Le Bureau de Prospective Economique, en relation avec le Groupe de recherche « Institut de l’Emergence », coordonné par Moubarack LO et Amaye Sy, publie le deuxième classement mondial des pays concernant l’émergence économique.
Ce classement, basé sur l’Indice Synthétique d’Emergence Economique (ISEME) (dit « Indice Moubarack LO de l’émergence »), se fonde sur quatre dimensions: la richesse inclusive, le dynamisme économique, la transformation structurelle et la bonne insertion dans l’économie mondiale. Il concerne 104 pays en voie de développement.
Le classement mondial 2018 est dominé par : l’Irlande, la Malaisie, la Pologne, la République Chèque et la Chine. Ils sont des pays pré-développés.
Les plus performants des pays africains, en 2018, sont, dans l’ordre: le Maroc, l’Egypte, Maurice, la Tunisie et l’Afrique du Sud. Ils se classent parmi les pays émergeants.
En 2018, le Sénégal réalise une performance moyennement satisfaisante, concernant l’indice synthétique d’émergence économique (ISEME), avec un score de 0,46 sur 1. Il se classe au 61ième rang mondial sur le total de 104 pays de l’échantillon étudié et au 10ième rang africain sur 46 pays.
Ainsi, en 2018, le Sénégal se retrouve pour la première fois dans la catégorie des pays « pré-émergeants ». Entre 2005 et 2017, il figurait parmi les pays dits potentiellement émergeants.
En poursuivant la même tendance enregistrée entre 2015 et 2018, le Sénégal rejoindrait le rang des pays émergeants en 2025 (avec un ISEME supérieur à 0,55) et serait compté parmi les pays émergés en 2035 (avec un ISEME supérieur à 0,65).
Les meilleurs scores du Sénégal sont enregistrés en 2018 dans la dimension « dynamisme économique» (tirée notamment par une forte amélioration de la croissance du PIB et un effort d’investissement relativement élevé dans la période récente) et dans la dimension « transformation structurelle » portée par la taille relativement importante de l’industrie dans lePIB comparée aux autres pays africains et en développement.
En évolution, le Sénégal signe, entre 2010 et 2018, la 7ième meilleure progression en Afrique concernant l’indice de l’émergence, avec une accélération notable à partir de 2015 (5ième meilleure progression en Afrique).
Les dimensions «dynamisme économique» et «richesse inclusive» enregistrent les plus fortes améliorations sur les deux périodes 2010-2014 et 2015-2018, bénéficiant du relèvement significatif du taux de croissance du PIB qui a atteint un rythme de 6% entre 2013 et 2018, dans le sillage de la mise en œuvre du Plan Sénégal Emergent (PSE).En 2019, le pays a maintenu ce même rythme tendanciel de 6% et devrait le dépasser, lorsque les estimations définitives seront publiées, sous l’effet de récoltes agricoles meilleures que prévues et qui n’ont pas pâti du retard dans l’installation des pluies au Nord et au Centre du pays.
En revanche, la dimension «transformation structurelle» du pays n’augmente que timidement. Elle pâtit du rythme lent de progression de la valeur ajoutée industrielle et des rendements céréaliers, couplé à une productivité relativement faible dans le secteur manufacturier.
La dimension «insertion dans l’économie mondiale» du pays enregistre une légère remontée entre 2015 et 2018, qui ne compense toutefois pas la forte baisse connue entre 2010 et 2014. En effet, le Sénégal a augmenté, entre 2015 et 2018, ses parts de marché (avec notamment le rebond des ventes de phosphateet d’acide phosphorique) et accru sa présence sur les marchés mondiaux de la manufacture à technologie d’intensité moyenne, tout en diversifiant ses produits d’exportations (avec notamment l’exploitation de l’or, du sable titanifère et de nouveaux produits agro-alimentaires, et bientôt du pétrole et du gaz). Toutefois, le pays peine à se déployer dans le segment des produits à haute technologie, courant le risque d’être piégé dans «la trappe des pays à revenus intermédiaires».
En définitive, le Sénégal devra, pour les prochaines années, s’évertuer à améliorer fortement sa compétitivité structurelle, afin d’attirer des investissements dans les industries manufacturières et les services de moyenne à haute technologie. Il pourra ainsi atteindre, sur la décennie 2020-2030, des taux de croissance du PIB proches durablement de 10%, permettant de doubler le revenu intérieur par tête en dix ans.
Il lui faut enfin accélérer le développement de la productivité toujours faible dans le secteur agricoleet rural (en effectuant un ciblage méthodique et efficace des investissements publics vers ce secteur)ainsi que des créations d’emplois décents dans le secteur formel, de manière à renforcer le caractère inclusif de la croissance économique accélérée.
source : Dakar Actu