« On a une espèce d’utopie de croire qu’on peut éviter les choses », réagit le président de l’Association des médecins hospitaliers de France.
« On savait que ça allait arriver », réagit sur franceinfo dimanche 22 mars Patrick Pelloux, médecin urgentiste et président de l’Association des médecins hospitaliers en France, quelques heures après l’annonce du décès d’un médecin hospitalier, par le ministre de la Santé, Olivier Véran, sur LCI.
« On a une espèce d’utopie de croire qu’on peut éviter les choses, quand on travaille, on met des tas de protections, on se dit que ça ne sera pas pour nous, mais c’est vrai qu’on savait que ça allait arriver », indique Patrick Pelloux. « On avait vu ce qui s’était passé en Chine avec la mort du médecin lanceur d’alerte, on avait aussi des informations par nos collègues d’Italie », liste le médecin.
On avait déjà eu autour de nous des infirmières, des aides-soignants, des ambulanciers, des réanimateurs, des urgentistes, qui étaient tombés malades, mais à chaque fois ils étaient du bon côté de l’évolution de la maladie.à franceinfo
Patrick Pelloux rappelle cependant que « dans 80% des cas, on arrive à s’en sortir ».
« Les malades sont beaucoup plus graves que ce qu’on nous avait dit »
Pour Patrick Pelloux, les soignants vivent actuellement une situation « très difficile » et ne savent « pas comment va évoluer l’épidémie dans les prochains jours ». « On essaie à la fois de rassurer la population depuis des semaines pour leur dire qu’on va faire face, et en même temps on constate sur le terrain que les malades qui arrivent ne sont pas si vieux que ça, ils sont beaucoup plus graves que ce qu’on nous avait dit et ça nous pose vraiment beaucoup question », indique-t-il.
Patrick Pelloux juge que « le confinement a un intérêt, il ralentit la transmission, mais il faut qu’il soit beaucoup plus respecté que ce qu’il est ». Il n’appelle toutefois pas à un confinement total :
Si on arrête le pays, on arrête les hôpitaux et on ne soigne plus, ce qui n’est pas possibleà franceinfo
Il réclame plutôt « un dépistage plus systématique » : « Il faut qu’on reparte sur une grande campagne de dépistage pour repérer les personnes malades et les isoler ». Il dénonce « une très grande inégalité sur les tests » : « Ils ont souvent été mis à disposition des centres hospitalo-universitaires, mais les hôpitaux généraux n’en ont pas et si vous avez des patients dans des Ehpad ou des centres de rééducation, c’est encore plus difficile », regrette le médecin urgentiste. Patrick Pelloux souhaite ainsi que commencent « les traitements, dont celui avec la chloroquine ».