À 50 ans, le nom du Pr. Gabriel Ngom est à jamais inscrit dans les annales de l’histoire médicale du Sénégal. Une consécration loin d’être évidente pour un enfant issu d’une famille modeste, parti d’un village sans électricité ni école. Seneweb dresse son portrait.
La table du bureau ressemble à un étal au marché Sandaga. On dirait un marchand tablier qui vient de sortir d’une course poursuite avec les forces de l’ordre. Et pourtant, c’est bien le bureau du professeur Gabriel Ngom, ce chirurgien émérite qui a réussi l’exploit de séparer des siamoises, fin 2018.
Quelques ouvrages sur la médecine pédiatrique, des mémoires de recherches, quelques numéros de journaux, deux bouteilles de gel de main et une multitude d’enveloppes vides jetées ça et là comme dans un bazar. A l’évidence, le professeur s’est lié d’amitié avec le désordre. « Ça était toujours comme ça depuis le lycée, mais je me retrouve parfaitement. Si j’ai besoin d’un document, je sais où est-ce que je l’ai placé », sourit-il.
Une seconde nature dont il n’est pas prêt de se départir, malgré les remarques. « À chaque fois que je passe dans son bureau, je lui demande de mettre de l’ordre. Je pense qu’il sera difficile de le changer », renchérit son grand frère, Emile Ngom.
Pour un chirurgien habitué à fouiller dans le labyrinthe du corps humain, ce n’est peut-être qu’un détail. Surtout si l’on est parvenu à séparer deux bébés aussi fragiles que des siamoises. Et qui, de surcroît, partagent des organes aussi vitaux que le foie, le sternum et le cœur.
Depuis le mercredi 19 décembre 2018, le nom du Pr. Gabriel Ngom est inscrit en lettre d’or dans les annales de la médecine sénégalaise. Certes, il n’était pas le seul intervenant, puisque de nombreux spécialistes y ont pris part, mais il n’en était pas moins le porte-étendard, en tant que chef de service pédiatrie de l’hôpital Albert Royer de Fann. Il était aussi le plus expérimenté du groupe. « J’avais déjà une petite expérience, puisque j’étais l’assistant du Pr. Mamadou Ndoye, lors de la première opération des siamoises en 2003. Ce n’est pas beaucoup, mais c’était plus que les autres pour qui c’était la première fois », marmonne-t-il, les yeux rivés sur le sol, comme s’il était gêné d’en parler.
« J’ai reçu tellement d’appels que les enfants me demandaient… »
Source : Seneweb