturelles permettant d’envoyer moins d’eau vers le réseau d’égouts et participent au rafraîchissement urbain. Les jardins génèrent même des crédits carbone.
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Grand Prix Rénovation durable : Projet 55 (Belgique)
Le Projet 55 est une opération de rénovation de maison de maître, inscrite à l’Inventaire du Patrimoine belge, située dans le centre-ville de Mons, pour parvenir au standard « Zéro énergie ». Il combine donc une isolation poussée, une étanchéité à l’air optimisée, une ventilation repensée avec récupération de chaleur et des détails constructifs maîtrisés.
Une installation photovoltaïque vient s’ajouter à l’ensemble pour couvrir la consommation électrique du bâtiment. Une simulation dynamique a été réalisée pour évaluer le risque de surchauffe et le combattre de façon passive à l’aide de protections solaires et de free-cooling.
Le Projet 55 intègre également des éco-matériaux (laine de bois, cellulose, plâtre recyclé, bois, enduits à l’argile) qui améliorent encore l’analyse du cycle de vie de l’édifice ainsi que son bilan confort et santé. La maison accueille désormais les bureaux de la société Homeco, et sert de lieu de visite et de formation dans les techniques de développement durable pour diffuser les bonnes pratiques.
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Grand Prix Construction durable : BSolutions (Belgique)
L’immeuble de bureaux de Gembloux, certifié passif et BREEAM, a été conçu pour démontrer le savoir-faire Net Zero Energy Building des bureaux d’architectes et d’études BSolutions.
Il est construit sur trois niveaux et permet une autonomie par niveau, grâce à trois groupes de ventilation dotés d’approvisionnements énergétique et photovoltaïque indépendants. L’optimisation est le fruit de la conception architecturale, de l’implantation et d’une volumétrie compacte.
Le bâtiment est semi-enterré, afin de profiter d’une isolation thermique naturelle et de l’inertie du sol. L’orientation est également cruciale, pour les apports de lumière et l’installation des panneaux photovoltaïques qui couvrent 60 % des besoins électriques.
Santé et confort ont également été intégrés à la démarche : les espaces intérieurs ont été pensés avec des matériaux sains et l’acoustique est étudiée grâce à des revêtements de sol et vitrages adaptés.
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Energie & Climats tempérés : Kirstein & Sauer (Allemagne)
Encore un immeuble tertiaire à énergie positive, cette fois implanté à Bielefeld (Allemagne). Mixte dans ses usages, il accueille un supermarché en rez-de-chaussée et des bureaux à l’étage.
Son exemplarité, voulue par le maître d’ouvrage, tient à l’utilisation de solutions techniques éprouvées, permettant un haut niveau de performances à un coût économique réduit, ainsi qu’à une planification énergétique et un pilotage précis tenant compte des systèmes et des utilisateurs.
Le bâtiment est raccordé à un réseau de chauffage urbain alimenté en énergie de récupération, qui permet de le chauffer par des planchers à basse température.
Les systèmes de ventilation/rafraîchissement travaillent en évaporation adiabatique tandis qu’une installation solaire apporte l’intégralité du courant électrique.
Le bâti a été conçu pour être modulables et s’adapter ainsi aux besoins de ses occupants.
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Energie & Climats chauds : groupe scolaire Bois d’Olives (France)
Le groupe scolaire Bois d’Olives de Saint-Pierre de la Réunion compte 12 classes et s’inscrit dans une démarche de développement durable spécifique aux climats (sub)tropicaux, appuyée par l’outil de calcul Perene.
Le bâtiment adopte une architecture bioclimatique qui structure ses volumes et oriente les choix techniques. Il s’agit notamment d’abriter les cours des vents dominants (secteur Est et Sud-Est), d’adopter une grande toiture parasol et parapluie renforçant cette protection et de créer des espaces de préaux de surfaces supérieures pour améliorer le confort des usagers.
La protection solaire a été réfléchie pour chaque baie vitrée tandis que l’organisation générale des locaux favorise la ventilation traversante. Le mode constructif, en voie sèche avec ossature bois, apporte une réponse aux questions de confort hygrothermique.
Les eaux pluviales infiltrées sont gérées et les jardins amènent un surcroît de confort vis-à-vis des poussières. Enfin, les dispositifs électriques sont optimisés afin de parvenir à un bilan énergétique positif.
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Bas Carbone : la Voûte Nubienne (Sénégal)
La Maison des Yvelines est un bâtiment administratif assorti de logements situé à Ourossogui, au Sénégal. Il adopte une technique ancestrale adaptée aux pays du Sahel, celle de la voûte nubienne.
Cette dernière associe briques de terre crue et mortiers de terre, ce qui rend l’ensemble résistant aux intempéries et fournit un certain confort thermique grâce à l’inertie des matériaux.
Une solution qui a l’avantage supplémentaire de réduire l’impact carbone du bâtiment en valorisant une ressource locale, et de produire un édifice à faible coût. Un concept hautement reproductible dans cette région.
La voûte ouvre également un vaste éventail de possibilités grâce à sa modularité : habitations, bureaux, établissements de santé… tout type d’usage est possible. Construction 21 a aimé « la gestion frugale des ressources« .
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Smart building : Ampère E+ (France)
A l’autre extrémité du monde de la construction, bien loin de la terre crue, l’immeuble de bureaux Ampère E+ de Courbevoie est issu de la réhabilitation profonde d’une tour datant de 1985.
Le bâtiment conjugue aujourd’hui les hautes technologies pour parvenir à des bonnes performances énergétiques et offrir un confort accru à ses usagers.
Il multiplie les certifications : HQE Excellent, BREEAM Very good, BBC Effinergie Rénovation, Well Core & Shell, Well Interiors et label Cradle to Cradle.
L’intelligence d’Ampère E+ réside dans sa démarche d’intégration des solutions et d’innovation ouverte avec des partenaires techniques.
Une GTB avancée et une application mobile dédiée permettent de contrôler éclairage et température dans les espaces de travail.
Le smartphone sert également de badge virtuel, de moyen de paiement au restaurant d’entreprise et indique la disponibilité des salles de réunion.
Le bâtiment est équipé d’un système de stockage de l’énergie générée par des panneaux photovoltaïques et d’une solution de récupération de l’énergie cinétique des ascenseurs, reposant sur l’utilisation de batteries usagées de voitures.
Ce qui permet de récupérer entre 5 et 15 % d’énergie capable d’alimenter en partie le bâtiment et lui conférant la possibilité de s’effacer temporairement du réseau, si besoin.
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Santé & Confort : siège de la China National Petroleum Company (Chine)
Pour sa première participation, la Chine décroche une récompense avec le projet de complexe tertiaire CNPC, implanté à Pékin.
Ce vaste ensemble de 22 étages comprend des bureaux, des salles de conférence, des espaces de restauration, des salles de sport et des parkings, qui accueillent en moyenne 3.500 personnes par jour. Santé et confort ont été mis au cœur de la conception, selon les concepts de la certification locale « Healthy building ».
Sept facteurs ont été pris en compte, dont la qualité de l’air, celle de l’eau, l’alimentation, le confort, les exercices physiques, les interactions sociales et l’accès aux services. Pour contrôler le niveau des polluants – un vrai challenge à Pékin – la ventilation comporte une double purification, passive et active, couplée à un système de pilotage. L’eau subit un processus similaire.
source : Bati Actu