L’OMS parle d’une « très grave menace pour le monde » et beaucoup d’informations anxiogènes circulent chaque jour, avec des études parfois contradictoires sur l’incubation, la contagiosité, la transmission de la maladie. Finalement, que sait-on vraiment à ce stade ? Petite revue de détail.
« Dans cette épidémie, on n’a pas encore de certitudes », confient des spécialistes que nous avons joints. « On apprend tous les jours, au gré des constats cliniques et des publications produites par les chercheurs et les équipes médicales en lien avec des patients touchés« . Depuis la fin décembre, les nombreuses études chinoises publiées permettent effectivement de lever progressivement le voile sur cette maladie émergente qu’est le nouveau coronavirus (désormais officiellement appelé « COVID-19 »). Si les chercheurs ne peuvent pas encore se prévaloir de certitudes formelles, il existe de vraies pistes, autour de plusieurs questions-clés.
Est-on contagieux avant l’apparition des symptômes ?
A priori, non. D’ailleurs, comme le virus se transmet en partie par la toux, c’est quand les symptômes sont là que le malade peut transmettre. Mais quelques cas rapportés montrent une contagiosité possible un peu avant la survenue des signes fébriles, le jour qui précède. Des cas trop rares pour en tirer une conclusion, mais qui laissent l’hypothèse ouverte.
Quel niveau de contagion ?
Globalement, on sait qu’un malade peut contaminer 2,5 personnes en moyenne (c’est ce qu’on appelle le « R zéro »). 2,5, c’est plus que la grippe, équivalent au SRAS, mais beaucoup moins que la rougeole par exemple. On suppose malgré tout que certains malades, des « super propagateurs », peuvent contaminer plus de monde, à l’instar du Britannique contaminé à Singapour, qui a ensuite transmis le virus à une dizaine de personnes, en France puis en Grande-Bretagne.
La durée d’incubation tourne autour de 3 à 5 jours. Les cas rapportés récemment par des experts chinois d’une incubation de 24 jours sont pris au sérieux mais méritent approfondissement et pourraient n’être qu’exceptionnels.
Quels modes de transmission ?
Le virus se transmet essentiellement par voie respiratoire et par contact physique, via les gouttelettes de salive expectorées quand le patient tousse ou éternue. Il faut un contact rapproché, à moins d’un mètre. D’où l’importance de ce qu’on appelle « les mesures barrières »: se laver les mains souvent, tousser ou éternuer dans le creux de son coude ou dans un mouchoir, porter un masque si on est malade.
La transmission par voie fécale a été évoquée aussi, car certains patients ont des diarrhées et on a retrouvé du coronavirus dans leurs selles, mais pour Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l’Institut Pasteur, cette hypothèse parait malgré tout peu probable. « Avec le SRAS, on retrouvait aussi du virus dans les selles, mais on n’a pas constaté de transmission via les selles, donc dans l’état actuel de nos connaissances, ça semble ici aussi un vecteur marginal », explique-t-il.
Le retour du printemps peut-il stopper l’épidémie ?
L’arrivée du printemps pourrait-elle mettre fin à l’épidémie ? Les coronavirus sont souvent saisonniers, liés plutôt à des températures froides, mais le MERS du Moyen Orient en est un aussi et se transmet dans des pays secs et chauds. L’hiver et le confinement des personnes chez elles peut favoriser la transmission de la la maladie : on reste chez soi au lieu d’aller dehors, le virus se transmet d’autant mieux. Il n’y a toutefois pas d’hypothèse sur la chaleur, à ce stade, même si le SRAS, en 2003, s’était éteint au mois de juin.
Quelle mortalité ?
Le virus serait plus mortel que la grippe, mais beaucoup moins que le SRAS ou le MERS. À l’heure qu’il est, on situe le taux de létalité à moins de 2% (contre près de 10% pour le SRAS). Mais il y a une marge d’incertitude. Car connait-on réellement tous les cas, et tous les morts liés au virus ?
Cette question des cas « occultes » (des patients porteurs du virus mais sans symptômes, pas testés donc pas comptabilisés, et qui peuvent contaminer sans le savoir), c’est l’inquiétude aujourd’hui de l’Organisation mondiale de la santé, qui veut absolument éviter la propagation de la maladie dans des pays pauvres qui auraient du mal à l’identifier et à la gérer. « Un petit nombre de cas pourrait être l’étincelle à l’origine d’un plus grand incendie », a averti ce mardi le numéro 1 de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
source : France Inter