SOS Casamance est une organisation humanitaire et sociale de la Goutte d’or. Elle agit, dans ce quartier politique de la ville, mais aussi en Afrique, sur le terrain de l’éducation et de la prévention. Rencontre avec Amadou Sylla, homme d’engagement et président de l’association.
Dans le quartier de la Goutte d’Or, le spectre des actions mises en places par l’association SOS Casamance est large: accompagnement scolaire, ateliers de lecture de contes et dessins, sorties éducatives et culturelles, cours d’alphabétisation, ateliers d’accompagnement à la parentalité. Constituée de volontaires, de stagiaires et de bénévoles, l’association est un endroit d’échange, de partage, et de solidarité.
Nous retrouvons Amadou Sylla dans les locaux de l’association: «La Goutte d’Or, où j’ai longtemps habité, m’a profondément marqué, avec sa diversité où cohabitent plus de 40 nationalités. Ici, vous découvrez des cultures que vous n’avez jamais côtoyées. Une fois, j’ai accueilli une stagiaire visiblement peu familière d’une telle mixité. Elle a pris peur et m’a demandé si elle pouvait effectuer son stage ailleurs. Mais la Goutte d’Or, c’est dynamique, il y a des initiatives formidables, des personnes engagées qui sont autant d’acteurs très déterminés. Même si parfois, en un quart de seconde, ça peut partir en vrille, j’aime arriver le matin et observer ce quartier, qui sait aussi être paisible.»
Accompagnement à la Goutte d’Or
Amadou est engagé de longue date dans la vie associative du quartier: «J’ai créé SOS Casamance en 2006, je voulais aussi garder un lien avec cette région du Sénégal, dont je suis natif. Nous proposons en priorité de l’aide aux devoirs pour les enfants, de l’alphabétisation pour les adultes et des ateliers pédagogiques (égalité femmes-hommes, discriminations, rédiger un CV, faire des démarches administratives…). L’accompagnement scolaire des enfants pose problème pour les parents, souvent d’origine étrangère et qui sont demandeurs d’aide. Ce sont les mères, qui viennent, de 14h à 16h, car elle travaillent souvent tôt le matin.»
Il reprend: «Le soir ce sont plutôt des hommes, qui n’ont pas les mêmes besoins. Afghans, Soudanais, Chinois… C’est un public varié qui désire faire des démarches ou tout simplement être capable de communiquer autour d’un café. Ils participent à des Ateliers de savoirs sociolinguistiques (ASL). La maîtrise du français devient le moyen de s’intégrer dans la société et d’être autonome dans sa vie quotidienne.»
«Nous utilisons les nouvelles technologies: nous avons créé un groupe What’s App avec tous les apprenants, pour qu’ils puissent échanger sur leurs difficultés et sur ce qui fonctionne. Nous leur conseillons d’enregistrer les cours sur leur téléphone pour les mémoriser. Ceux qui s’accrochent restent le temps de la formation, trois à quatre mois, ils progressent et arrivent à s’exprimer correctement, ça leur redonne confiance en eux.» Côté formateurs bénévoles, il faut suivre une formation dispensée par la Ville de Paris afin d’acquérir les techniques d’animation et de pédagogie nécessaires.
Un nouvel outil, la Mallette Santé pédagogique
Expérimentée par SOS Casamance et développée par l’Île aux langues, cette mallette propose des outils pédagogiques sur le thème de la santé. Elle sert de support de cours pour sensibiliser, à la fois les apprenants et les formateurs, aux différentes ressources santé sur le territoire, et sur la manière d’aborder globalement cette thématique.
De la Goutte d’Or au Sénégal
Deux jeunes des services civiques de l’association, Bastien et Sonia, œuvrent pour la construction de trois salles de classe au village de Diabir, en Casamance. «Nous voulions collaborer à une action humanitaire et partir à l’étranger», lancent-ils en chœur. Début 2018, ils partiront suivre l’avancée des travaux, bientôt rejoints par Amadou.