« Nous n’avons pas encore de chantiers reportés. Mais cela risque d’arriver. » C’est Mariano Pasut, secrétaire général de la Capeb du Morbihan qui l’affirme auprès de Batiactu. Sur le terrain, les effets concrets du coronavirus, notamment dans les zones les plus touchées par l’épidémie, commencent à se faire sentir. Premier effet identifié : l’obligation pour certains salariés de rester chez eux pour garder leurs enfants suite à la fermeture des écoles. Ces derniers bénéficient alors exceptionnellement d’un arrêt-maladie. « Les métiers de la métallerie-serrurerie sont particulièrement impactés par le fait qu’ils disposent d’un point de vente avec leurs clients, ils nous ont dit que depuis deux semaines ils déploraient une chute extrêmement forte de la fréquentation », observe Mariano Pasut. Lorsqu’il n’y a pas de points de vente, c’est parfois le nombre de coups de fil journaliers qui diminue, notamment dans les métiers du dépannage, ou de la maintenance (panneaux photovoltaïques, équipements de chauffage ou de climatisation).

Décalages au niveau des livraisons

C’est à la suite de notre appel à témoignages sur les effets concrets du coronavirus dans le secteur du bâtiment qu’Anthony Isabey, patron de la société Imagine vert, basée dans la région de Besançon, a souhaité témoigner pour Batiactu (continuez à nous transmettre vos témoignages à l’adresse redac.batiactu@batiactugroupe.com). Cette TPE de 6 salariés spécialisée dans les travaux paysagers déplore des difficultés d’approvisionnement. « Des dalles céramiques que nous utilisons pour les terrasses et des végétaux passent par l’Italie, ou y sont produits, et je n’ai toujours pas été livré d’une commande que j’ai pourtant passée il y a plus d’un mois », sachant que le temps normal d’une livraison est d’une semaine environ. « Certains micro-composants et éléments liés à la motorisation de portails, pour beaucoup fabriqués en Chine, font également défaut », complète le chef d’entreprise auprès de Batiactu.

Votre activité est-elle impactée par le coronavirus ? Envoyez-nous vos témoignages
Si votre activité est impactée d’une manière ou d’une autre par les conséquences de l’épidémie de coronavirus, n’hésitez pas à nous faire parvenir votre témoignage à l’adresse : redac.batiactu@batiactugroupe.com

Un constat partagé par Patrick Liébus, président de la Capeb, également joint par nos soins. « Dans le secteur de la climatisation, les produits n’arrivent pas, ou sont en retard, car le plus souvent fabriqués en Chine », nous explique-t-il. « Au niveau des matériels, nous disposons de quelques stocks, et de nombreux matériaux de construction sont produits au sein de l’Union européenne. Mais il suffit parfois qu’un seul petit composant manque pour bloquer la mécanique d’un chantier. »

« Les sociétés qui travaillent dans la maintenance des Ephad ne peuvent plus travailler »

Certains artisans en activité sur des segments bien précis peuvent davantage ressentir les conséquences de l’épidémie que d’autres. C’est le cas pour les entreprises qui travaillent avec de nombreux Ephad, aujourd’hui sanctuarisés pour protéger leurs occupants. De la même manière, des clients particuliers d’un certain âge peuvent refuser de recevoir la visite d’un professionnel par crainte de contagion.

Paiement des charges : « Nous allons trouver une solution »

Quid de la dimension économique et financière, au vu d’une période qui s’annonce peu porteuse ? Les pouvoirs publics ont réagi rapidement en proposant aux entreprises de repousser le paiement des charges, sujet sur lequel « nous allons trouver une solution », assure Patrick Liébus. Anthony Isabey, artisan, s’inquiète lui, de devoir payer une addition trop salée dans un mois ou plus, en cas de report, alors que son activité dans son entreprise aura été nulle. Mariano Pasut (Capeb Morbihan) invite de son côté les artisans à aller voir leur banquier le plus tôt possible, avant que des difficultés de trésorerie ne se fassent jour.

« J’appelle chacun à garder son calme et à faire preuve de responsabilité en suivant les consignes de santé », conclut Patrick Liébus.

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