Le Liban s’invite encore à la Mostra d’architecture de Venise

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En période de tension sociale, économique et politique, « Comment allons-nous vivre ensemble ? », le thème choisi par le commissaire général de la Biennale de Venise 2020, le Libanais Hashim Sarkis, pour imaginer des espaces de convivialité, est plus que jamais d’actualité.

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C’est confirmé : le Liban sera en 2020 au rendez-vous international de l’architecture. L’appel à projets pour le pavillon national a été lancé par le ministère de la Culture et l’ordre des ingénieurs et architectes de Beyrouth, en présence du commissaire général de la Biennale, le Libanais Hashim Sarkis, doyen de l’école d’architecture et de planification du Massachusetts Institute of Technology (MIT).

La brèche avait été ouverte en 2018 avec la première participation nationale du Liban, avec un projet élaboré par l’architecte Hala Younès, sous le titre The Place that Remains. Le Liban officiel sera donc présent à la prochaine édition qui se déroulera du 23 mai au 29 novembre 2020, a annoncé Lynn Tehini, représentant le ministre de la Culture, Mohammad Daoud, à la conférence de presse tenue la semaine dernière au siège de l’ordre des ingénieurs et architectes de Beyrouth, en présence de Hashim Sarkis, du président de l’ordre, Jad Tabet, du doyen de l’école d’architecture et de design à la Lebanese American University (LAU), Élie Haddad, ainsi que d’un grand nombre d’architectes.

Compte tenu des divisions politiques à l’échelle mondiale et des inégalités économiques grandissantes, des exodes massifs de populations, la question se pose avec plus d’acuité aujourd’hui. « Nous avons besoin d’une nouvelle composition spatiale », a relevé M. Sarkis, appelant les architectes à imaginer des espaces à visage humain susceptibles de favoriser le vivre-ensemble. « Malgré son individualité croissante, l’être humain aspire à établir des liens avec les autres, dans l’espace numérique et réel. » Et d’ajouter avec insistance : « Ensemble, allons à la recherche des espaces de vie plus diversifiés et plus dignes ; ensemble, en tant que communautés émergentes exigeant l’équité, l’inclusion et l’identité spatiale ; ensemble, à travers les frontières politiques pour imaginer de nouvelles géographies d’association, et ensemble en tant que planète confrontée à des crises nécessitant une action globale pour que nous puissions continuer à y vivre. »

Pour ce faire, M. Sarkis recommande aux architectes de composer avec une équipe pluridisciplinaire associant académiciens, artistes, constructeurs, artisans, mais aussi hommes politiques, journalistes, sociologues ou simples citoyens. La prise en compte des pratiques et des stratifications de la société permet de parer le projet d’une dimension volontariste qui peut contribuer à modifier l’ordre dominant. L’architecture se révèle alors porteuse d’enjeux qui dépassent le cadre des formes.

Parallèlement, Hashim Sarkis exhorte les professionnels qui ont « négligé leur rôle de responsable et de gardien de l’espace » à « relever le niveau de l’architecture, au lieu de la promouvoir ; à collaborer au lieu de rivaliser ; à proposer des géographies d’inclusion plutôt que des politiques d’exclusion » ; et à partager leurs meilleures expériences au niveau national.

Pour mémoire : Pour Hashim Sarkis, Beyrouth a été bâtie au mépris de toutes les logiques urbanistiques)

Lignes de démarcations réelles et virtuelles
« Hashim Sarkis a mis le doigt sur la plaie », relève Jad Tabet, soulignant que « la guerre a transformé nos villes et nos quartiers en ghettos socio-confessionnels que l’après-guerre n’a pas réussi à enrayer. On a ainsi vu le cloisonnement de chacune des confessions et la méfiance généralisée, jusque dans l’effervescence culturelle. Ce repli identitaire dans un contexte d’inégalités ne fait qu’aggraver les divisions. S’il nous faut transmettre au monde quelque chose, on ne saurait le faire en niant cette situation, ni en s’accrochant à la rengaine du vivre-ensemble, mais en posant les questions susceptibles de nous permettre de concevoir des espaces ouverts à la pluralité des cultures et des appartenances, où l’expression des différences ne vient pas, à chaque fois, remettre en cause les bases de la convivialité ». Et M. Tabet de souligner que cet art de vivre passe par la revitalisation de l’espace public, croisement de deux dimensions, identités individuelles et collectives. L’espace commun est le médiateur à travers lequel, selon lui, il est possible de surmonter la violence qui habite notre mémoire collective. « Imaginer cet espace (ou le concevoir) constitue le principal défi pour conceptualiser le pavillon libanais », a ajouté Jad Tabet.

Qui jouera le rôle d’ambassadeur ?
L’appel à projets lancé par le ministère de la Culture et l’ordre des ingénieurs et architectes de Beyrouth s’adresse aux spécialistes inscrits à l’ordre de Beyrouth ou Tripoli. Mais aussi à des universitaires ou historiens, ou encore des artistes ayant (de préférence) une expérience de curateur. Un jury – présidé par Élie Haddad et composé des architectes Hala Younès, Chawki Fatfat, Waël Debs, Atef Mcheimech et Élie Khoury – désignera le lauréat. Les architectes ont été invités à déposer leur projet avant la date limite du 4 octobre prochain, au secrétariat de l’ordre à l’adresse suivante :carlanasr@oea.org.lb

Signalons que l’ordre des ingénieurs et architectes débloque une enveloppe de 80 000 à 100 000 euros pour doter le Liban d’un espace à l’Arsenal, un site de 25 hectares, autrefois le chantier naval et le cœur de la puissance militaire et économique de Venise. Reste toutefois que la présence du Liban à cette prestigieuse plateforme internationale est tributaire de gros mécénats.

Source : www.lorientlejour.com

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