Kirk Douglas, monstre sacré d’Hollywood, est mort

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L’un des derniers géants d’Hollywood, s’est éteint à l’âge de 103 ans. Né le 9 décembre 1916, il incarnait l’image du héros américain. Une légende à la hauteur de son personnage de Spartacus, qu’il interprétait dans le film du même nom de Stanley Kubrick (1960).

Kirk Douglas en colonel justicier dans «Les Sentiers de la gloire» de Stanley Kubrick (1957). Rue des Archives/©Rue des Archives/RDA
Kirk Douglas en colonel justicier dans «Les Sentiers de la gloire» de Stanley Kubrick (1957). Rue des Archives/©Rue des Archives/RDA

L’acteur Kirk Douglas, icône de l’âge d’or hollywoodien qui incarnait l’image du héros américain, est mort mercredi à l’âge de 103 ans, a annoncé son fils Michael Douglas. «C’est avec une immense tristesse que mes frères et moi vous annonçons que Kirk Douglas nous a quittés aujourd’hui à l’âge de 103 ans. Pour le monde, il était une légende, un acteur de l’âge d’or du cinéma (…) mais pour moi et mes frères, Joel et Peter, il était simplement papa», écrit Michael Douglas sur sa page Facebook. «Kirk a eu une belle vie et il laisse derrière lui des films pour les générations à venir, et le souvenir d’un philanthrope reconnu qui a oeuvré pour le bien public et la paix dans le monde», poursuit l’acteur.

De sa célèbre fossette à son regard perçant et son corps musclé, Kirk Douglas est né avec Hollywood, a grandi en noir et blanc, s’est battu en couleur ; il était le dernier héros de l’âge d’or hollywoodien.

Pourtant rien ne le prédestinait à devenir une légende du 7e art. «Je vais encore de l’avant parce que je sais d’où je viens», avouait ce fils d’une famille d’immigrants d’origine russe, qui a fui les pogroms. Né le 9 décembre 1916, Issur Danielovitch Demsky a grandi sur Amsterdam Avenue, à New York. Avec ses six sœurs, il connaît très tôt l’injustice et la misère. Autant d’épreuves gravées sur son visage taillé au couteau. Issu de parents analphabètes, il se trouve un exutoire: la lutte.

Le rêve hollywoodien, au bout des poings

Et c’est grâce à la force de ses poignets que «le fils du chiffonnier» décroche une bourse à la St Lawrence University, où il devient champion dans cette discipline. Kirk rentre ensuite à la prestigieuse American Academy of Dramatic Art.

Tout s’accélère pour lui au début des années 40. En 1941, diplôme en poche, il devient figurant à Broadway, puis s’engage, un an plus tard, dans la marine. En 1943, il se marie avec sa première femme, la comédienne et mannequin Diana Dill. Et devient père de Joel et d’un certain Michael. Démobilisé, Kirk Douglas retrouve les planches de Broadway, où il reprend successivement deux rôles créés par Richard Widmark.

C’est finalement par l’intermédiaire de l’actrice Lauren Bacall que les portes d’Hollywood s’ouvrent à lui. Sa camarade de l’American Academy of Dramatic Art, a parlé de lui au puissant producteur Hal Wallis, qui l’engage dans L’Emprise du crime (1946). Très vite, les rôles qu’il incarne dans les années 50 ont une identité commune: des personnages abjects et marqués par la vie. Une identité qui éclate avec Champion (1949), dans lequel il interprète le rôle prédestiné d’un boxeur. Dirigé par Mark Robson, le film lui vaut sa première nomination à l’Oscar du meilleur acteur. Une célébrité gagnée avec ses poings.

L’incarnation du héros américain

Après avoir manqué de peu le rôle de Ben Hur, c’est finalement en Spartacus que Kirk Douglas assoit sa notoriété. © Bettmann/CORBIS
Après avoir manqué de peu le rôle de Ben Hur, c’est finalement en Spartacus que Kirk Douglas assoit sa notoriété. © Bettmann/CORBIS

Avec son physique avantageux, et ses rôles de personnages de western ou de militaires courageux, Kirk Douglas s‘érige en héros mythique du cinéma américain. Nous vient l’image du cow-boy moustachu aux cheveux gominés et à la lame meurtrière dans Règlement de comptes à O. K. Corral (1957), ou de son rôle de guerrier aux muscles saillants et à la gueule balafrée dans Les Vikings de Richard Fleischer sorti en 1958. C’est finalement avec le péplum Spartacus (1960), réalisé par Stanley Kubrick qu’il devient le symbole du héros hollywoodien.

