Un documentaire de CNN montre des migrants vendus aux enchères comme esclaves en Libye. Cette pratique est fréquente dans ce pays vandalisé par une coalition dirigée par la France pour assassiner son président Mouammar Khadafi en 2011. Les esclaves coûtent en moyenne entre 120.000 et 180.000 FCFA. Ils sont principalement originaires du Nigeria, de la Gambie et du Sénégal.
Eh, oui! Des Sénégalais sont vendus comme esclaves en 2017 au vu et au su du monde entier. Bien-sûr, aucune autorité sénégalaise n’en fera jamais mention, comme n’ont jamais été évoqués publiquement les cas des centaines de nos compatriotes morts dans la macabre immigration clandestine. Ces morts n’existent pas, ces esclaves doivent se débrouiller avec leur funeste sort sans pouvoir espérer une quelconque assistance gouvernementale.
De toute façon, les Sénégalais sont victimes d’esclavage depuis belle lurette. Esclaves de systèmes d’enseignement, d’administration et de modes de production datant de la colonisation française qui empêchent tout essor ou développement. Notre Constitution est calquée sur celle de la France et la langue du colonisateur est toujours notre langue officielle, sa monnaie garantit la nôtre qu’il fabrique encore et que lui seul a la possibilité de dévaluer.
Notre système politique est la pâle copie de celui du colonisateur français : nos pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire sont copiés-collés. Nous avons toujours une économie de traite centrée autour de la monoculture arachidière, l’abscence de tissu industriel, l’importation de tous nos besoins et les impôts et taxes collectés pour tout et sur tout. Notre histoire n’est pas encore écrite, notre géographie est ignorée, nos héros désacralisés par des modes et moyens d’éducation datant de l’esclavage de l’infâme Code noir de Napoléon.
Ce système oppressif empêche de libérer les énergies et nous donne une mentalité d’esclave, faite de fatalisme et de soumission volontaire et involontaire. Nous avons tellement accepté cet état de fait inacceptable que rien ne sera fait pour libérer les esclaves sénégalais de Libye.
Mamadou Sy Tounkara