Le comité de pilotage du futur musée du mouridisme a fait face à la presse hier pour présenter le projet de construction de cet édifice qui, en plus de refléter les valeurs spirituelles de cette communauté, sera un espace de mémoire, une œuvre de son temps et de l’avenir.
Un projet gigantesque à l’image de l’œuvre de Cheikh Ahmadou Bamba ! Le musée du mouridisme, dont la pose de la première pierre est prévue prochainement, sera l’un des plus grands joyaux de la communauté mouride. Patrimoine du Sénégal et de l’Afrique, il va concentrer les objets patrimoniaux de Serigne Touba, de ses fils et de l’ensemble de sa communauté. Cette infrastructure symbolisera les valeurs spirituelles du mouridisme. Dans un contexte où l’image de l’islam souffre destéréotypes dans certaines parties du monde, il servira de viatique à la jeunesse et à la postérité. La première étape de ce projet a été déjà finalisée grâce au concours de plusieurs experts dont le Professeur Hamady Bocoum, Directeur du Musée des civilisations noires, de Pr El Hadji Malick Ndiaye, Conservateur du musée Théodore Monod, et de plusieurs professeurs d’université.
Une deuxième phase, a souligné Dr Matar Ndiaye, président de la commission scientifique, sera axée sur l’inventaire de l’ensemble des collections de Serigne Touba. «Nous avons identifié des lieux qui nous permettront d’accéder à ces collections et de faire le fameux catalogue qui aidera à visualiser ce que doit contenir l’architecture», a-t-il indiqué. Parmi les lieux ciblés figurent Keur Gou Mag à Diourbel où le saint homme a passé de nombreuses années et Beyti à Touba, considéré comme un «endroit stratégique où il est possible de collecter et de promouvoir un travail d’inventaire». Il s’agit, selon M. Ndiaye, d’objets qui n’ont jamais été présentés au public. Ce projet de musée est mené sous le «ndigël» (recommandation) de Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, Khalife général des Mourides. Pour le coordonnateur du comité de pilotage, Serigne Chérif Mbacké Falilou, l’infrastructure, une fois réalisée, servira à revisiter l’œuvre de Serigne Touba, l’histoire du mouridisme à travers la calligraphie, l’habillement, les langues nationales… Même si la date de la pose de la première pierre n’est pas encore connue, le projet est bien avancé.
Inventaire des collections du Cheikh
Dans le contenu du musée, au-delà des objets patrimoniaux, les travaux qui ont été réalisés par Serigne Touba y seront exposés à travers une exposition permanente, laquelle, note Dr Matar Ndiaye, va s’orienter sur les collections de Cheikh Ahmadou Bamba, sa vie et sa biographie ainsi que tout ce qui a été écrit sur lui. En outre, l’érection d’un musée virtuel au sein de cette œuvre de mémoire permettra de faire la jonction géographique de l’ensemble des lieux symboliques du mouridisme, c’est-à-dire les endroits où le guide religieux a séjourné. Contrairement à plusieurs musées du monde, celui de la communauté mouride va accueillir tous les publics. «Nous allons dénaturer ces stéréotypes qui consistent à penser que le musée est exclusivement dédié aux élites. Ce sera un musée proche du public où l’on permettra à chacun de donner ses idées pour renforcer notre orientation», précise le président de la commission scientifique. Le comité de pilotage souhaite que cette œuvre ne soit pas seulement centrée sur le passé. Il veut un musée présent et futur pour ne pas être à l’écart des transformations sociales. Ce faisant, il va intervenir «à partir des enseignements de Serigne Touba pour proposer à la société sénégalaise, africaine et mondiale» des solutions aux fléaux des temps modernes.
Le musée sera érigé sur près de 2 hectares
Le musée du mouridisme sera érigé à Touba, sur une superficie de près de 20.000 mètres carrés. D’après l’architecte Malick Mbow, 19.500 m2 sont prévus pour abriter les différents bâtiments. Le département dédié à Serigne Touba occupera 5.000 mètres carrés et celui des khalifes 2500. D’autres espaces sont prévus dont celui de l’exposition commune, de l’administration et des locaux techniques. L’aspect écologique a été aussi pris en compte pour la réalisation de ce projet car il s’agit, comme l’a précisé l’architecte, d’un musée qui doit évoluer dans son temps et qui va beaucoup compter dans l’histoire du mouridisme.
Ibrahima BA – Le Soleil