Mais derrière sa force apparente, une grande sensibilité transparaît aussi dans ses rôles. On se souvient de cette scène dans Vingt mille lieues sous les mers (1954) où le personnage de Ned Land, harponneur et musicien à la marinière rouge et blanche, chante pour motiver son équipage. Ou de la tendresse de l’artiste néerlandais dans La Vie passionnée de Vincent van Gogh de Vincente Minelli (1956).

Côté récompenses, s’il est nommé en 1956 pour l’Oscar du meilleur acteur dans Les Ensorcelés et La vie passionnée de Vincent Van Gogh, il n’obtiendra la fameuse récompense qu’en 1996, pour couronner un demi-siècle de cinéma:

Kirk faisait aussi preuve d’un caractère bien trempé. Dès ses débuts, il est considéré comme ayant, selon ses propres mots, «la réputation d’un acteur difficile» et souhaite se tailler des rôles sur mesure. En 1955, il devient producteur avec L’Or des Sioux, d’André De Toth. Sa société, la Bryna, produit également Les Sentiers de la gloire (1957), de Kubrick et Les Vikings.

Un caractère de grand séducteur aussi. L’acteur aura de nombreuses aventures avec les grandes actrices d’Hollywood: Marlene Dietrich, Gene Tierney ou Lana Turner. Après avoir divorsé avec Diana Webster en 1951, il épouse, trois ans plus tard, la Belgo-Américaine Anne Buydens. L’amour de sa vie avec qui il aura deux fils: le producteur Peter Vincent Douglas, et l’acteur Eric Douglas, mort en 2004 d’une overdose.

Kirk, l’immortel

La vie de Kirk Douglas est un scénario à l’américaine. Un siècle d’existence traversé par des événements qui auraient pu lui ôter la vie. Le plus traumatisant a sans doute été ce crash d’hélicoptère en 1991. L’accident fait deux morts et quatre blessés, dont Kirk. L’acteur, alors âgé de 75 ans, s’en sort miraculeusement avec des brûlures et le dos cassé.

Cinq ans plus tard, il est victime d’un accident vasculaire cérébral qui lui paralyse la moitié du visage et le prive de la parole. Pendant des mois, il suit une thérapie du langage et parvient à sortir du silence. Il décide alors de mettre de côté le cinéma pour la plume. Après ses Mémoires, Le Fils du chiffonnier, écrites en 1988, il signe La Danse avec le diable (1991) ou encore Dernier tango à Brooklyn (1994). «Je ressens la même excitation en commençant un roman que celle que j’ai ressentie quand j’ai débuté comme acteur», confiait-il.

Si ses derniers films n’ont pas recueilli un grand succès, Kirk Douglas aura réussi à réaliser un de ses souhaits les plus chers: jouer avec son fils Michael et son petit-fils Cameron dans Une si belle famille sorti en 2003Celui qui, en 2016, fêtait son centenaire, a désormais rejoint les immortels du 7e art.

En 2009, il réalisait le one-man-show Before I Forget (Avant que j’oublie):

Les 10 films qui ont marqué la carrière de Kirk Douglas:

– La vallée des Géants (The Big Trees) en 1952 de Felix E. Feist

– Vingt mille lieues sous les mers (20.000 Leagues Under the Sea) de Richard Fleischer en 1954, adapté du roman de Jules Verne

– Ulysse (Ulisse) de Mario Camerini en 1954

– La Vie passionnée de Vincent van Gogh (Lust for Life) en 1956 de Vincente Minelli

– Règlement de comptes à O.K. Corral (Gunfight at the O.K. Corral) de John Sturges en 1957

– Les Sentiers de la gloire (Paths of Glory) de Stanley Kubrick en 1957

– Les Vikings (The Vikings) de Richard Fleischer en 1958

– Spartacus de Stanley Kubrick en 1960

– Première Victoire (In Harm’s Way) d’Otto Preminger en 1965

– Paris brûle-t-il? de René Clément en 1966

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