A la veille du procès du maire de Dakar poursuivi pour des fausses factures d’un montant de 1,8 milliard de francs, Mimi Touré ancien ministre de la Justice au moment du lancement de la traque des biens mal acquis donne son avis sur la thèse d’un procès politique.
Mme Aminata Touré, que répondez-vous à ceux qui crient au complot politique dans l’affaire Khalifa Sall?
Mimi : Il faut rappeler que de nombreux maires dont certains de l’opposition ont fait l’objet d’inspection comme le prévoit la loi.
Pour certains, il n’y a eu rien de particulier à signaler; pour d’autres, il y a eu des remontrances et des mesures disciplinaires. Je rappelle que Macky Sall, opposant au régime de Abdoulaye Wade a subi plusieurs inspections comme maire de Fatick sans qu’aucune procédure judiciaire n’ait pu être déclenchée à son encontre. Par la suite, il a fait l’objet d’une enquête pour blanchiment et là aussi, il est rentré chez lui parce qu’il n’y avait aucun fait corroborant les soupçons fabriqués. A cette époque, Macky Sall avait des ambitions présidentielles clairement assumées et affichées, mais rien n’a pu être retenu contre lui. Tout simplement parce qu’en matière de gestion, on ne peut inventer des faits délictueux qui n’existent pas.
Pourtant, il y a des voix et pas des moindres qui s’élèvent au niveau international pour soutenir la thèse du complot politique?
Mimi : Oui, l’ancien maire de Montréal a ouvert le bal il y’a quelques mois et il a lui-même été rattrapé par une affaire de pot de vin le concernant. Il y’a quelques semaines il a été remplacé lors des élections municipales. La mairie de Montréal est secouée depuis de nombreuses années par des affaires de corruption et un ancien maire qui a plaidé coupable est en prison.
Il y’a aussi la mairesse de Paris…
Mimi : J’ai aussi lu récemment dans la presse française une accusation de salaires fictifs concernant Anne Hidalgo, maire de Paris. Elle devrait plutôt se préoccuper de ces allégations graves. Donc, les donneurs de leçons feraient mieux de balayer devant leur porte. Il faut rappeler que la mairie de Paris s’est illustrée dans de nombreuses affaires de salaires fictifs et de fausses factures qui ont toutes atterri en justice. Pourquoi ce qui est valable pour la France et le Canada ne devrait pas l’être pour le Sénégal?
Quel pronostic faites-vous de l’issue du procès?
Mimi : Je n’ai pas de pronostic à faire. Il faut laisser la justice faire son travail. Les avocats de la défense défendront leur client selon les normes d’un procès juste et équitable, le procureur qui représente le ministère public, c’est à dire les citoyens, présentera ses preuves et les juges délivreront leur jugement selon leur âme et conscience.
source : Dakar Actu